Yannick Fialip : "la structuration sinon rien" en production laitière
Pour Yannick Filaip président de la section régionale des producteurs de lait : "seule l'adhésion à une organisation de producteurs garantira l'accès au marché et un prix du lait correct payé aux producteurs, dans le monde de l'après-quota". Explications…

La section régionale laitière planche actuellement sur la structuration des producteurs de lait à travers l’organisation collective et économique des producteurs (OCEP). A quelles fins ?
Yannick Fialip : La fin des quotas, qui devrait intervenir dès 2015, va mettre les producteurs seuls face à leurs entreprises. On imagine très bien que ces dernières vont faire pression auprès des producteurs pour leur faire signer des contrats durs et pas forcément avantageux. Parce que nous ne voulons pas d’un tel système, nous avons décidé de travailler sur un projet d’organisation collective des producteurs.
Cette structure baptisée OCEP (organisation collective et économique des producteurs) aura la mission de se porter garante des intérêts du plus grand nombre. Concrètement, en devenant actionnaire de cette structure, les producteurs délégueront à l’OCEP, un mandat de négociations pour discuter avec les entreprises un certain nombre de critères. Et plus le nombre de producteurs adhérents à l’OCEP sera important, plus la force de négociation sera puissante.
L’OCEP n’est donc pas une structure de plus, mais une forme de passage obligé pour les producteurs ?
Y.F. : Le monde laitier organisé, qui date de la PAC, avec ses mécanismes d’intervention, de stockage, d’aides à l’exportation, de prix de références, tout cela est en train de disparaître. Y compris le dernier né des outils de régulation qu’étaient les quotas. Nous allons entrer dans un monde dérégulé et nous devons nous y préparer. C’est la raison pour laquelle, le réseau FNSEA se place en position de défendre un projet laitier réaliste qui se construit avec les producteurs et les entreprises. L’OCEP est ainsi le seul moyen de garantir un prix et l’accès au marché des producteurs.
D’envergure Massif central, quelle forme devra prendre l’OCEP sur le terrain ?
Y.F : Nous venons d’abord de lancer un plan de formation, que vont suivre une quinzaine d’agriculteurs par département, qui seront rapidement opérationnels pour communiquer sur l’OCEP auprès des producteurs sur le terrain. L’organisation collective devrait fonctionner par petites régions ou par entreprises. Elle disposera d’un collège « coopérative », de manière à ce que les contrats avec les coopératives soient similaires à ceux établis avec les entreprises privées. Les producteurs mandateront des personnes qui siègeront au niveau de l’OCEP Massif central, qui se chargera de négocier les contrats pour l’ensemble des producteurs.
Quelles places pour les appellations d’origine et la marque montagne, au sein de l’organisation collective ?
Y.F. L’une et l’autre seront une sous-section de l’organisation collective. Sur la marque « montagne », les choses se mettent en place progressivement. Les entreprises sont plutôt ouvertes à cette démarche. Durant tout l’hiver, les réunions d’information auprès des producteurs vont se poursuivre. L’idée centrale est d’expliquer en quoi la démarcation « montagne », au même titre que les AOP, peut être moteur pour la production laitière du Massif central.
Les indicateurs de prix sont actuellement plutôt favorables pour la production laitière…
Y.F. : Le début de l’année 2011 s’annonce plutôt positif, avec un prix du lait supérieur à celui de cette fin d’année. La conjoncture est bonne sur les produits industriels, mais plus délicate sur les produits de grande consommation, la reprise économique tardant à se faire sentir. Néanmoins, cette conjoncture ne doit pas nous faire oublier la nécessité de structuration. Dès à présent, nous nous mettons en ordre de marche pour la contractualisation.