Rosario
Au cœur du complexe oléagineux argentin
Près de 40 % des grains de l’Argentine sont produites dans un rayon de 300 km autour de Rosario. C’est avec Necochea et Bahia Blanca, l’un des trois ports exportateurs situés à proximité de Buenos-Aires. Véritable plaque tournante du commerce de céréales, la vitalité de la bourse et de ses 150 courtiers témoigne des affaires qui s’y traitent et de l’intense trafic généré par le port.



« Dieu nous a aidés en mettant la production de grains au plus près des ports ! », lançait Julio A. Calzada, directeur des études économiques de la bourse de commerce de Rosario à un groupe de journalistes français voici quelques semaines1. Le port de Rosario est la plaque tournante du commerce argentin des grains. « 40 % du volume total de grains de l’Argentine sont produits dans un rayon de 300 km autour de la ville », ajoutait-il. La ville la plus peuplée et la plus importante de la riche province de Santa Fe, compte 1,3 million d’habitants. Située à environ 300 km au nord-ouest de la capitale argentine au bord du Rio Paraná, elle vit au rythme du soja et du maïs.
Seuls 10 mètres de tirant d’eau
Au milieu de ce corn belt argentin, Rosario est au « cœur d’un complexe oléagineux considéré comme le plus important au monde », selon Julio A. Calzada. Cargill, Molinos Rio de la Plata et Louis Dreyfus Commodities sont les trois plus gros opérateurs de la place. Sur 65 km de rives du fleuve, treize fabricants d’huiles et sept de farines de soja sont implantés de part et d’autre de la ville. Ils exportent 78 % du total des graines, huiles et farines du pays (58 Mt/an).
Mais le tirant d’eau du fleuve (10 m) ne permet pas de charger plus de 44.000 t sur un Panamax. Une fois remplis, les bateaux redescendent donc le long de la côte atlantique et finissent de se remplir dans les ports de Necochea et de Bahia Blanca qui offrent des tirants d’eau de 14 m.
Direction la bourse de commerce des grains
A la bourse du commerce de céréales de Rosario coexistent deux marchés distincts : le seul marché physique de grains du pays où transite environ 50 % de la production nationale de soja et le Rofex (marché à terme), dont les règles de fonctionnement sont identiques aux nôtres (voir photos). Créée en 1929 avec comme seuls produits le blé, le maïs et le lin, elle témoigne aujourd’hui de l’influence de Rosario dans le commerce argentin des grains. Les tableaux lumineux sont connectés directement avec la bourse de Chicago en temps réel. Les valeurs sont exprimées en dollar par boisseau ou en dollar par tonne. « Ici, on vend tous les grains à l’exclusion des sous-produits, mais aussi de l’or, du pétrole... Et, depuis 2013, des bovins sur le marché à terme. On réfléchit à la vente de produits laitiers », expliquait Juan Carlos Campana, courtier en céréales.
Sur ce marché transite environ la moitié de la production nationale argentine (25 Mt). Un pays dont la “soja dépendance” ne fait que se renforcer.
(1) L’Association française des journalistes agricoles a organisé un voyage d’études en Argentine début novembre.
Dans un prochain article, focus sur le port de San Lorazo, situé aux portes de la ville et propriété de l’Association des Coopératives d’Argentine