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Bassens se lance dans le high-pro
Avec un investissement de 32 M€, le groupe Saipol vient d’installer le premier complexe de production français de tourteaux de tournesol à haute teneur en protéines sur son site de Bassens. Découverte en avant première.



Jusqu’ici, en tourteaux de tournesol, Saipol ne produisait que du low-pro (pailleux) sur ses sites de Sète et Bassens, et du mid-pro sur Lezoux (semi-décortiqué). Après avoir acquis, il y a trois ans, la société Expur en Roumanie, le groupe a décidé de se lancer dans la production de tourteaux de tournesol high-pro à Bassens. « Cela a un peu été le déclic, car ils produisaient là-bas des tourteaux de tournesol à 35-36 % de protéines. Nous utilisons plus ou moins leurs technologies », a expliqué Alain Brinon, directeur général de Saipol, lors de l’assemblée générale de Qualimat Sud-Ouest, le 7 juin. Le triturateur a donc investi 32 M€ dans le but de « produire un tourteau de tournesol à haute teneur en protéines pour les élevages du Sud-Ouest (volailles et palmipèdes) ».
Réduire les importations de tourteaux high-pro
En 2012, les importations françaises de high-pro se sont affichées à 630.000 t. « Elles ont explosé ces dernières années, notamment en provenance de la zone mer Noire », avance Benjamin Jasserand, trader en tourteaux chez Saipol. En 2014, le site de Bassens espère produire 150 à 180.000 t de tourteaux high-pro pour approvisionner un marché local. Le seul facteur limitant du tourteau de tournesol est sa teneur en fibres. Or, justement, l’intérêt du décorticage est de diminuer la fibre et de concentrer la protéine. « L’objectif de Saipol est d’être dans 95 % des cas au-dessus de 36 % de protéines », ajoute-t-il. La difficulté va être de trouver des graines en volume suffisant et de bonne qualité pour arriver à ce type de produits. À savoir que le taux de protéines varierait beaucoup plus en tournesol qu’en colza, notamment sur le tournesol oléique.
Le nouveau complexe est composé d’un atelier de décorticage sur 6 étages, soit 32 m de haut ; et de silos pour le stockage des coques de tournesol. Une chaudière biomasse fournit la vapeur nécessaire au fonctionnement de l’ensemble du site industriel via la combustion des coques de tournesol. Cela permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre du site de 40.000 t équivalent CO2 par an.
Un process optimisé entre teneur en huile et protéines
Première étape: le nettoyage. « Nous visons moins d’1 % d’impuretés », explique Stéphane Campiglia, ingénieur stockage et décorticage. Ensuite, les graines sont séchées, afin de rendre la coque plus cassante et de moins abîmer l’amande à l’intérieur. « Nous passons d’environ 8 à 6,5 % d’humidité. » Pas moins de 20 décortiqueurs tournent en même temps, avec, à terme, un objectif de 2.700 t par jour. La séparation des coques et des amandes va se faire en deux temps, sur 10 tamis, avec une séparation dimensionnelle puis densimétrique. Les amandes partiellement décortiquées, avec une teneur de 55 % de matières grasses et de 18 % de protéines partent à la trituration.
En ce qui concerne les coques, « l’objectif est bien de minimiser les pertes en huiles. Nous voulons avoir moins de 4,8 % de matières grasses dans les coques, sachant qu’il y a 3 % de matières grasses propre à la coque. » En effet, « si l’on privilégie trop la teneur en protéine, on perd trop d’huile, et ce n’est plus rentable économiquement, explique Xavier Aznarez, directeur du site industriel Saipol de Bassens. Il faut trouver le juste équilibre. » Les coques sont granulées avant d’être stockées pour économiser de l’espace, et seront rebroyées avant d’être envoyées à la chaudière. « À pleine capacité, nous produirons 21 t/h de coques. Nous enverrons 7 t/h à la chaudière et 14 t/h à la granulation », précise Stéphane Campiglia.
Un rendement de plus de 85 % pour la chaudière
Une des spécificités de la chaudière du site de Bassens est sa chambre torsionnelle : la coque de la graine de tournesol est brûlée en suspension, ce qui évite de vitrifier la silice contenue dedans. Les fumées sont récupérées dans une chaudière à tubes d’eau, qui peut produire 45 t/h de vapeur à 20 bar. Par ailleurs, « alors que beaucoup de chaudières biomasse ont un rendement de moins de 70 %, la nôtre est normalement garantie à plus de 85 % ». Les cendres des coques sont valorisées en tant qu’amendement agricole.
Trois silos, dont deux nouveaux, permettent d’accueillir 3.500 t de granulés de coques. « À pleine capacité d’usine, cela ne représente que deux semaines d’activité avec la chaudière qui tourne, donc nous devrons adapter nos campagnes, ou trouver des solutions de stockage extérieures », remarque Stéphane Campiglia.