« On a une maladie, et on a une solution » : Yvan Cordier, Préfet de Haute-Loire
Alors que le monde agricole s'embrase autour de la crise sanitaire de la DNC en France, le Préfet de Haute-Loire a réuni la presse et la profession, mercredi 10 décembre à Landos, pour communiquer sur le bien-fondé du dispositif de lutte en place et sur son efficacité.
Alors que le monde agricole s'embrase autour de la crise sanitaire de la DNC en France, le Préfet de Haute-Loire a réuni la presse et la profession, mercredi 10 décembre à Landos, pour communiquer sur le bien-fondé du dispositif de lutte en place et sur son efficacité.
Éradiquer la maladie
C'est au Gaec de Praclaux à Landos, sur l'exploitation de Jérôme Grasset président du GDS 43 (Groupement Départemental Sanitaire) et ses 4 associés (Hervé, Jean-Baptiste, Élie et Allan Bérard) que le Préfet de Haute-Loire Yvan Cordier a donné rendez-vous à la profession et à la presse, mercredi 10 décembre, pour échanger avec le monde agricole sur la Dermatose Nodulaire Contagieuse et sur les mesures prises pour éradiquer la maladie du territoire français.
Formations erronées ou incomplètes, "fake news"
Pourquoi cette rencontre ? Il explique : « On vit une période compliquée pour l'agriculture avec la DNC » qui sévit en France, avec la découverte le jour même d'un nouveau foyer en Ariège, et depuis plusieurs semaines, des informations erronées ou incomplètes voire des "fake news" qui cristallisent le débat, divisent la profession et exacerbent les tensions. Le Préfet a insisté sur la « ligne stratégique très claire » de la Ministre de l'Agriculture pour sortir au plus vite de cette dramatique situation sanitaire ; une stratégie qui s'articule autour de 4 points indissociables et incontournables :
1. Détection précoce des symptômes par les éleveurs et alerte auprès des vétérinaires et organismes sanitaires ;
2. Restriction de mouvements des bovins, et à ce propos, le Préfet a demandé aux forces de gendarmerie de renforcer les contrôles de bétaillères sur le département afin de relever les infractions pénales ;
3. Dépeuplement massif dans les élevages où un cas est avéré, c'est-à-dire abattage systématique du cheptel ;
4. Vaccination de tous les bovins dans les zones réglementées.
Un protocole qui marche
« On a une maladie, on a une solution. Ce protocole sanitaire fonctionne. La preuve, les ZR sur les départements de Savoie, Haute-Savoie et Isère ont été levées » souligne Yvan Cordier.
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Et le Préfet a ajouté que la ministre de l'Agriculture souhaite que ce message soit collectivement véhiculé auprès des agriculteurs, et c'était donc le but de cette conférence de presse.
Au vu des réactions parmi les éleveurs présents, avec des positions parfois diamétralement opposées, et aux événements qui font la Une des médias ces derniers jours notamment dans la zone Ariège-Pyrénées ou encore aux portes de la Haute-Loire en Lozère-Ardèche, et même au Puy ce mardi 16 après-midi.
Dans un contexte émotionnel fort, il est difficile de faire entendre la voix de la raison et de convaincre dans l'intérêt collectif d'éradiquer la DNC.
Les réactions des agriculteurs présents à Landos ce mercredi, sont divergentes. L'un prône pour une vaccination totale du cheptel bovin français, un autre s'inquiète du devenir des animaux destinés à l'exportation et confinés dans les ZR, d'autres s'interrogent sur la découverte de cas isolés distants de plus de 100 km des foyers connus… tous s'inquiètent pour leurs animaux.
Des mouvements d'animaux irréguliers
Le Préfet, le président et le directeur du GDS, ou les représentants de la DDETSPP de Haute-Loire ont chacun essayé de répondre aux questions des agriculteurs présents. Sur la vaccination obligatoire en France, ils ont mis en garde les éleveurs expliquant qu'une telle décision ferait perdre son statut "indemne de DNC" à la France et mettrait en péril les échanges commerciaux sur les animaux, la viande et les produits laitiers. Pour expliquer les cas isolés, dans le Rhône, le Doubs, le Jura ou encore l'Ariège récemment, ils ont clairement mentionné des mouvements d'animaux irréguliers, un non-respect du protocole de restriction de mouvements d'animaux en provenance de ZR, tout en précisant que des enquêtes épidémiologiques et judiciaires sont en cours.
En savoir plus : Foyer DNC du Doubs : ce que dit l’enquête épidémiologique
Le préfet a souligné que si ces enquêtes démontrent des mouvements irréguliers, les protagonistes s'exposent à des sanctions et les éleveurs pourraient ne pas être indemnisés.
Traumatisme psychologique
Sur l'abattage total des troupeaux – le principal point de désaccord à l'origine des manifestations d'ampleur que l'on connaît dans le sud-ouest et un peu partout en France – le Préfet a rappelé que le protocole en place limite la propagation de la maladie et que l'abattage de troupeaux, même s'il est douloureux pour les éleveurs, est un moindre mal face aux risques de la maladie qui affiche un taux de morbidité de 40 %, et un taux de mortalité de 7 à 10 %.
Nicolas Merle président de la FDSEA a réagi avec son âme d'éleveur : « l'abattage de tout un cheptel est difficile à accepter. Même si sur un plan économique on est indemnisé, c'est toute une vie de travail qui est anéantie. Il faut donc prendre en compte cet aspect psychologique chez les éleveurs concernés ».
Derrière une inquiétude palpable, tout le monde espère que la DNC ne franchira pas les frontières du département, et pour cela, les instances professionnelles et administratives incitent chacun à respecter à la lettre la stratégie de lutte mise en place.