Aller au contenu principal

Apports des nouvelles méthodes d'ingénierie génétique à la création variétale en blé tendre

Les nouveaux outils d'édition génomique sont en mesure d'accélérer, à moindre coût, la sélection variétale en blé tendre. Encore faut-il que la réglementation s'adapte et que la société accepte ces nouvelles variétés.

« Le Consortium international de séquençage du génome du blé, initié par l'Inra en 2005, va publier d'ici la fin de l'année la séquence de l'ensemble du génome du blé tendre, qui est six fois plus volumineux que celui du maïs », se réjouit Pierre Barret, directeur adjoint de l'UMR Génétique, diversité et écophysiologie des céréales et responsable de la plate-forme de transgénèse du blé à l'Inra. Ce sont les nouvelles méthodes d'ingénierie génétique, basées sur l'utilisation d'enzymes (méganucléase, nucléase à doigts de zinc, Talen et, depuis quatre ans, Crispr/Cas) qui ont rendu possible ce travail titanesque. « C'est une étape primordiale pour que le blé tendre reste compétitif face au maïs, au soja ou au riz, déjà séquencés, mais ce n'est pas une fin en soi, explique le chercheur. Il faut comprendre comment ses gènes fonctionnent et interagissent pour améliorer les variétés. » Seul un millier de gènes du blé tendre sont précisément connus sur les quelque 100.000 composant son génome.

Un coût accessible à tous

Les nouvelles technologies, qui permettent en une manipulation d'inactiver ou de modifier un gène voire d'introduire un transgène à un endroit précis du génome, ouvrent des possibilités illimitées en termes de création variétale. D'autant que leur coût est dérisoire. « Le prix d'une manipulation par méganucléase s'élève à 300.000 € pour descendre à 20 € par Crispr/Cas », a indiqué Fabien Nogué, directeur de recherche à l'Inra, lors du colloque de l'AFBV à Paris en septembre. En comparaison, « mettre un OGM sur le mar-ché à l'échelle mondiale représente un investissement de 100 M€, dont seulement 10 M€ relèvent de la création de l'OGM, le reste concernant l'aspect réglementaire », note Pierre Barret.

La Chine est actuellement en tête de pont concernant la méthode Crispr/Cas, suivie par les États-Unis. « Des chercheurs chinois ont ainsi créé un blé tendre montrant une résistance à l'oïdium qui, à ma connaissance, est au stade de laboratoire, indique le chercheur. La société américaine Calyxt, une émanation du français Cellectis, travaille quant à elle sur la tolérance au gluten » (cf. ci-dessous). Reste à savoir si ces variétés issues des nouvelles technologies seront réglementairement considérées ou non comme des OGM (cf. encadré), avec le problème d'acceptabilité sociétale inhérent. Karine Floquet

OGM ou non-OGM, là est la question !

« Les États-Unis ont déjà validé comme non-OGM une pomme de terre (ne produisant pas d'acrylamide à la cuisson), que Calyxt a créée par Crispr/Cas », rappelle le chercheur de l'Inra Pierre Barret. La nouvelle variété, dont la modification pourrait relever d'une mutation naturelle, ne présente en effet pas d'ADN recombinant, ce qui définit le caractère non-OGM d'une plante outre-Atlantique. Avec à la clef un cycle d'inscription qui passe de trois à quatre ans, au lieu de la dizaine d'années dans le cas d'un OGM. Dans l'UE, la réglementation se base sur la méthode et non le produit : « Toute plante issue des biotechnologies relève de la directive 2001-18 [relative à la dissémination volontaire d'organismes génétiquement modifiés dans l'environnement], qui a été modifiée par la 2015-412, transposée en France, précise le chercheur de l'Inra Fabien Nogué. Cette dernière est en cours de révision. L'occasion pour « les anti-OGM européens de faire du lobbying pour que les nouvelles technologies, comme le Crispr/Cas, et les mutants [issus de mutagénèse], par la même occasion, soient intégrés dans la directive, s'inquiète Pierre Barret. Pour ne pas faire table rase du passé, on s'achemine probablement vers une segmentation, avec des OGM et des OGM moins réglementés. » Une approche qui va davantage affaiblir la recherche européenne et française, face aux Américains et Canadiens, dont la réglementation est également basée sur le produit. « Un exemple que devraient suivre les Chinois », estime Pierre Barret.

Les plus lus

Illustration de Donald Trump et Xi Jinping s’affrontant dans un bras de fer, symbolisant la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Taxes douanières : Donald Trump est-il en train de pousser les acheteurs chinois vers l’orge française ?

Lors du colloque du 3 avril sur les orges brassicoles à Orléans, Alexis Garnot, trader chez Soufflet Négoce, a alerté sur les…

Illustration d’un port de commerce avec des grues, un navire cargo et un tas de blé symbolisant les exportations céréalières françaises vers l’étranger
Taxes douanières de Donald Trump : FranceAgriMer confirme le manque de visibilité sur le prix des céréales

FranceAgriMer a présenté le 16 avril la situation des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français pour le mois…

Damien Cariou fondateur et CEO de Syndev téléphone à la main dans un champ
Agriculture régénérative : Comment gérer la donnée au sein d'une filière ?

Les filières engagées dans l’agriculture régénérative et/ou bas carbone font face à des besoins croissants dans la gestion des…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : activité calme malgré le recul des prix de l’azote

L’activité du marché des produits azotés reste modérée durant avril, période de réapprovisionnement. 

Alexis Garnot fait une intervention pour présenter la tendance marché 2025 des orges brassicoles lors du colloque Arvalis des orges brassicoles du 3 avril à Orléans.
« La prime brassicole de 50 €/t est actuellement peut-être un peu chère dans le contexte de marché présent », alerte Alexis Garnot

Dans le cadre du colloque sur les orges brassicoles, organisé par Arvalis le 3 avril à Orléans, Alexis Garnot, trader chez…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne