Achats massifs de blé tendre par les Marocains, la logistique ne suit pas
Un surcoût à l'importation qui peut peser sur le marché
La logistique coince à Casablanca, port qui concentre plus de 75 % des importations totales de céréales du Maroc. Le 5 février par exemple, pas moins de 16 navires attendaient de pouvoir décharger leurs cargaisons, de blé tendre essentiellement. « Les importations n'étaient en effet pas “permises” par l'État avant début janvier 2014. Du coup, tous les importateurs se sont mis à se couvrir en même temps », explique Yann Lebeau, responsable du bureau de France export céréales pour le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Les silos portuaires ne peuvent accueillir que l'équivalent de trois bateaux, et la logistique de dégagement ne suit pas, pointe la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL). « Ajoutez à cela les intempéries de ces dernières semaines, qui ont sérieusement ralenti les déchargements, et vous obtenez une grosse pagaille au port de Casablanca », témoigne Yann Lebeau.
Un surcoût à l'importation qui peut peser sur le marchéUn jour en rade, et c'est un surcoût d'au moins 20.000 €, dont les importateurs doivent s'acquitter auprès des armateurs. Cela s'est d'ores et déjà traduit par une petite augmentation des prix de farine sur le marché domestique marocain. Plus largement, alors que « la destination Maroc est synonyme de surestaries, les armateurs n'aiment par ailleurs pas que leurs bateaux planchent trop longtemps ». Conséquence : « Les prix de fret augmentent ». Cette situation va conduire les « acheteurs à se positionner sur des origines les moins chères possibles pour atténuer les pertes envisagées par la logistique ».
Et cela pourrait bien durer : « Le Maroc a besoin d'importer plus de 2 Mt de blé meunier durant les quatre premiers mois de cette année, selon les prévisions. Ce qui équivaut à un appel d'offres de 500.000 t mois. Or, jamais le pays n'a réussi à importer autant de blé en aussi peu de temps », témoigne le représentant de FEC. « Les déchargements réels pour le mois de janvier à Casablanca étaient inférieurs à 350.000 t, le pays est donc très en retard sur ses prévisions. »