Viande bovine : « L’enfumage, c’est fini ! »
Depuis plusieurs semaines, un redressement des cours des vaches s’amorce, suite au mouvement de rétention des animaux, lancé par le syndicalisme. Bruno Dufayet, président de la fédération nationale bovine (FNB), explique.
Il y a quelques semaines, la FNB a appelé les éleveurs à une rétention des animaux en ferme. Ce mot d’ordre inédit a-t-il été suivi d’effets sur les disponibilités et les cotations ?
Ça fait trois ans que les prix chutent en viande bovine, avec pour conséquence des éléments franchement inquiétants : une décapitalisation de 3 % par an du cheptel allaitant, près de 2 000 éleveurs de moins chaque année… Et le Covid-19 a montré une nouvelle facette du marché de la viande : même avec une consommation au rendez-vous, des abattages qui se maintenaient, on a subi des baisses de prix sans que la filière subisse de crise. Pour les éleveurs, ça a été un ras-le-bol général. Les appeler à retenir leurs animaux en ferme, ou plutôt à décaler leurs ventes, sachant que les trésoreries étaient déjà au plus mal, a été une décision qui n’a pas été facile à prendre, c’était en quelque sorte un cri de désespoir.
Si aujourd’hui, on ne peut estimer concrètement combien d’animaux ont été retenus ou reportés, on sait qu’il n’y a pas besoin d’une rétention énorme pour impacter le marché. En tout cas, on a le sentiment que cette action a généré une prise de conscience à l’aval de la filière, qu’une nouvelle dynamique s’est créée, qui a commencé par le secteur de l’abattage et notamment le groupe Bigard, qui a été le premier à dire qu’il fallait enclencher cette dynamique, sous peine de ne plus avoir de production bovine française et de souveraineté en la matière. C’est historique ! D’autres opérateurs ont suivi, de même que la grande distribution qui a compris qu’il valait mieux arrêter la politique des prix bas, notamment sur le steak haché, mieux rémunérer les éleveurs et tendre vers les fameux coûts de production.