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L’apiculture biologique en quête de développement

Comparativement à d’autres filières agricoles, l’apiculture manque parfois de données et d’indicateurs pour l’accompagner au quotidien. Cela est d’autant plus vrai quand il s’agit de l’apiculture biologique, qui représente pourtant 20 % de la production annuelle. Des projets se lancent petit à petit pour combler ces manques.

La bio, une part non négligeable de la production apicole

Chaque année, l’Observatoire du miel et de la gelée royale de FranceAgriMer apporte des indicateurs à la filière apicole, avec un focus sur la filière bio. En 2021, la France comptait près de 1 300 exploitations apicoles certifiées bio ou en conversion contre seulement 400 en 2012 (1). Ces apiculteurs bio sont en grande majorité professionnels ou pluriactifs : 90 % d’entre eux possèdent plus de 50 colonies. La majorité des exploitations est concentrée dans le sud de la France (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Paca et Nouvelle-Aquitaine).

Ainsi, le miel bio représente une part non négligeable de la production nationale : près de 21 % en 2021, soit plus de 4 000 tonnes. En comparaison, la production bio française en 2021 toutes filières ne représente que 10 % des surfaces et 6,6 % de la consommation (2).

Tout comme en conventionnel, les rendements en bio sont très variables et tributaires des aléas climatiques : 2020 fut une très bonne année, avec un rendement moyen de 24,5 kilos par ruche. En 2021, la production baisse, principalement à cause d’une météo défavorable et le rendement moyen est de 14 kilos par ruche. Pour ces deux années, les rendements bio ou conventionnels étaient très similaires.

La production de gelée royale est traditionnellement engagée en bio, notamment sous l’impulsion de la marque Gelée royale française® : 49 % des producteurs et 75 % des volumes produits sont labellisés en bio.

En termes de données de marché, FranceAgriMer apporte quelques éléments pour l’année 2022 dans la grande distribution : le total des ventes du miel bio en France représente 34,7 millions d’euros, avec un prix moyen de 13 euros par kilo, soit 2 600 tonnes vendues, toutes origines confondues (3). Mais ces données ne prennent pas en compte la vente directe, qui représente 40 % des circuits de commercialisation de la filière.

Des chiffres qui ne traduisent pas tout de la réalité du terrain

Au regard de ces chiffres, le miel de lavande est le plus produit en bio, alors que cette production ne représente que 12 % de la production nationale. À l’inverse, le miel de colza ne représente que 2 % de la production bio, contre 10 % de production nationale.

Bien que peu représentées dans les miels récoltés, les grandes cultures apportent d’autres choses : elles permettent de pallier le manque de ressources disponibles dans l’environnement et ainsi limiter le nourrissement, aident à préparer l’hivernage ou à stimuler la ponte…

Mais ces données ne mettent pas en lumière les nombreuses contraintes auxquelles est soumise l’apiculture biologique : au choix des emplacements, s’ajoutent des charges et difficultés techniques supplémentaires. Par exemple, la lutte contre varroa est plus complexe : l’arsenal de médicaments autorisés est moins fourni, et si des solutions biomécaniques permettent de le compléter, elles sont chronophages et avec une efficacité limitée.

Des nouveaux outils sont en réflexion

Si ces données ont le mérite d’exister, la filière manque d’indicateurs pour s’orienter et arbitrer des décisions politiques. Plusieurs projets sont en cours de réflexion au sein du réseau ADA-Itsap, mais aussi avec ses partenaires, dont l’interprofession InterApi.

En 2023, ADA France est engagée dans le projet Resibio, coordonné par la FNAB (5), qui rassemble divers partenaires agricoles (interprofessions, instituts techniques…). Il s’inscrit dans un contexte global de recul du marché biologique, qui touche aujourd’hui toutes les filières : comment anticiper et gérer ces aléas ? RESIBIO propose un état des lieux des outils de suivi, prospective et gestion de crise. Pour l’apiculture, c’est l’occasion de s’enquérir des outils existants ailleurs et de se questionner sur la pertinence de les développer.

Face au constat du besoin des acteurs économiques de la filière en informations micro et macro-économiques, InterApi met en place des projets pour en construire. C’est par exemple le cas pour des indicateurs pertinents relatifs aux coûts de production et des indicateurs de marché. Bien que ceux-ci ne soient pas spécifiques à la bio, il est prévu qu’ils soient adaptés à ce mode de production.

InterApi, le réseau des ADA et l’Itsap sont également en train d’identifier les informations économiques spécifiques à la bio existantes et celles que les acteurs économiques de la filière souhaiteraient voir développer pour orienter d’éventuels futurs travaux.

(1) Synthèse de l’Observatoire de la production de miel et gelée royale 2022 (données 2021, juillet 2022), par FranceAgriMer.
(2) Agence bio.
(3) Panel consommateurs-distributeurs Nielsen pour FranceAgriMer, 2022.
(4) Synthèse de l’Observatoire de la production de miel et gelée royale 2021 (données 2020, juin 2022), par FranceAgriMer.
(5) Fédération nationale de l’agriculture biologique

Un produit plébiscité par les consommateurs

En 2018, les consommateurs de l’initiative collective C’est qui le Patron ? ! lancent un miel bio, produit très attendu : d’après le questionnaire mis en place traditionnellement avant le lancement de chaque nouveau produit, un consommateur sur deux souhaite disposer du choix du bio, au côté du conventionnel. Le produit garantit, par son cahier des charges, deux piliers des engagements de la marque : la juste rémunération du producteur et l’origine France. Comme pour le miel conventionnel, une redevance prélevée sur ces miels alimente le Fonds de sauvegarde des abeilles (le F.S.Ab.). Ce partenariat entre ADA France, Culture miel et C’est qui le Patron ? ! favorise la mise en place de ressources pour les abeilles.

Côté web

Rendez-vous sur le site internet du fonds de sauvegarde des abeilles : fsab.fr

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