Autonomie
Une meilleure autonomie protéique pour obtenir au final un meilleur revenu
Bruno Ramousse, éleveur de bovins allaitants à Bellevue La Montagne, a entièrement revu son système d'exploitation pour viser une meilleure autonomie protéique et fourragère. Mission réussie dans le cadre du programme Cap Protéines.
Bruno Ramousse, éleveur de bovins allaitants à Bellevue La Montagne, a entièrement revu son système d'exploitation pour viser une meilleure autonomie protéique et fourragère. Mission réussie dans le cadre du programme Cap Protéines.
Impactés à plusieurs reprises par des épisodes de sécheresse (de 2009 à 2015), Bruno Ramousse installé en bovins allaitants (48 limousines sur 78 ha de SAU) à Bellevue la Montagne, a progressivement fait évoluer le système de son exploitation, vers plus d'autonomie fourragère, alimentaire et protéique. Une adaptation et une performance qui lui ont permis de rejoindre le peloton de tête des 12 meilleurs élevages repérés en France par l'idele-Institut de l'élevage ; un repérage qui a abouti à l'attribution d'un prix "Cap Protéines" (un Trèfle d’Or remis le 31 mars à l'hôtel du Département au Puy-en-Velay) pour cet élevage jugé exemplaire en terme de gestion d'autonomie protéique.
Plusieurs leviers activés
Examinons les changements de pratiques de cette exploitation, ferme de référence du réseau d'élevage Inosys* depuis de nombreuses années, et engagée dans le programme Cap Protéines, d'une durée de deux ans (janvier 2021-décembre 2022), mis en place dans le cadre du plan France Relance. Durant 2 ans, cette ferme a fait l'objet d'un suivi d'élevage, réalisé par la Chambre d'agriculture de Haute-Loire, via "Devautop", l'outil de diagnostic de l'autonomie protéique. "Et pour atteindre un bon niveau d'autonomie alimentaire puis protéique en 5 ans, Bruno Ramousse a activé plusieurs leviers en simultané ou en cumul progressif" explique Philippe Halter, conseiller références bovins viande à la Chambre d'agriculture.
Sécuriser son système fourrager et gérer son pâturage
Chez Bruno Ramousse, la première étape a consisté à sécuriser son système fourrager en vue d'être au maximum autonome. Pour ce faire, l'éleveur a fait évoluer la gestion de son troupeau en diminuant le nombre d'UGB (de 85 UGB en 2015 à 75 UGB en 2023) et a mis en place des prairies temporaires plus productives. "J'ai semé des prairies riches en légumineuses (trèfles, luzerne) en associant avec des graminées ou en mélanges plus complexes. J’ai également implanté du méteil (mélange de triticale-pois fourrager, vesce, avoine, blé), une culture annuelle riche en fibres, que l'on peut moduler (récolte précoce ou tardive) et qui offre un bon rapport entre la qualité et la quantité d'herbe récoltée".
"En 2016, le méteil fourrager ajouté à l'enrubannage riche en légumineuses, a permis de réduire les concentrés des rations et de reporter des stocks sur 2017" signale
Philippe Halter. Bruno Ramousse a par ailleurs implanté des dérobées fourragères fauchées ou pâturées qui participent à l'autonomie du système alimentaire.
La gestion du pâturage fait partie des leviers qui ont été activés de façon à tirer tous les bénéfices de cette pratique. "Je procède à une mise à l'herbe le plus tôt possible au printemps en installant mes animaux sur les parcelles dès que l'herbe pousse. J'ai mis en place le pâturage tournant (en limitant le temps de présence entre 5 et 6 jours par parc) et j'adapte les lots d'animaux au parcellaire. J'ai également augmenté le nombre de points d'eau et rajouté des bacs d'eau. Je m'aperçois que plus le temps passe et plus je dois amener de l'eau au pâturage, certainement en raison du changement climatique... D'ailleurs cette année, pour la première fois, j'ai dû acheter une tonne à eau !".
Raisonner sur une autonomie pluriannuelle
Bruno Ramousse a opté pour deux périodes de vêlage dans l'année. Il a réformé 23 vaches en 2015 pour réduire les besoins du troupeau puis calé les vêlages sur deux saisons, à l'automne et au printemps ; ce qui allège les besoins en fourrages, répartit les risques (sanitaires...) et les entrées de trésorerie sur 2 saisons. Le travail conduit sur la génétique participe également à sa performance en termes d'autonomie du système. "Je travaille sur les qualités maternelles des vaches productives et sur la croissance des animaux, via l'insémination avec le GIE Lim'Avenir 43 et XR Repro. Si les sécheresses nécessitent parfois de complémenter les mères" note l'éleveur, Philippe Halter invite les agriculteurs à “raisonner sur une autonomie pluriannuelle en récoltant du stock de fourrage les bonnes années pour les années plus difficiles. Dans l'idéal, il faudrait avoir au moins 1/3 de stock de fourrage d'avance au moment de la mise à l'herbe afin de pouvoir pallier les aléas climatiques futurs". Ajoutons que le fonctionnement autour de deux périodes de vêlage a permis de réduire l'âge au vêlage des génisses (qui est passé de 36 mois à 30 puis bientôt à 24 mois pour une partie) avec une productivité équivalente, moins d'UGB et moins de frais.
Bruno Ramousse a également travaillé sur la gestion de ses effluents en vue d'améliorer leur valorisation et ainsi devenir plus autonome en engrais. "L'apport régulier de fumier sur les prairies permet d'obtenir une meilleure productivité" explique-t-il.
Impact économique
"Au final mon revenu s'est nettement amélioré suite au travail que j'ai conduit sur l'autonomie de mon système (alimentaire, protéique et fourrager). J'aurais dû mettre ces leviers en action plus tôt. Je n'avais pas pris le temps de me remettre en cause".
* Le dispositif INOSYS Réseaux d'élevage a pour finalité la production de références sur le fonctionnement et la durabilité des systèmes d'élevage français. Mis en œuvre avec le soutien financier du Ministère de l'agriculture et de la Confédération Nationale de l'Elevage et déployé dans l'ensemble des productions herbivores, il s'appuie sur un réseau de 1600 éleveurs suivis par environ 200 conseillers des Chambres d'agriculture et de divers organismes techniques, animés par l’Institut de l’Élevage.
Infos Plus
Vous souhaitez engager votre exploitation dans une
démarche vers l'autonomie protéique, obtenez plus
d’infos sur les leviers mobilisés :
- Témoignages d’éleveurs renforçant leur autonomie protéique –Cap Protéines :
https://www.cap-proteines-elevage.fr et site de la Chambre Agriculture 43 :
https://extranet-haute-loire.chambres-agriculture.fr/elevage/bovins-via…
Renseignement auprès de vos conseillers élevage et
fourrage de la Chambre d'agriculture de Haute-Loire.