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Agriculture : le repli des récoltes induit une baisse des revenus 2005

D’après les comptes prévisionnels de l’agriculture établis par l’Insee, le résultat agricole par actif perdrait environ dix points en termes réels en 2005.

L’ANNÉE AGRICOLE 2005 est marquée par un repli des récoltes que ne compense pas l’évolution des prix. L’importance des stocks due à une récolte abondante en 2004 pèse fortement sur les cours des céréales et des vins. En conséquence la valeur de la production décroît. Dans le même temps, les consommations intermédiaires s’accroissent. Il en résulte une diminution marquée de la valeur ajoutée de la branche agriculture et du résultat agricole net. L’emploi agricole continue à décroître. Au total, d’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, le résultat agricole par actif perdrait environ dix points en termes réels en 2005. La valeur de la production agricole au prix de base décroît de 2,8 %, soit une baisse de 1,82 MdE. Le recul des volumes produits (-3,0 %) n’est pas compensé par l’évolution des prix (+0,2 %). Hors subventions sur les produits, la production agricole diminue de 3,0 % en valeur par rapport à l’année 2004. Le repli des volumes est important pour les céréales et le vin. Ils reviennent toutefois à un niveau moyen après une forte hausse en 2004. Les prix baissent pour les veaux, les fruits et le vin. Le vin est ainsi le produit qui baisse le plus fortement en volume et en prix.

Végétaux : repli des récoltes, stabilité des prix

Les récoltes de céréales diminuent fortement en raison du recul des superficies et des rendements, après une campagne 2004 abondante. La sécheresse a affecté les rendements. Le volume de blé tendre baisse de 7 % par rapport à 2004. Sa qualité est excellente, mais son prix recule car il est concurrencé par les blés des pays de la mer Noire ; de plus, les disponibilités européennes en blé sont supérieures à celles de l’an dernier, le repli de la production étant largement compensé par l’importance des stocks d’intervention provenant de la campagne 2004/2005. La production de maïs grain chute de 19 % en 2005, une partie des surfaces ayant été réorientée vers le fourrage pour pallier la baisse de la production fourragère due à la sécheresse. Pour le maïs cependant, le prix s'accroît nettement en raison de la faiblesse de la récolte.

La production d’oléagineux progresse fortement du fait de la hausse des superficies et de l’amélioration des rendements. La récolte de colza augmente de 10 %, les superficies s’étendent, notamment en colza industriel qui sert à la fabrication des biocarburants. Les prix se raffermissent grâce à une demande intérieure dynamique. La production de tournesol diminue de 2 % en raison d’une baisse des rendements et son prix reste ferme. La récolte de protéagineux se replie nettement sous l’effet d’une baisse conjuguée des surfaces et des rendements, tandis que les prix se redressent un peu.

La production de betteraves recule en raison d’une réduction continue des surfaces et d’une baisse des rendements due à la sécheresse. La richesse en sucre augmente. Le prix est en légère progression.

La récolte de pommes de terre primeur diminue encore en 2005 et le prix chute après une hausse en 2004. Les quantités de pommes de terre de conservation décroissent aussi mais leur prix se redresse très nettement.

Les volumes de légumes produits augmentent un peu et leurs prix progressent sensiblement. La campagne 2005 est satisfaisante pour les producteurs de carottes et de tomates avec un redressement des prix. Les prix des courgettes restent fermes et ceux des endives et des concombres se redressent. En revanche, pour les asperges, les prix diminuent malgré le recul des quantités.

Les récoltes de fruits augmentent et les prix chutent d’autant plus que la demande est faible. Pour les abricots, l’abondance de la récolte compense le bas niveau des prix. En revanche, pour les cerises, les pêches et les prunes, la croissance de la production ne compense pas la faiblesse des prix. Pour les fraises et les poires, les prix sont en recul malgré le repli des quantités. Le prix des pommes baisse en 2005 du fait de l’importance des stocks et de la concurrence étrangère.

La production de vin chute pour les vins de table et de pays ; elle diminue aussi très nettement pour les vins d’appellation, le développement du vignoble revendiquant une appellation ayant été stoppé à partir de l’année 2000 et les volumes produits ayant été révisés à la baisse au cours des campagnes suivantes. Le prix des vins de champagne progresse un peu, mais les prix des autres vins d’appellation chutent de 15 %, en raison de l’importance des stocks et du recul de la demande à l’exportation, les vins français étant concurrencés par les vins des nouveaux pays producteurs (Australie, Etats-Unis, Chili…). Les prix des vins de table et de pays perdent aussi 15 %, leur niveau de stocks est particulièrement élevé tandis que la demande continue à faiblir.

Hausse des prix du bétail, recul pour les volailles

Le volume de production est quasiment stable pour l’ensemble du bétail. Le prix des gros bovins continue à augmenter (+8 %) car l’offre intérieure de viande bovine est insuffisante. En effet, les abattages se replient de 2 %. Le volume de production progresse légèrement, après deux années successives de baisse, car la réduction du cheptel est moins forte en 2005 qu’en 2004. Le nombre de vaches laitières suit son évolution tendancielle à la baisse sous la contrainte des quotas laitiers. Le prix des veaux se replie par rapport au niveau élevé atteint en 2004. Les cours des ovins-caprins restent stables. Le prix des porcins est supérieur à celui de 2004, qui s’était déjà redressé par rapport à son bas niveau de 2003.

