Avril lance une huile inédite au Maroc
Produire 20 % des besoins marocain en tournesol
Une relance de la production oléagineuse est menée au Maroc par Avril, qui annonce la mise en marché inédite d'une huile à base de tournesol, colza et soja. Il voit dans le Maroc un débouché pour le tournesol et le colza français, ainsi qu'une porte d'entrée vers le prometteur marché africain.
Produire 20 % des besoins marocain en tournesol« Après une première récolte de 15.000 t de graines de tournesol en 2014, le double est attendu en 2015 », a déclaré Samir Oudghiri Idrissi, DG de la filiale Lesieur Cristal, le 21 mai devant la presse. Avril développe la production locale dans le cadre du plan Maroc vert mené par le gouvernement. Objectif : 230.000 t de graines en 2020 (20 % des besoins du pays). « Notre action au Maroc illustre de manière emblématique la stratégie de croissance du groupe », a expliqué le gérant Jean-Philippe Puig, pour « valoriser tous les maillons de la chaîne ». En 2014, Lesieur Cristal a innové en lançant une huile à base de tournesol et colza. « Il s'agit d'initier le consommateur à une nouvelle graine et de préparer l'arrivée de la production agricole locale », a indiqué S. O. Idrissi. En cas de succès, l'intérêt pour Avril est de compléter l'approvisionnement par des achats en France. Le Maroc couvre l'essentiel de ses besoins en huile via des importations de soja. « C'est un débouché potentiel pour nos graines », a souligné J.-P. Puig. Mais l'implantation sur place découle d'une approche plus originale. « Quand l'opportunité de reprise de Lesieur Cristal s'est présentée, on a défendu un projet de filière. L'État marocain a été sensible à notre engagement de développer les cultures oléagineuses. » Lesieur Cristal lui a été racheté en 2012, par le biais d'une coentreprise entre Avril et Castel, qui détiennent 41 % du capital.
Une filière oléicole intégréeLa relance de la filière oléagineuse repose sur un accord signé en 2013 entre l'interprofession Foléa et le ministère de l'Agriculture. Quelque 127.000 ha sont visés à l'horizon 2020, dont 85.000 ha de tournesol, 42.000 ha de colza. Un GIE industriel est chargé de la transformation, impliquant Lesieur Cristal (2/3) et Belhassan (1/3). « Les agriculteurs marocains, qui ont produit jusqu'à 150.000 t de graines de tournesol (années 90), se sont détournés de la culture. Ils la jugeaient trop peu rentable, à cause des rendements trop faibles, de la compétition des autres graines, d'une filière désorganisée », a souligné S.O. Idrissi. Des incitations sont mises en place, comme la mise à disposition de semences issues de la recherche française pour tripler les rendements, d'une assurance climatique, l'engagement d'achat de la récolte. L'implantation au Maroc a permis à Avril de mettre un pied sur ce « marché gigantesque », a insisté J.-P.Puig, dont l'ambition est de faire de l'Afrique subsaharienne le « terrain de jeu » du groupe.