Vendanges 2025 : des récoltes en demi-teinte pour l'Allier
La récolte des vendanges de 2025 ne restera pas comme un bon souvenir pour Cédric Bonvin, et son frère Benoît, installés sur la commune de Montord, avec des hangars tous neufs de 600 m2, recouverts de panneaux solaires. La faute aux terribles conditions météorologiques qui ont mis à mal, le 25 juin, plus de la moitié de la collecte.
La récolte des vendanges de 2025 ne restera pas comme un bon souvenir pour Cédric Bonvin, et son frère Benoît, installés sur la commune de Montord, avec des hangars tous neufs de 600 m2, recouverts de panneaux solaires. La faute aux terribles conditions météorologiques qui ont mis à mal, le 25 juin, plus de la moitié de la collecte.
« Une année très compliquée »
Pouvez-vous nous présenter votre exploitation ?
Cédric Bonvin : Je suis associé avec mon frère Benoît depuis les années 2010. Nous avons également un salarié. Notre exploitation compte 21 hectares de vigne, dont la moitié en blanc, rouge et rosé. En blanc, nous avons des cépages, Tressallier, Sauvignon et Chardonnay, en rouge Gamay et Pinot noir. Une partie est en bio, et l’autre en transition bio, avec un cahier des charges à respecter. Nous avons également 80 hectares de céréales.
Comment s’est déroulé ce millésime 2025 ?
C.B : C’était très compliqué pour nous, puisque nous avons été en plein milieu de l’épicentre de la tempête du 25 juin 2025.
Nous avons commencé les vendanges le 10 septembre, soit 15 jours avant la norme, qui se situe autour du 20 septembre.
À cause du changement climatique, la vigne démarre plus tôt.
Pour tout ce qui est rouge, nous avons perdu environ 70 % de la récolte, et puis sur les blancs, nous avons souffert de la grêle, et de la sécheresse avec 60 % de perte environ.
Nous faisons donc une toute petite récolte, nous concernant. Nous sommes sur une quinzaine d’hectolitres par hectare, ce qui est très faible. La qualité est très correcte, malgré tout.
Nous avons eu du soleil, et un peu d’eau en fin de saison. Pour le moment, c’est assez surprenant, c’est très aromatique.
Tout ce qui est blanc, c’est très, très bon, et en rouge, il faut les laisser tranquilles jusqu’au printemps, histoire de les travailler un peu et de les laisser se reposer. Cela a permis d’avoir un apanage intéressant.
Cependant, nous ne compensons pas ce que nous vendons. Les assurances prennent tous les dégâts causés par la grêle. Cela paie les factures, mais pas les salaires.
Vous avez déjà connu de tels événements climatiques ?
C.B : Aussi forts, non, mais en 20 ans de métier, je n’ai connu, je pense, que 5 bonnes années.
Toutes les autres années, il y a eu de la grêle ou de la sécheresse.
Nous avons eu tous les aléas climatiques, malheureusement, que nous pouvons avoir, sur une carrière.
Nous sommes assez touchés par ce genre de choses. Le changement climatique augmente ce type de manifestations ; c’est ce que nous observons sur une échelle nationale.
Pouvez-vous nous parler de vos productions viticoles ?
C.B : Dans nos vins rouges, nous retrouvons le côté très aromatique des fruits rouges, et le côté cerise griotte.
Il faut attendre au minimum 6 mois à un an dans nos caves pour que notre vin puisse s’arrondir un peu, car nous sommes sur des sols argilo-calcaires.
Nous avons des vins qui ont un petit peu de tanin, d’où l’utilité de le laisser tranquillement vieillir.
Nous avons du cépage Gamay, qui va très bien sur la charcuterie, les terrines.
Tout ce qui est assemblage Pinot Noir accompagne parfaitement les viandes rouges et les gibiers.
Chaque gamme de vin que nous avons dans notre domaine a sa particularité.
Le rosé a un côté estival, plus festif. Il est localisé dans sa consommation de mai à septembre.
Le blanc en cépage Tressallier est un vin un petit peu acidulé, un petit peu sur les fruits litchis.
Certains blancs vont bien en apéritif, sur de la charcuterie, et d’autres se marient très bien avec le poisson.