Le recul de la production de volailles se poursuit. Les abattages diminuent pour les poulets et surtout pour les dindes tandis qu’ils progressent pour les canards et les pintades. Après avoir renchéri en 2004 pour toutes les espèces de volailles, les prix à la production baissent en 2005. Les craintes sur la grippe aviaire n’ont pas eu d’impact sur les prix à la production de 2005. La production d’œufs décroît. Les mises en place de poulettes pondeuses ont diminué. Malgré un redressement depuis l’été, le prix des œufs se réduit sur l’ensemble de l’année. Encadrée par les quotas laitiers, la collecte de lait augmente un peu. Le prix est en baisse.

Baisse des subventions sur les produits

Le montant des subventions sur les produits se réduit de 1,1 %. Il est de 7.514 ME, soit 83 ME de moins qu’en 2004. Le début d’application en 2005 de la modulation prévue par la réforme de la Pac a une incidence à la baisse sur les aides.

Pour les productions végétales, les aides, qui sont liées aux surfaces ensemencées, baissent de 5,0 %. Elles diminuent nettement pour les céréales et les protéagineux. En revanche, elles s’accroissent pour les oléagineux avec la hausse des surfaces, le rétablissement du taux de gel des terres de 5 % à 10 % entraînant une progression des superficies en colza industriel qui peut être cultivé sur les terres en jachère.

Pour les productions animales, les subventions se réduisent pour le bétail, mais l’aide directe au lait double en 2005, comme prévu lors de sa création en 2004.

Le coût des intrants augmente

La valeur des consommations intermédiaires de la branche agriculture augmente légèrement en 2005 (+1,4 %), après une hausse plus sensible en 2004.

Hors aliments pour animaux, elle s’accroît de 4,2 %. En effet, les achats d’aliments pour animaux (hors produits agricoles intra-consommés), qui constituent le poste principal des dépenses de l’agriculture, diminuent de 7,4 %. La baisse des quantités est liée à celle des effectifs de volailles et de porcins. Le recul des prix est dû à celui des matières premières entrant dans la fabrication des aliments composés.

En revanche, le coût des produits énergétiques augmente de 16,5 % du fait du renchérissement du prix du pétrole. Le prix du fioul domestique s’accroît de 25,5 %, compte tenu de la réduction de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) accordée aux agriculteurs ; celui des autres produits pétroliers augmente de 13,5 %. Les achats d’engrais baissent en volume du fait d’une moindre utilisation d’engrais composés, mais ils croissent nettement en prix avec la hausse du prix du gaz naturel qui entre dans la fabrication des engrais azotés.

La consommation de capital fixe, qui représente l’amortissement économique du capital de la branche continue à progresser en 2005 : +3,0 % en valeur par rapport à 2004 du fait de la hausse du prix des actifs évalués à leur coût de remplacement (plantations et matériel). Cette progression, jointe à celle des consommations intermédiaires, entraîne un recul important de la valeur ajoutée nette de la branche agricole (-11,5 %).

Le résultat agricole net se réduirait fortement

Les subventions d’exploitation versées à la branche agriculture s’élèvent à 1,82 MdE en 2005 contre 1,61 MdE en 2004, soit une hausse de 13,3 %. En effet, les indemnités au titre des calamités agricoles augmentent du fait de versements d’aides liées à la sécheresse. L’aide au gel des terres s’accroît avec le rétablissement du taux de gel de 5 % à 10 % en 2005. L’indemnité compensatoire de handicap naturel est en hausse, ainsi que les aides agri-environnementales. Après prise en compte des subventions d’exploitation et des impôts, le résultat agricole net se réduirait de 10,4 % en 2005.

La baisse du volume de l’emploi agricole total étant estimée à 1,7 %, le résultat agricole net par actif diminuerait un peu moins fortement (-8,9 %).

Le prix du PIB augmentant de 1,4 %, le résultat agricole net par actif en termes réels perdrait dix points par rapport à 2004 (-10,1 %). Les salaires versés par les unités agricoles s’accroissent de 2,4 % sous l’effet d’une progression du salaire horaire. Les cotisations sociales des salariés à la charge de l’employeur augmentent de 2,2 %. Les charges locatives nettes diminuent très légèrement. Le montant des intérêts nets versés par la branche agricole augmente de 2,5 % après une légère baisse en 2004. L’encours des prêts s’accroît sensiblement avec la progression des prêts non bonifiés d’investissement pour le matériel et les terrains. Mais le taux moyen d’intérêt apparent baisse encore pour se situer à 4,6 % en 2005 après 4,8 % en 2004 ; il était de 7 % en 1995. Au total, le revenu net d’entreprise agricole chuterait en 2005 (-20,0 %). La baisse du volume de l’emploi non salarié étant estimée à 2,6 %, le revenu d’entreprise agricole par actif non salarié se réduirait en 2005 de 17,9 %, soit une perte de 19 points en termes réels.

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