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Anticiper le stockage des grains, la clé des bonnes pratiques

« La prévention doit être privilégiée face aux méthodes curatives, témoigne Jean Bourtembourg, le responsable du pôle Céréales de la Scara. La lutte contre les insectes lors du stockage des grains doit être globale. » Le nettoyage minutieux des installations de stockage, suivi d’un traitement insecticide des locaux avant récolte, couplé à l’abaissement des températures des lots stockés, permet le plus souvent de maîtriser l’apparition et la prolifération des populations d’insectes. Dans le cas contraire, les préjudices économiques peuvent être conséquents, et souvent mals connus des chefs de silos.C’est un des enseignements du colloque, intitulé “Raisonner la lutte contre les insectes au stockage, diagnostic technico-économique et itinéraires innovants”, organisé par Arvalis-Institut du végétal le mardi 17 septembre à Paris. Par ailleurs, une étude menée au cours du stockage 2013 a permis de mettre en évidence qu’un simple nettoyage des grains à réception conduit à des gains qualitatif, énergétique et de performance de la ventilation des lots stockés. Un message essentiel, quand l’on sait que cette pratique est loin d’être systématique, la priorité étant donnée aux lots destinés à la meunerie.
Nettoyage et traitement insecticide des locaux, une combinaison gagnante
« Sans nettoyage ni traitement insecticide des cellules vides, vous avez une chance sur deux d’avoir des insectes », souligne Francis Fleurat-Lessard (Inra). L’étude, menée dans le cadre du projet “ÉcoprotectGrain”, a mis en évidence que le nettoyage complet (charpentes comprises) des cellules avant l’arrivée du grain permet d’abaisser de 45 à 30 % la fréquence de la présence d’insectes au silo.
Le risque d’infestation est d’autant plus réduit que le nettoyage des locaux est accompagné d’un traitement insecticide, qui n’augmente pas significativement le niveau des résidus de substances actives dans les grains. « Même en l’absence de nettoyage complet des cellules, le traitement insecticide est recommandé, si des populations d’insectes ont été observées durant la campagne précédente », insiste le chercheur. Ces manipulations demandent à être réalisées deux à trois semaines avant la réception des grains.
Quant au traitement insecticide des grains avant stockage, des travaux montrent qu’« il ne semble pas très efficace ». Le mode d’action des substances actives par contact et leur perte d’efficacité avec la durée ne garantissent pas l’absence d’insectes à long terme dans les lots (cf. graphique).
L’absence de thermométrie est une situation à risque
Outre le fait que le type même de silo influe sur le risque d’infestation du grain (les silos plats sont de loin la situation la plus à risque, la cellule verticale en métal étant la plus sûre), la présence d’une silothermométrie a des effets positifs indéniables (du simple au double en cas de matériel fixe) sur la présence des insectes dans le tas de grains. Elle permet de gérer la ventilation des silos afin de pallier toute remontée des températures, bénéfique à la prolifération des insectes.
À noter que cette ventilation de refroisissement est améliorée par le passage au préalable des grains dans un nettoyeur-séparateur. Outre une meilleure qualité du grain (moins d’impuretés), il permet en moyenne un gain de 20 % en termes de débit spécifique d’air sur grain (meilleure ventilation) et de 17 % sur la durée de ventilation (moindre coût énergétique). « Le passage de l’air est facilité, notamment en partie centrale de la cellule, là où les insectes se développent préférentiellement », souligne Jean-Yves Moreau (Arvalis-Institut du végétal).