Coopération
Acooa, « gagner en compétitivité » et « répercuter les hausses des matières premières »
Les coopératives agricoles françaises exigent l’application de la LME et entendent mieux se faire connaître du grand public.
Le chiffre d’affaires de Coop de France a progressé en 2012, passant de 82,8 Md en 2011 à 83,7 Md€, pour un nombre de structures en baisse, avec 2.850 sociétés contre 2.900 l’an dernier. Au niveau des structures de collecte, le chiffres d’affaires se maintient à 11 Md€ pour 175 entreprises (185 l’an passé). Ces chiffres ont été présentés le 11 décembre à quelques jours de la première assemblée générale de la structure Acooa, fruit de l’union d’InVivo et de Coop de France, qui se déroulera à Paris les 19 et 20 décembre prochains. L’occasion pour les dirigeants de Coop de France d’en présenter les thèmes réflètant les enjeux à venir de la coopération : compétitivité, concurrence et communication.
Gain de compétitivité si les coopératives sont assujetties au crédit d’impôt
N’étant pas soumises à l’impôt sur les sociétés, les coopératives françaises se sont vues automatiquement écartées du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice), issu du rapport Gallois, permettant théoriquement de réduire le poids des charges salariales de 4 à 6 %. Les dirigeants de Coop de France ont logiquement fait jouer leur réseau pour se faire entendre à l’Assemblée. Avec succès puisqu’un amendement a été déposé et « voté à l’unanimité » en première lecture. « Nous ne pouvions nous passer de cette aide. D’autant que le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire a sans doute été le premier à parler du manque de compétitivité, notamment vis-à-vis de l’Allemagne. Le projet doit maintenant passer devent le Sénat. Nous sommes confiants mais restons prudents », a déclaré Philippe Mangin, président de Coop de France et Acooa.
Menaces de Coop de France dans le cadre des négociations avec la distribution
Concernant les relations, toujours très difficiles, avec la grande distribution, Philippe Mangin a déclaré que Coop de France, comme l’Ania et la FNSEA, pourrait quitter la table des négociations en l’absence de signe fort de l’état. « On ne peut se contenter d’une loi sur la consommation et sur l’agriculture l’an prochain, ni de quatre goupes de travail et attendre leurs conclusions en mai », a lancé Philippe Mangin, qui demande au gouvernement des mesures significatives et rapides pour aider le secteur de l’élevage, en crise depuis plusieurs mois. Si la mise en place de moyens supplémentaires pour contrôler l’application de la LME a été saluée, la non répercussion de la hausse des prix des matières premières au consommateur par la grande distribution a de nouveau été dénoncée. « Je ne supporte pas que l’on dise que les céréaliers s’en mettent plein les poches. Si nous devons organiser une solidarité, c’est à nous de le faire. La FCD (Fédération du commerce et de la distribution, NDLR) n’a aucune leçon à nous donner », a lâché Philippe Mangin.
L’Autorité de la concurrence dans le viseur
Rappelant les affaires d’ententes dans le secteur des endives et de la meunerie, fustigeant notamment l’amende calculée sur plusieurs décennies, Philippe Mangin s’est inquiété du poids grandissant de l’Autorité de la concurrence. Celle-ci « tend à freiner et ralentir le rapprochement et donc l’émergence de leaders, alors que les entreprises agricoles françaises souffrent d’un problème de taille pour s’attaquer à certains marchés », a-t-il lancé. Le président de Coop de France s’est dit perturbé par les conditions exigées par l’Autorité de la concurrence dans le cadre du rapprochement de Nouricia et Champagne Céréales.
Acooa souhaite lancer un plan de communication vers le grand public
Depuis longtemps, la coopération française souhaite communiquer vers le grand public mais, faute de moyens, le pas n’a jamais été véritablement franchi. Une situation qui pourrait évoluer en 2013 avec un appel au financement d’un grand plan média vers les consommateurs finaux, à l’image de ce que font les artisans français, très présents pendant les pages de pub à la télévision. « Nous voulons parler de la coopération agricole, améliorer son image. Qui sait que derrière de nombreuses marques, il y a souvent des coopératives ? », interroge Philippe Mangin. Et de regretter que « ceux qui parlent d’agriculture au grand public sont souvent ses détracteurs ». Pour financer ce projet, Coop de France sollicite les coopératives en leur proposant de participer à hauteur de 0,017 % de leur chiffre d’affaires. Elles ont jusqu’au mardi 18 décembre pour s’engager. « En fonction du niveau de promesse, nous nous prononcerons sur la faisabilité », a expliqué Philippe Mangin.
En plus d’une meilleure communication, le lobbying, notamment à Bruxelles, et la formation, au travers d’un catalogue labellisé, sont les objectifs fixés par les dirigeants d’Acooa pour les premiers pas de la fille de Coop de France et d’InVivo.