On fait aussi des vins vieillis en fût de chêne, qui ont plus le profil de s’accommoder avec de la viande blanche.
Comment anticipez-vous l’évolution de votre production ?
C.B : La qualité commence d’abord à la vigne.
Si les vignes se portent mal, si elles ont des stress quelconques, indirectement cela va se connaître sur le vin.
C’est à nous de réagir à la réception des raisins. Tout le travail se fait donc en amont.
Pour continuer à produire de la qualité, il est important de commencer le travail par la base.
En ce mois de novembre, nous allons pouvoir commencer la taille. Il y a des vignes qui n’ont plus de feuilles, donc nous allons pouvoir attaquer avec nos sécateurs.
Chaque fois que nous taillons un pied de vigne, c’est que nous pensons à la prochaine récolte et aux années suivantes.
C’est un travail qu’il faut voir à très long terme. Si nous possédons des vignes qui ont pratiquement 70 ans, c’est bien que ceux qui ont été là avant nous en ont pris soin.
Nous avons des pieds qui sont toujours vivants.
Concernant le changement climatique, j’ai des collègues qui ont fait le pari sur le cépage Syrah, plus résistant à la chaleur, et moins consommateur d’eau. Il faut s’adapter, il n’y a pas le choix.
On travaille les sols, on supprime l’herbe. On fait de moins en moins concurrence à la vigne. Il y a des régions qui sont revenues à des cépages plus anciens, plus résistants.
Je suppose que c’est une fierté pour vous de mettre en avant cette richesse du territoire, qui a une histoire séculaire avec ce vin de Saint-Pourçain ?
C.B : Ici, dans notre région, nous avons tout : la viande, le vin, les céréales.
Nous sommes la quatrième génération sur cette appellation.
J’ai réussi à récupérer les vignes de mon grand-père et cela fait plaisir de travailler ces terres, où mon grand-père a fait du vin, il y a quelques années.
C’est toute une histoire de terroirs et de traditions qu’il faut voir aussi.
Cela fait partie des métiers où il ne faut pas y aller à reculons.
Nous recevons notre clientèle principale sur place pour environ 40 % de nos ventes, et nous écoulons également notre vin sur Paris, le Nord de la France, Lyon et sa région.
Nous restons sur des petites restaurations, mais il faut savoir que le Saint-Pourçain fait le bonheur des tables de grands chefs, et s’exporte aussi à l’étranger comme la Belgique, le Japon, et le Canada.
Comme nous produisons de moins en moins de volume, il faut faire attention à bien gérer nos stocks et maintenir notre marché.
Le Saint-Pourçain a une très bonne réputation. Son histoire abonde dans ce sens. Les touristes sont de plus en plus nombreux à s’arrêter dans notre région.
Leurs séjours, souvent dans les gîtes, que nous approvisionnons, s’étalent sur plusieurs jours. Ils en profitent pour goûter aux produits du terroir, et au vin en particulier.
Avec le syndicat des viticulteurs, l’office de tourisme, et l’agence d’attractivité Allier Bourbonnais, nous sommes en train de mettre en place le label "Vignobles et découvertes", pour une mise en valeur du territoire et le développement du tourisme en Bourbonnais.
Nous sommes ici sur votre exploitation avec des bâtiments neufs équipés de panneaux solaires. Une orientation nécessaire ?
C.B : Cela fait un an que nous sommes installés ici, et nous nous sommes orientés sur cette production d’électricité venant de panneaux solaires, pour nous aider à pérenniser notre entreprise sur le long terme. C’est une manière de se diversifier. Cette revente d’électricité à EDF est une source financière pour la poursuite de notre exploitation.
Pour conclure, que pouvons-nous vous souhaiter ?
C.B : Une bonne récolte pour la saison 2026, sans désagréments climatiques.
Nous essayons de nous adapter au mieux, nous faisons le dos rond. Il faut que l’année prochaine, il y ait du vin pour continuer à développer l’appellation de Saint-Pourçain dans de bonnes conditions.
La qualité est au rendez-vous, malgré les aléas climatiques. Nous travaillons beaucoup en cave, pour affiner notre travail.
Le vin est un produit qui se déguste, il faut lui rendre sa noblesse, et non pas le stigmatiser, comme nous pouvons le voir à travers certains slogans.
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