« Vous tirez une balle dans le cœur à la production de montagne »
Les syndicats FDSEA et JA ont invité parlementaires et préfète à une rencontre pour parler de la situation catastrophique des agriculteurs vendredi 5 février.
Loi Égalim, aides découplées, Pac, statut d’agriculteur… Tous les sujets qui préoccupent l’agriculture lozérienne ont été abordés avec le député Pierre Morel à l’Huissier, la sénatrice Guylène Pantel et la préfète de Lozère Valérie Hatsch, lors d’un petit-déjeuner de travail à Belvezet, sur l’exploitation d’Olivier Boulat, membre du bureau de la FNB, avant une visite de l’exploitation d’Isabelle Vielledent et de son compagnon Cyril Bonhomme, du Gaec les Bergeronnettes à Boissanfeuille.
Cette journée a permis aux élus et à la préfète de comprendre l’inquiétude des agriculteurs, au vu des informations faisant état d’une perte probable de revenus dus à une baisse des aides couplées.
Charges qui augmentent, prix en baisse
« On a les charges qui augmentent, les prix qui baissent, c’est catastrophique d’enlever ces aides », a dénoncé Isabelle Vieilledent lors de la présentation des difficultés que de jeunes agriculteurs rencontrent dans leur métier.
S’ils reconnaissent que les aides qui représentent « 57 % » de leur part (en comptant l’ICHN) « sont énormes », ils avertissent aussi « qu’aujourd’hui, si on enlève ces aides à la production, c’est plus cohérent du tout. Il faut qu’on maintienne les systèmes de production, sinon ça va être la course à l’hectare, et on se décentre de la Pac ».
D’autre part, a pointé Isabelle Vieilledent, les agriculteurs du territoire font vivre de nombreuses autres entreprises. « Si demain nous n’avons plus d’aides, nous serons le premier domino à tomber », a-t-elle averti.
L’inquiétude de la jeune génération
Installés en 2014, Isabelle Vielledent et Cyril Bonhomme mènent leur ferme à bout de bras et de passion. Changement de race, remise en état de surfaces abandonnées, autonomie : ce sont les trois objectifs qu’ils se sont fixés dès le départ. Si les deux premiers ont été rapidement atteints, l’autonomie semble toujours se trouver hors de portée, mais jamais assez loin pour qu’ils abandonnent leur idée. « La grosse inquiétude, c’est l’autonomie. On veut faire faire et faire du chiffre, si c’est pour acheter de la bouffe, ça sert à rien. Parce qu’on peut faire des kilos de viande, si c’est pour acheter des rations aux marchands d’animaux ou de fourrage, c’est inutile. Et ça nous dégoûterait presque du métier », dénonce Cyril Bonhomme. Selon la FNB, « en 23 ans, le prix payé à la consommation a augmenté de 73 %, celui des charges sur les élevages de 55 %, tandis que les prix payés aux producteurs n’ont pris que 21 % ».
Un message entendu
Si le constat d’un marasme économique est partagé par les deux parlementaires et la préfète de Lozère, ils sont aussi d’accord sur les remèdes à apporter. « On vend la viande à des prix qui ne sont pas normaux aujourd’hui. On ne peut malheureusement aujourd’hui avoir qu’une agriculture aidée, mais il faut toutes les aides possibles », a insisté le député Pierre Morel à l’Huissier. Une remarque appuyée par la sénatrice Guylène Pantel, pour qui « nous avons un frémissement avec des jeunes agriculteurs qui s’installent. On se doit d’être à leurs côtés ». Pour la préfète, « sur ce territoire, on se doit d’être unis pour défendre les beaux dossiers de la Lozère ».