Volailles fermières d’Auvergne : La dynamique de la filière bousculée par l’envol des charges
Directrice du syndicat des volailles fermières d’Auvergne (Syvofa), Patricia Nifle dresse le bilan de l’activité 2021 marquée par une bonne tenue des ventes notamment des festives mais aussi par la flambée des charges.

Dindes, chapons, poulardes auvergnats… ont-ils trôné en bonne place sur les tables de fête ?
Patricia Nifle : Tous les animaux qui ont été mis en place, ont été correctement vendus. Les volailles fermières d’Auvergne sont reconnues comme des produits de qualité qui séduisent les consommateurs. Toutefois, les changements dans les habitudes de consommation semblent s’être amplifiés cette année, avec un attrait plus marqué pour les pièces plus petites comme les chapons, poulardes et pintades, que pour les dindes. Il y a probablement un effet Covid avec des tablées plus petites, mais avant la pandémie, nous avions déjà constaté ce transfert. Ainsi par rapport à 2020, les ventes de dindes ont diminué de 19,72% au profit notamment des chapons jaunes (+3,48%), des poulardes blanches (+19,71%) et des pintades (680 400 pièces vendues en 2021).
Sur les ventes de volailles en général, quelle est la dynamique ?
P.N. : Les ventes sont bien orientées. La volaille est toujours l’une des viandes qui est la plus plébiscitée pour son coût modéré et ses apports nutritionnels.
Comment se positionnent les volailles fermières d’Auvergne dans le paysage des labels avicoles ?
P.N. : Nous sommes toujours en progression, de l’ordre de +2,4% alors qu’au niveau national, la volaille label est plutôt en baisse. La segmentation bio est aujourd’hui la plus délicate pour nous, comme c’est le cas dans plusieurs filières agricoles. Cette progression assez constante est le fruit d’un travail collectif qui paye. L’image de l’Auvergne est porteuse. Tous les dossiers mis en place pour répondre aux attentes sociétales sont bénéfiques : la traçabilité par l’image, l’étiquetage bien-être animal, le recours à la phytothérapie, l’alimentation non OGM…
Quelles sont les perspectives de développement ? Recrutez-vous encore de nouveaux éleveurs ?
P.N. : Nous avons atteint notre rythme de croisière en poursuivant notre renouvellement avec une vingtaine de nouveaux bâtiments par an. Le développement qui a été conduit depuis une dizaine d’années se mesure par le rajeunissement de nos éleveurs. Côté communication, nous poursuivons nos collaborations avec l’ASM (en tant que partenaire du club, le Syvofa parrainera le match contre Lyon début mars), avec des chefs cuisiniers, sur les réseaux sociaux…Cette année, pour gagner en lisibilité, le syndicat va se doter d’une charte baptisée « Bi-naturel »
qui regroupera toutes les actions menées en faveur des attentes sociétales. Enfin, des kits pédagogiques vont être mis à disposition des écoles.
Côté amont de la filière, outre le spectre de la grippe aviaire, les éleveurs sont confrontés à une hausse des charges sans précédent…
P.N. : En décembre, en lien avec le Syndicat national de Labels Avicoles de France (Synalaf), nous avons alerté sur les conséquences de ces explosions de charges. La première étape est de répercuter correctement les hausses auprès des clients (la grande distribution notamment) pour ensuite les répercuter auprès des contrats éleveurs. Des hausses sont passées mais le compte n’est pas encore bon. Des discussions sont toujours en cours. Pour le consommateur, qui plébiscite ouvertement les signes officiels de Qualité, cette majoration équivaudrait à un surcoût solidaire. On estime qu’il s’agirait d’augmenter le prix des poulets Label Rouge et Bio de 0,70 euros par poulet, celui des œufs Label Rouge de 0,12 euros par boîte de 6 œufs et celui des œufs bio de 0,30 euros par boîte de 6 œufs afin de garantir le revenu des éleveurs.