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Yannick Fialip : " Le gros point noir c'est la diminution du budget de la Politique Agricole Commune de 20 %"

Yannick Fialip, président de la Commission économique de la FNSEA dénonce la baisse annoncée du prochain budget de la PAC et veut se battre pour le soutien d'une agriculture de production. 

Pour Yannick Fialip , la CE doit «donner des perspectives» aux agriculteurs de demain et donc un budget.
Pour Yannick Fialip , la CE doit «donner des perspectives» aux agriculteurs de demain et donc un budget.
© stock.adobe.com

La baisse du budget de la PAC est un très mauvais signal envoyé aux agriculteurs

La Commission européenne a présenté, le 16 juillet, son Cadre financier pluriannuel (CFP), c’est-à-dire sa proposition de budget pour la période 2028 à 2034. D’un montant global de près de 2 000 milliards d'euros, en nette hausse par rapport au CFP en cours*, ce budget comprend des moyens supplémentaires pour la compétitivité et la défense. 

En revanche, le budget de la Pac est annoncé en recul de 20 % à 300 milliards d’euros (contre 387 milliards de 2021 à 2027, dont 270 milliards d'aides directes aux exploitations agricoles).

Yannick Fialip, Président de la Commission économique de la FNSEA nous livre son analyse. "Le gros point noir c'est la diminution du budget de la PAC de 20% hors inflation ; si on rajoute + 1,5% d'inflation par an, on arrive à une baisse de 30%… On ne comprend pas pourquoi la Commission Européenne fait une proposition avec une baisse aussi forte pour la programmation de la PAC 2028/2034".

Yannick Fialip, éleveur en Haute-Loire, préside la Commission économique de la FNSEA.

Alors que nombre de pays dans le monde augmentent leur budget pour leur agriculture, Yannick Fialip ne comprend pas que l'Europe aille dans le sens inverse. Et ce d'autant que "l'agriculture génère beaucoup d'emplois, beaucoup de richesses…"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PAC post 2027 : "Nous ne sommes qu'au début des négociations. On va se battre "

"On a bien compris, qu'avec le conflit en Ukraine et les attentes de Donald Trump obligeant chaque État membre à mettre 5% de son PIB pour augmenter le budget Défense de l'OTAN, les budgets pour la souveraineté alimentaire et pour la souveraineté militaire sont en concurrence. Tout cela sachant que chaque pays ne veut pas mettre plus d'argent à l'Europe".

Une grande manifestation agricole européenne à l'automne pour obtenir un changement de braquet de la Commission européenne

Mais le responsable syndical précise qu'on n'est qu'au début d'une période de négociations de deux ans entre la Commission, le Conseil et le Parlement, et qu'il reste du temps pour discuter, négocier, et peut-être faire bouger les curseurs.

"On va se battre, dans les mois à venir, pour ne pas avoir cette baisse de 20%. On aura des rendez-vous au niveau national autour de ce sujet et certainement une grande manifestation au niveau européen, cet automne, avec une mobilisation de tous les agriculteurs européens".

Et d'affirmer : "Il en va de la capacité de l'Europe à garder une agriculture productive. Et dans un contexte de marchés mondialisés déstabilisés, avec des conflits guerriers, des crises sanitaires, des problèmes climatiques, et des problèmes de droits de douane… il est impératif que l'Europe reste un grand producteur agricole et pour cela, elle a besoin d'une Politique agricole commune et donc d'un budget".

Mais la baisse du Budget de la PAC n'est pas la seule inquiétude pour Yannick Fialip. Il dénonce aussi la volonté de la Commission européenne de réunir tous les projets économiques, de développement rural et socio-économiques dans un même budget, en soulignant que "l'agriculture risque de perdre de l'autonomie".

Lire aussi Politique agricole commune : Le Massif central défend le choix des hommes

Les co-financements des Etats membres devront être à la hauteur

Le responsable de la FNSEA relève néanmoins certains points de négociations positifs, dans les propositions de la Commission Européenne.

"Défendre une agriculture de production, même si l'économie n'a pas été mise en avant, défendre une agriculture avec des actifs nombreux, des agriculteurs présents sur tout le territoire avec le maintien d'une compensation de handicaps naturels, notamment la montagne… sont des propositions qui vont dans le bon sens". "Reste, pour lui, à le valider par un budget et des co-financements des États membres". Il attend donc de la France un vrai débat sur ce sujet.

La Commission Européenne ouvre la porte pour que certaines mesures puissent être cofinancées par des collectivités territoriales, comme les Régions ou les Départements.

"Ça va dans le bon sens" reconnait le syndicaliste, "mais la question reste : comment les exécutifs régionaux vont répondre à cela en fonction de leurs orientations politiques ? Il va falloir arriver à convaincre que l'agriculture a besoin d'accompagnement sur la production, sur la modernisation des exploitations et sur l'installation" Et d'avertir, "attention à la distorsion de concurrence entre régions".

Lire aussi Budget de la Pac post-2027 : « une provocation » selon les Régions de France

"A l'heure où les métiers du vivant attirent les jeunes, la Commission européenne doit donner un signal fort aux futurs agriculteurs"

Yannick Fialip adresse un message à la Commission Européenne : "Beaucoup de jeunes sont en formation dans les écoles d'agriculture, les métiers du vivant reprennent du sens, il faut que la Commission Européenne comprenne qu'elle doit donner un signal aux futurs agriculteurs, qu'elle leur donne des perspectives pour être de bons agriculteurs demain.  Et pour cela, il faut un budget suffisant".

Autre inquiétude pour les agriculteurs, "dans un contexte d'instabilité politique en France, on s'interroge sur qui va pouvoir négocier cette PAC ? Qui sera à la tête de la France au moment des négociations ?". Et d'ajouter :

" Actuellement nous sommes face à des politiques de "Stop and Go" : on arrête une politique pour en mettre une autre en place, et deux ans après on recommence… Mais en agriculture, on a besoin de logique et de stabilité pour pouvoir se projeter ".

* Le précédent budget, de 2021 à 2027, était de 1 200 milliards d'euros. Il a été complété par un plan de relance de 800 milliards pendant la crise sanitaire du Covid

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