Aller au contenu principal

Réchauffement climatique
Agriculture et Climat : Évoluer maintenant pour limiter la casse demain

Sans changement important des pratiques culturales et des systèmes de production agricoles, rendements en maïs et valeurs foncières hexagonaux seraient amputés dans de très nombreuses régions.

La France ne sortirait pas gagnante sur la carte des effets du changement climatique, a indiqué Jean-François Soussana, vice-président en charge de la politique internationale de l’Inrae, invité à présenter le paysage de la France en 2050 lors des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation organisées à Paris le 11 février. Les rendements en blé, maïs ou encore betteraves observeraient des reculs dans l’Hexagone, à condition de cultures équivalentes à celles que nous connaissons. Et de conclure sur un effet collatéral du changement climatique : « Si nous ne faisons rien, une baisse généralisée des prix du foncier interviendra en France alors qu’en Europe du Nord, des effets positifs sont à attendre ».

Canicule, sécheresse, précipitations intenses en hiver… Des événements auxquels les producteurs français devront sans doute s’habituer dans les années à venir. « Ce type d’extrême [en référence à la récolte céréalière 2016, NDLR] augmente dans les projections climatiques dont nous disposons aujourd’hui », selon le scientifique.

Le maïs, grand perdant

Si les rendements en blé sont attendus en progression sur quasiment tout le territoire national, avec une hausse potentielle de 5 à 10 %, ceux de maïs seraient, en revanche, lourdement réduits sur la période 2021-2050 par rapport à 1981-2000, selon l’étude présentée. En culture irriguée, seul le sud du pays afficherait des reculs de rendement compris entre 5 et 30 %. Les parcelles non irriguées paieraient cher le changement climatique avec des pertes sur presque tout le territoire de 5 et 50 %. Seules quelques zones du Nord pourraient voir leur productivité progresser. Dans ce contexte, le prix des terres agricoles pourrait reculer en France, certaines affichant potentiellement une perte de 80 % de leur valeur dans le Sud-Ouest notamment. D’où la nécessité d’intervenir dès maintenant sur nos émissions de gaz à effet de serre et sur les pratiques agricoles. Pour cela, Jean-François Soussana a proposé plusieurs actions. D’abord réduire le recours aux engrais minéraux de synthèse et accroître la part de légumineuses en grandes cultures pour diminuer les apports de fertilisants minéraux azotés. Pour stocker plus de carbone dans le sol et la biomasse, les producteurs pourraient développer le « sans labour », les cultures intermédiaires et bandes enherbées, l’agroforesterie et les haies, et optimiser la gestion des prairies. Les rations des animaux pourraient aussi évoluer avec une substitution des glucides par des lipides insaturés et l’usage d’additif chez les ruminants (pour réduire la production de CH4 entérique), et la baisse des apports protéiques (pour limiter les teneurs en azotes des effluents et les émissions de N2O). Enfin, développer la méthanisation et réduire la consommation d’énergie fossile dans les exploitations font bien aussi partie des pistes.

 

 

Les plus lus

Diapositive d'une présentation lors d'une conférence des JTIC 2025 montrant 3 cartes de risques de production de blé tendre en Beauce
Changement climatique : le blé tendre devient une culture risquée en Beauce

Lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Auxerre le 16 octobre, le cabinet Diagorisk…

Marché des engrais : sous tension avec l'application de la taxe MACF au 1er janvier 2026

Mouvementé, Novembre a démarré par un fort regain d’activité sur le marché des engrais dû à des rattrapages, malgré les…

Photo de groupe de l'équipe dirigeante de Maïsadour lors de la conférence de presse du 5 décembre 2025
Maïsadour : après une récolte 2025 difficile, cap vers l’agriculture régénérative

Après une récolte marquée par des conditions climatiques difficiles et de mauvais rendements, le groupe coopératif…

Alimentation animale : malgré la hausse des fabrications, les capacités d’investissement s’effritent

En dépit d’un contexte économique et sanitaire tendu, les fabrications d’aliments pour animaux se maintiennent. Mais la…

Nord Céréales continue de se diversifier malgré un exercice 2024-2025 en retrait

Le spécialiste de l’import-export de marchandises, dont les céréales, vient de publier ses comptes 2024-2025 et sa feuille de…

Graphique prix colza tournesol France au 24 novembre 2025
Marché des oléagineux du 24 novembre 2025 - Les États-Unis attendent un nouvel accord avec la Chine sur le soja

L’évolution des prix du colza et du tournesol français entre le 21 et le 24 novembre 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne