Allonger le blé
La sortie télévisée de Bruno Le Maire a alimenté les discussions professionnelles de ce début de semaine. Invité sur Canal+, le ministre de l’Agriculture a indiqué à l’antenne que si la «crise devait se poursuivre, il faudrait prendre des dispositions pour limiter les exportations et garantir le niveau des stocks». Le représentant de l’Etat n’aurait décemment pas pu annoncer, sur une chaîne nationale, que ce qu’il reste de blé en France allait partir à l’international au détriment des besoins domestiques. Repris à l’ordre par les céréaliers d’Orama, assurant que les disponibilités sont suffisantes pour couvrir les deux débouchés, le ministre a rectifié le tir aussi sec: il n’est pas question de juguler l’export! L’Hexagone, seul avec les Etats-Unis à même de fournir des blés de qualité, ne peut pas faire une annonce contraire au risque d’affoler le marché mondial. Surtout dans le contexte actuel de grogne populaire chez plusieurs importateurs. La vie chère en est l’un des détonateurs. Le ministre s’est pris les pieds dans le tapis. Cela n’est pas une nouvelle: les réserves sont désormais maigrichonnes. L’estimation du stock de report avancée mercredi par FranceAgriMer a d’ailleurs franchi la barre des 2Mt considérée comme seuil critique pour un début de campagne serein. Il couvrirait à peine trois semaines de besoins. Les industriels français ont quant à eux tardé à passer commande et sont loin d’être tous couverts. Ils trouveront certainement de la marchandise… à condition d’y mettre le prix!