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Organisme stockeur
Alain Lepicard

Vous venez de tenir votre grand-messe. L’occasion de revenir sur les dossiers d’actualité qui ont rythmé l’année. Comment le négoce agricole a-t-il fait face aux nouvelles règles du jeu qui régiront le monde agricole en 2006 ?

Nous venons de tenir notre congrès où nous avons d’abord parlé de notre métier de négociant agricole, avec notre vision de l’agrément des distributeurs, des contaminants et du travail que nous faisons avec le code GTP, des biocarburants et de la loi d’orientation agricole.

L’agrément des distributeurs est un sujet majeur. Pour nous, la distribution doit être constituée d’acteurs professionnels responsables qui veillent aux bonnes pratiques agricoles et contribuent à rendre visibles les modes de production pour promouvoir les agriculteurs et leurs produits. Nous avons l’ambition d’un agrément qui réponde à un réel professionnalisme et aux attentes de la société pour s’assurer que les intrants, qui sont sur le marché, sont utilisés à bon escient. Il faut donc réformer rapidement l’agrément actuel en incluant le conseil et la préconisation. Ne pas traiter du conseil et de la préconisation dans les textes réglementaires, ce serait laisser potentiellement à toute personne la possibilité de s’installer comme conseiller pour l’utilisation des produits de protection des plantes, sans aucune qualification, sans justification de quelque compétence que ce soit, et ce, sans cadre réglementaire défini. A notre sens, les dispositions sur le conseil doivent s’appliquer, sans distinction, à tout intervenant public ou privé, agissant individuellement ou dans le cadre d’une personne morale et que cette personne soit elle-même distributeur ou non de produits phytopharmaceutiques.

Dans le domaine des contaminants, il y a nombre de nouveaux règlements régissant la mise sur le marché des denrées alimentaires et des aliments pour animaux. Pour respecter ces règlements, la FNA a mis à disposition des négociants des outils de gestion de la qualité sanitaire grâce à une démarche spécifique. Nous avons aussi mis en place des procédures HACCP qui s’appuient sur les bonnes pratiques professionnelles du code GTP CSA. Ce sujet est souvent source de confusions, volontaires ou non, dans les esprits. En réalité les choses ont un ordre. D’abord, il y a la loi qui est d’ordre public et qui s’impose à tous. Ensuite, il y a le niveau interprofessionnel qui se traduit par des accords ou des guides comme le code GTP. Enfin, il y a le contrat qui définit un autre niveau d’exigence entre des parties. Il faut donc bien voir où l’on se situe et ne pas mélanger une exigence particulière d’un industriel avec celle d’un règlement. Le code GTP, qui est une préoccupation de plus de dix ans, concerne aujourd’hui 105 entreprises de notre Fédération.

Le plan sur les biocarburants fait l’objet d’une amplification très sensible ces derniers mois avec l’accélération de la production de biocarburants pour 2007. Si nous nous projetons sur la période 2008/2010, avec 7 % d’incorporation, cela se traduit par 780.000 tonnes d’éthanol et 2,3 millions de tonnes de biodiesel. Ce qui est très spectaculaire, pour nous et nos clients producteurs, est que, par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui des assolements, cela représente 75 % de la production de colza française, 20 % de la production de betteraves et 3 % de la production de blé mais avec tout de même des nuances.

Pour donner une idée de la sensibilité par rapport au rendement et à la teneur en huile, si nous partons d’une hypothèse d’augmentation du rendement à 4,5 t/ha et d’un taux d’huile à 45 %, pour la même quantité, c’est-à-dire 2,3 millions de tonnes de biodiesel, nous n’aurons plus besoin que de 1,243 million d’hectares au lieu de 1,770. Ces progrès sont sans doute à notre portée. Les rendements de colza n’ont pas évolué d’une façon aussi spectaculaire que le blé, mais on imagine que, l’intérêt économique du colza se manifestant, on aura les ressources et le savoir-faire pour atteindre des résultats intéressants. La filière oléoprotéagineuse, à travers la Fop, Sofiprotéol et Diester Industrie, a fait des efforts considérables pour développer ces débouchés. Il faut d’ailleurs saluer cette démarche équilibrée dans la filière qui a permis une mobilisation pour aboutir à son développement. Nous y sommes associés avec Finégoce, holding qui regroupe les parts de Diester Industrie, détenues par 178 entreprises du négoce agrciole.

Concernant la loi d’orientation agricole, nous constatons que, pour la première fois depuis quelques décennies, le législateur supprime l’exclusivisme de certaines formes juridiques d’organisations de producteurs. Il ouvre ainsi la liberté aux agriculteurs de choisir leurs partenaires en aval de la production.

Dans des marchés souvent difficiles, comment se portent nos entreprises ? La situation des entreprises de négoce est saine, la rentabilité est correcte, les structures financières solides et en amélioration. Si nous sommes moins dotés que nos concurrents, je suis toujours tenté de dire que nous avons, avec des ressources privées, une distribution de dividendes publics importants. Il est clair que nous ne pouvons participer largement au bien-être de la communauté nationale et en même temps consolider nos fonds propres. Ainsi le “levier fiscal” continue de faire ses effets. Ceci dit, je retiens cette année que nous avons l’impression d’être mieux écoutés. Peut être parce que nous avons suivi le principe selon lequel : «Si vous ne dites pas ce que vous êtes, d’autres se chargeront de dire ce que vous n’êtes pas.» Qui sait que la part de marché des entreprises privées au stade de la première commercialisation des productions agricoles (sur les mêmes marchés, les mêmes produits, avec les mêmes clients) est de 60 % et de 40 % pour les coopératives agricoles ? Il ne s’agit pas des marchés de la seule Fédération du négoce agricole mais d’une approche qui englobe toutes les productions agricoles (céréales, fruits et légumes, viandes, pomme de terre, etc.), et des entreprises regroupées dans la Confédération des entreprises du commerce de gros et du commerce international (CGI) à laquelle nous appartenons. J’observe aussi que, lorsqu’on est dans le grand public ou qu’on lit la presse, nous avons très vite l’impression qu’entre l’agriculteur et le consommateur, il n’y a que la grande surface. C’est une vue très réductrice de la filière. C’est oublier qu’il y a toute une chaîne de métiers et de compétences, complexe et créatrice de valeurs. Une chaîne différemment constituée selon les filières parce qu’elles ont des spécificités et des approches différentes. C’est cette prise de conscience qu’il faut faire passer. Quelles orientations avons-nous donné ? Nous sommes tous, agriculteurs, amont et aval de la production, confrontés à des mutations et leur accélération est notre quotidien, elles déterminent nos actions. Ainsi, nous devons mener de front les mises à niveau de nos entreprises en termes de contraintes techniques et d’investissements pour que nos équipes soient performantes dans leur relation avec les agriculteurs, et ce, dans des marchés peu lisibles et souvent perturbés. Pour ce faire, l’affectation de ressources est une question-clé. Nous, nous avons choisi de les affecter, regardant les évolutions de nos métiers, en donnant priorité à la sécurité des personnes, au respect des normes de nos installations, et surtout, à la formation et à la motivation de nos équipes. Nous pensons que ces choix sont porteurs de valeurs et d’avenir.

ActivitéFédération

SecteurNégoce agricole

SiègeParis

La situation des entreprises de négoce est saine et en amélioration

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