Aliment bio : collecte en hausse, cours décompressés
Tandis que les volumes d'aliments bio pour animaux avoisinent les 290.000 t, toujours en hausse (+21 % par rapport à 2012), la collecte française 2014 en matières premières bio entrant dans leur composition progresse elle-aussi sensiblement. Il en résulte une décompression tangible de la tension sur le marché.
Soumis à une forte pression sur leurs approvisionnements, les fabricants d'aliments (Fab) bio sont soulagés de bénéficier, pour cette nouvelle campagne, de davantage de disponibilités en matières premières françaises. Un peu d'oxygène, car malgré la progression des surfaces en grandes cultures et des filières qui s'organisent, le sourcing bio n'est pas toujours évident : les volumes sont éparpillés, les rendements très variables et la connaissance des quantités récoltées encore trop floue.
En France, à l'inverse du conventionnel, les prix ont tendance à rester fermes, et même sur le marché européen, pour de la marchandise sécurisée, ils ne décrochent pas ou peu, sauf exception. « Les cours sont beaucoup moins volatiles qu'en conventionnel, notamment en raison de la nécessité de garantir une traçabilité bio indispensable, explique un collecteur-organisme stockeur. Les opérateurs français, mais aussi européens, veulent sécuriser au maximum leurs approvisionnements et sont prudents sur les origines plus lointaines. » La tendance est aux achats d'origine nationale, au maximum, quand cela est possible, tout en contenant le prix de l'aliment. « Mais nous avons besoin de davantage d'aisance technico-économique pour respirer », confie-t-on chez Cizeron Bio (24.000 t d'aliments).
Plus d'offre en céréales et protéagineux
Le début de cette campagne a été influencé par plusieurs éléments : d'abord, les déclassements d'une partie des blés tendres en fourrager, en raison des problèmes de germination sur une récolte en recul de 15 % par rapport à 2013 (90.600 t). Un millésime déjà en repli comparé à 2012 (96.700 t). Cela a incité les Fab à incorporer cette céréale dans les formules (+35 % au 1er septembre par rapport à l'année précédente). Et ce, au détriment du triticale, moins ” prisé (-37 %) alors que les volumes disponibles ont enregistré 11 % de croissance (25.700 t). L'orge, dont la collecte a bondi de 15 % (19.000 t), est, quant à elle, recherchée et a vu ses utilisations croître pendant l'été (+37 %).
“Les prix ont tendance à rester fermes pour de la marchandise sécurisée.
Autre particularité de cette collecte, une bonne moisson en protéagineux : +47 % en féveroles (15.000 t) et +21 % en pois (9.500 t), ainsi qu'en soja, même si sa progression n'est pas encore évaluée. Une entrée d'air bienfaisante pour la filière dans son ensemble, sachant que le déficit français en MAT bio – matières azotées totales – se situe entre 12.000 et 13.000 t, les premiers consommateurs étant les pondeuses, la filière animale la plus porteuse en bio.
Boom du maïs
À l'inverse de l'an dernier, la récolte en maïs s'avère globalement très satisfaisante avec des rendements moyens estimés entre 70 et 90 q/ha voire des pointes à 100 q/ha dans certaines zones irriguées. La collecte s'annonce en hausse de 30 à 40 % par rapport 2013, soit 20.000 t de plus selon des estimations (environ 65.000 t). « On s'attend à une baisse des prix, mais attention à ne pas trop faire le yoyo, alerte Nicolas Lecat, dirigeant de Agri-bio Union (40.000 t de collecte totale). Ce serait au détriment du développement de la filière, car si nous ne pouvons pas rémunérer correctement nos apporteurs, il manquera de maïs l'an prochain faute d'emblavements, et on s'épuisera à développer. » Les organismes stockeurs regrettent ainsi que certains fabricants achètent directement en ferme, faisant pression sur les prix, car collecter et stocker le maïs à un coût en contrepartie d'un service indispensable à la filière. Une chute des cours compromettrait, à terme, la pérennité de ces structures de massification. À noter que, stimulée par des prix plus abordables que l'an dernier, la demande des Fab est estimée en hausse de près de 30 %. Quant au tournesol, il bénéficie aussi d'une récolte supérieure à celle de l'an dernier (estimation à 15 q/ha de rendement en moyenne), avec des prix de graines, donc de tourteaux, en repli. Or, avec environ 11.000 t de tourteaux fabriqués en France, la production nationale ne comble encore qu'un tiers environ des besoins de l'alimentation animale.
Même si la tendance est à l'origine française, un courant d'achat extérieur, sur l'Europe et les pays-tiers, existe forcément.
Selon FranceAgriMer, l'an dernier, les Fab ont consommé 141.000 t de céréales bio (41.000 t de blé tendre), pour une disponibilité française de 204.000 t, dont 89.000 t de blé tendre utilisées par la meunerie (même si ce secteur achète aussi hors-frontières). Les importations en maïs sont estimées à 14.000 t.
À noter que les disponibilités en grains C2 (issus de la 2e année de conversion pouvant entrer dans 30 % des formules à un moindre coût) se font plus rares en raison d'un ralentissement des nouveaux agriculteurs qui s'engagent en bio.