Accord-climat : durabilité et accès à l'alimentation sur la sellette
Les négociations climatiques de la Cop21 ont commencé le 30 novembre au Bourget. Sur le volet agricole, les ONG s'inquiètent de la tournure des négociations.
La question agricole n'est pas prioritaire dans les négociations », a rapporté Maureen Joran, rapporteur Cop21 pour l'ONG CCFD-Terre solidaire, à Agra Presse, le 3 décembre. L'ONG explique : les sujets de financement ou relatifs à la différenciation sont davantage prioritaires. Pourtant, un point de désaccord de taille est en négociation : l'Argentine souhaite faire apparaître le terme “production alimentaire” dans l'accord, tandis que les États africains et les Philippines lui préfèrent le terme de “sécurité alimentaire”, rapporte-telle. « Sécurité alimentaire ou production alimentaire : ça change tout », développe Jean-Baptiste Poncelet, coordinateur Cop21 pour France Nature Environnement (FNE). Selon lui, « production alimentaire », c'est la porte ouverte à la « smart agriculture », concept basé sur les technologies comme solution pour l'agriculture face au dérèglement climatique. « Dans production alimentaire, il n'y a plus la notion d'accès et de durabilité, s'inquiète Maureen Joran. On sait que l'Argentine a trouvé des “alliés”. On essaie de les identifier. » Dans ce point de désaccord, l'Union européenne est la grande absente, selon CCFD-Terre solidaire. « Des négociateurs nous ont dit qu'ils soutenaient les termes de “sécurité alimentaire”, mais qu'ils ne les porteraient pas », raconte Maureen Joran. Cette manière de faire est vivement critiquée par le monde associatif : « Dans les négociations, il y a tellement de sujets à traiter. Ceux qui ne sont pas portés, ne sont pas traités. »
Coup d'accélérateurÀ deux jours (le 5 décembre, NDLR) du rendu de projet d'accord au président de la Cop21, Laurent Fabius, les observateurs des négociations faisaient état d'une accélération des échanges et des réunions. Le 3 décembre, une version intermédiaire du projet d'accord climatique, “Draft agreement”, a été publiée. Après quatre jours de négociations dans le cadre de la Cop21 à Paris, le document de cinquante pages contenait encore de nombreux « crochets ». Ce sont autant de points de négociations à régler. Pour l'heure, “sécurité alimentaire” y était mentionnée à dix reprises, “production alimentaire” à deux reprises.
Enfin, si le mot “agriculture” n'est pas dans l'accord, ce n'est pas par désintérêt. C'est même tout le contraire : le sujet est très sensible. « Personne ne veut de ce mot, explique Maureen Joran. On a peur de mettre en débat les différents modèles agricoles. »