Spécial Nutrition animale
Alifel : revenir aux prix d’acompte ?
Les Fermiers de Loué ont construit trois types de contrat pour capter des céréales destinées aux élevages.

A la Cafel (Coopérative des Fermiers de Loué), la contractualisation des matières premières a débuté en 2008. « Nous avons démarré avec le bio. Le contrat “Graine de terroir” a été conçu car les éleveurs convertis ne disposaient pas des surfaces suffisantes pour fournir l’ensemble de leurs besoins en matières premières. Nous avons fait le choix de privilégier des approvisionnements en céréales les plus proches possible, au moins dans la région. Nous avons établi des contrats de cinq ans, avec un tunnel de prix, le mini et le maxi étant fixés par négociation chaque année. Nous assortissons ce contrat d’une aide à la conversion. Pour la fraction protéique, comme le soja reste incontournable, nous avons demandé à notre fournisseur d’aliments bio, l’Ufab de Noyal-sur-Vilaine, d’importer des graines, car elles sont plus faciles à garantir, et de les triturer localement. Il utilise pour cela un outil en Mayenne », explique Yves de la Fouchardière, directeur de la Cafel. Si les besoins en céréales bio (12.000 t environ) sont couverts en totalité par ce contrat, la mise en place de contrats pour les autres productions a été plus difficile.
Tunnel de prix, une solution insuffisante
Après l’épisode de 2008 et l’explosion du prix des matières premières, suivis en 2009 d’une baisse des prix qui a permis aux éleveurs de retrouver le sommeil, l’usine d’aliments de la Cafel, Alifel, a lancé un contrat intitulé “Bien dormir” sur le même principe : un tunnel de prix, un engagement sur cinq ans. « La base de négociation annuelle est le prix rendu Loué en moyenne sur l’exercice précédent. Ce contrat ne s’est jamais vraiment installé, en n’atteignant au maximum que 30.000 des 200.000 t qui nous sont nécessaires. Nous avons donc réfléchi autrement. Tous les éleveurs de Loué sont en effet, au moins pour partie, producteurs de céréales. à l’automne 2012, le conseil d’administration a décidé d’ajouter un avenant à leur contrat de producteurs de volailles. Dès que leur surface en céréales est suffisante, ils doivent vendre à Alifel, que ce soit en direct ou via les OS qui fournissent l’usine, au moins 50 % de leur consommation de céréales, indifféremment en blé ou en maïs. » Intitulée “Filière confiance”, cette démarche relance finalement le concept de prix d’acompte : les céréales sont valorisées en tant que céréales, mais en fonction de la valorisation possible des produits animaux. à la récolte, les producteurs perçoivent 150 €/t via l’OS, puis deux virements complémentaires, l’un en fin d’année et le second en fin de campagne. Les montants sont décidés par le Conseil d’administration en fonction de l’aval. « Certains producteurs de céréales, mais qui ne sont pas éleveurs de Loué, ont cependant poursuivi le contrat “Bien dormir”, car cela leur permet de diversifier leur façon de vendre. Ils nous fournissent environ 7.000 t », complète le dirigeant.