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Vacciner en zone indemne contre la DNC : le pour, le contre

Lors d'un webinaire organisé par la FNSEA et les JA le 13 novembre, Olivier Debaere, directeur de projet chargé des épizooties, directeur de crise et inspecteur en chef de la santé publique vétérinaire à la DGAL (direction générale de l’agriculture et l’alimentation, ministère de l’Agriculture), a détaillé la situation de la DNC dans l’Hexagone et la stratégie en termes d’éradication, de vaccination et d’export.

Zones réglementées et vaccinales au 12 novembre 2025.
© Ministère agriculture

Pourquoi la DNC est classifiée en catégorie A ?

La DNC est classée en droit européen en catégorie A même si elle n’est pas transmissible à l’Homme. C’est sa forte contagiosité et les préjudices importants qu’elle cause aux cheptels bovins qui justifient son classement et les mesures drastiques de gestion qui en découlent, notamment le dépeuplement des foyers. Elle est à éradication obligatoire.

Quels animaux sont abattus ?

Ceux des foyers, c’est-à-dire des lots au sein desquels un animal malade est apparu. Les autres animaux du lot, même asymptomatiques, sont en effet virémiques et donc infectieux. La moitié des foyers abattus depuis fin juin avait moins de 10 bovins, les deux tiers moins de 20. Au total, ce sont un peu plus de 2 700 bovins qui 
ont été abattus. “Si on fait un dépeuplement partiel, on donne sa chance au virus de se propager et de créer d’autres foyers”, appuie Olivier Debaere.

A lire aussi/Le vrai, le faux sur la DNC pour être bien informé

Quelle est la situation à date ?

Au 12 novembre, la France comptait 101 foyers répartis dans 68 élevages de six départements. Les Savoie (aujourd’hui zone “éteinte”) représentaient 77 foyers, les Pyrénées orientales 14 (zone encore chaude), le Jura 7 (zone jugée tiède), l’Ain 3, le Rhône 1. On ne compte “plus” aujourd’hui que trois zones réglementées, les deux autres (Savoie et périphérie + une partie du Rhône) sont passées en zone vaccinale
Une zone réglementée devient une zone vaccinale (avec de moindres contraintes sur les mouvements d’animaux) 45 jours après le dernier dépeuplement et si 75 % des bovins de la zone ont été vaccinés depuis plus de 28 jours dans 90 % des élevages.

Est-on au pic  de la maladie ?

Il y a eu deux pics de la DNC depuis son arrivée dans les Alpes françaises : un premier dans les Savoie avec une phase d’explosion des cas entre le 29 juin et la mi-juillet, suivie d’une phase de plateau et d’une décrue forte et rapide sur le mois d’août. “On a vraiment cru à la fin de l’été qu’on avait maîtrisé la crise”, confie le représentant de la DGAL. Ç’aurait pu être le cas si des mouvements d’animaux intempestifs n’avaient pas “fait s’échapper le virus” en dehors de la première zone réglementée.  Le second pic se situe vers la mi-octobre dans les Pyrénées 
orientales où la maladie a sauté la frontière depuis l’Espagne. On est actuellement en phase descendante. 
Y’aura-t-il un troisième pic ? Tout dépendra du respect strict ou pas des mesures de maîtrise et d’éradication.

Devra-t-on revacciner en 2026 ?

L’efficacité du vaccin est de 18 mois environ. Tout va donc dépendre de la date de vaccination des animaux même s’il est recommandé de vacciner tous les ans. La question va en tout cas se poser pour les veaux qui ne bénéficient de l’immunité maternelle que trois mois suivant leur naissance. N’affecte-t-on pas la santé des bovins en multipliant les vaccins ? Non, les vaccins FCO et MHE sont élaborés à partir de virus inactivés. Contrairement à celui de la DNC.

Et ailleurs en Europe ?

L’Espagne, où un premier foyer est apparu début octobre, en compte 18 aujourd’hui. Les mesures mises en œuvre sont les mêmes qu’en France. Le taux de vaccination est à ce jour de 50 % dans la zone définie. En Italie, la Sardaigne (78 foyers) n’a pas encore réussi à maîtriser la DNC malgré un taux de vaccination à plus de 80 %. Le foyer apparu sur la péninsule en Lombardie (lié aux premiers cas en Sardaigne) a été rapidement éteint.

Vacciner à titre préventif les bovins en dehors des ZR ?

La décision n’est pas prise à ce stade “ni dans un sens, ni dans l’autre”, répond le cadre du ministère de l’Agriculture. Il y a du pour et du contre. “Si on vaccine, on protège les animaux avant qu’ils ne rencontrent le virus mais il y a des inconvénients à cela : on se ferme des marchés”, poursuit Olivier Debaere. 
En droit européen, les animaux vaccinés doivent en effet répondre à six conditions minimales pour pouvoir être exportés. Les premières sont “simples” : que l’État membre destinataire soit d’accord, que les bovins fassent l’objet d’un examen clinique par un vétérinaire avant leur départ, qu’ils soient vaccinés depuis plus de 28 jours (ou pour les veaux immunisés car nés d’une mère vaccinée), qu’ils soient détenus 28 jours en amont du départ dans l’élevage. Les deux dernières sont plus délicates : aucun foyer ne doit avoir été confirmé dans un rayon de 20 km autour de l’exploitation dans les trois mois précédents et tous les bovins détenus dans un rayon de 50 km dans cette zone vaccinale doivent être vaccinés depuis 60 jours. 

“Le vaccin, c’est comme un extincteur, moi je préfère qu’on ne jette pas de mégot à côté de l’arbre, via des transports illicites”, conclut Olivier Debaere.

À ce stade, Espagne, Belgique, Pays-Bas ont dit réfléchir, la Suisse a dit oui pour les animaux destinés à l’abattoir, l’Italie a elle dit “ok” mais en ajoutant une septième condition : un test préalable à l’export. Les discussions sont en cours. Quant aux pays “tiers” (hors UE), “il y a autant de conditions que de pays, qui diffèrent en plus selon qu’on exporte des bovins vifs, de la semence, de la viande, du lait...” (le Maroc a dit non par exemple à l’importation d’animaux), résume Olivier Debaere, indiquant qu’une cellule de diplomatie sanitaire est à l’œuvre au ministère. 
Du côté de l’Anses, Éric Cardinale, spécialiste de la maladie estime que si la stratégie en place est bien respectée (dépeuplement des foyers, vaccination dans les ZR et contrôle strict des animaux), la vaccination préventive n’est pas nécessaire. 

 

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