Services / mise en marché
AgricoTe veut être LE courtier du circuit court
La société surfe sur l’essor du stockage à la ferme
LORS DE LA flambée des prix en 2008, les producteurs ont été tentés de gérer eux-mêmes leurs mises en marché. Résultat : le stockage à la ferme s’est développé. Si la chute des cours a amenuisé le phénomène, nombre d’agriculteurs ont investi dans des cellules et les volumes encore dans les fermes, bien que difficiles à cerner, ne sont, cette année encore, pas anecdotiques. Croissance de la taille des exploitations, volonté des agriculteurs, souhaitant par ailleurs amortir leurs investissements, et renouvellement de la profession laissent présager d’une poursuite de la tendance, selon Pierre de Perthuis, président de la société AgricoTe courtage. Selon lui, “les nouvelles générations se prennent en main. Ingénieurs de formation, les jeunes producteurs sont très branchés Internet et suivent l’actualité du marché de manière pointue sur leur Smartphone ”, insiste Pierre de Perthuis qui entend bien “accompagner le développement des circuits courts. Une fraction significative des volumes vont aller sur ces canaux, nous voulons être le courtier de référence !” ambitionne-t-il.
Un engagement sur la longueur
Positionnée entre l’agriculteur et l’industriel ou le gros exportateur, AgricoTe courtage a traité 125.000 t en 2008/09 (+15-20 % sur un an). “Nous ne sommes pas dans une course aux volumes. Pour que notre modèle fonctionne, il faut s’inscrire dans la durée. On ne peut se baser sur les zappeurs attirés par les prix, les producteurs doivent s’engager sur la longueur”. La société assure ainsi être “très regardante” sur le profil des exploitants entrant dans le système. Ils doivent par exemple suivre le marché de près, être au fait des droits des contrats, capables d’analyser leur marchandise et surtout de charger un camion en moins d’1h. Le candidat remplit un questionnaire “très pointu” et dissuasif. Est-il formé aux marchés à terme ? Dispose-t-il d’une assurance contre la grêle ? Quelles sont ses habitudes de mise en marché ?… “Nous adapterons le dialogue à ses réponses. Si un agriculteur n’a pas l’expérience du stockage, nous allons l’inciter à vendre rapidement, car conserver sa marchandise est difficile”. Trois ans après son lancement, 2.100 producteurs seraient référencés, avec une taille moyenne d’exploitation de 220-250 ha. Mais “nous leur conseillons par ailleurs de garder un lien avec leurs coopératives”. Côté acheteurs, ce sont 290 clients européens, dont la moitié dans l’Hexagone, qui auraient recours aux services d’AgricoTe.
L’entreprise a développé un service Internet, alimenté par les vendeurs et les acheteurs de 50 départements. “Ce qui assure une transparence de marché”. Le système intègre de nombreux paramètres, comme le coût de transport à l’instant “t”. “Il donnera au producteur la solution la plus pertinente en fonction de sa localisation. Proche de Rouen, il pourrait par exemple avoir intérêt à vendre sur l’Espagne à un moment donné”, assure Pierre de Perthuis s’enthousiasmant : “nous proposons à l’agriculteur un village à la taille de l’Europe”.
AgricoTe courtage s’accorde une marge en fonction du prix de vente correspondant 4-4,5 € par tonne traitée. Si l’agriculteur y gagne en terme de marge cela suppose néanmoins pour lui un investissement “en matériel et en temps”. Les industriels trouvent quant à eux “surtout un intérêt dans la multiplication des sources pour sécuriser leur approvisionnement”, argumente Sylvain du Peyroux, directeur général. Créée en 2007, la société a réalisé en 2008/09 un CA de 570.000 €. Elle emploie 12 courtiers et 3 opérateurs responsables de l’exécution “dont nous nous chargeons intégralement”.