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Une journée avec... Frédéric Almendros Procureur du tribunal d’Aurillac

“Je suis celui qui dit si les règles ont été respectées ou pas”, précise le procureur.
“Je suis celui qui dit si les règles ont été respectées ou pas”, précise le procureur.
© P.O.

En entrant dans le bureau de Frédéric Almendros, la première chose qui attire le regard, c’est la Une de Charlie Hebdo affichée au mur, celle des rescapés du 7 janvier 2015 avec un prophète qui “pardonne tout”. Une Une à l’image de ce procureur singulier, au regard pétillant et à l’accent des rives méditerranéennes, qui se définit avant tout comme “le premier gardien des libertés individuelles”. En poste au tribunal d’Aurillac depuis septembre 2014, Frédéric Almendros a prêté serment il y a tout juste 20 ans, après des études de droit à Paris. “Je voulais être commissaire de police, puis avocat, relate le parquetier. Mais je me suis pris de passion pour le droit pénal et j’ai passé le concours de la magistrature…”, décroché en 1996. “Ce qui m’intéresse dans le droit pénal, c’est le facteur humain, qui peut être hyper décevant mais aussi hyper instructif”, expose le magistrat pour qui la fonction de procureur est celle qui permet de rencontrer le plus de justiciables, “d’être au fait de tout ce qui se passe ; en contact avec les OPJ (officiers de police judiciaire, NDLR)”. Car il le reconnaît, son moteur c’est bien ça : l’actualité, l’incertitude, l’événement...

“Architecte, maçon, expert...”

De fait, le quotidien du représentant du Parquet, qui compte à Aurillac deux substituts, est fait d’échanges permanents avec le président du tribunal, le préfet, le commissaire de police, le commandant du groupement de gendarmerie, les avocats, ses collègues, les partenaires des instances judiciaires, etc. Des contacts qui alternent avec le traitement des procédures et l’orientation des dossiers. Dans un Parquet à trois magistrats, “on est en même temps architecte, maçon et expert !”, image Frédéric Almendros, qui peut être saisi à tout moment par les OPJ pour un panel d’infractions qui vont de l’insulte commise dans un cadre privé au meurtre, “en passant par une pollution d’envergure, un crash d’avion, la consommation de stups, des accidents mortels de circulation… bref tous les faits “divers”, égraine le parquetier. En précisant que si les homicides sont fort heureusement rares dans le Cantal - contre un meurtre hebdomadaire à Pointe-à-Pitre (lire ci-dessous) - l’activité judiciaire est loin d’y être pour autant un long fleuve tranquille avec, quand même, pas moins de 5 900 procès-verbaux dressés chaque année.

Régulateur social

L’image du procureur accusateur public ? Très peu pour lui : “Le procureur n’est pas celui qui requiert au nom de la société mais au nom de la loi. Je suis celui qui dit si les règles ont été respectées ou pas, autant par la personne poursuivie que par les enquêteurs et, le cas échéant, pour requérir la peine la plus adaptée en fonction de la gravité, de la personnalité et de la résonance sociale”, précise Frédéric Almendros, qui voit dans sa fonction celle d’un véritable “régulateur social”. Pour lui, l’important est avant tout que les décisions soient “comprises”. Le gage d’une justice “humaine”. Une responsabilité forcément lourde y compris quand il s’agit d’expliquer aux enquêteurs que leur procédure est “foireuse” et qu’elle sera donc classée sans suite… même avec, au fond de soi, l’intime conviction qu’il y a délit. “Il nous faut conjuguer loyauté, envers tout le monde, discernement, mais aussi courage, peut-être encore plus quand il faut classer une affaire…” Ce discernement n’empêche pas, bien au contraire, le doute, permanent. “Si on ne l’a pas, il faut arrêter ce métier”, tranche Frédéric Almendros, qui reconnaît avoir parfois changé de position au cours d’une audience au vu d’éléments apparus sous un nouvel éclairage. Toujours le facteur humain… et une pression constante que le procureur évacue à travers la peinture, le bricolage, le jardinage et la pratique assidue d’un humour à toute épreuve… Quid de l’(in)dépendance du Parquet vis-à-vis du ministère public ? “On peut nous obliger à faire mais pas à “ne pas faire”, explique le procureur. Si je décide de classer sans suite une affaire, le justiciable peut faire appel de la décision auprès du Procureur général, mais ce dernier ne peut me contraindre à classer sans suite un dossier. Il n’y a pas de passe-droit. Notre force, c’est notre éthique chevillée au corps, liée au serment qu’on a prêté. L’éthique pour moi, c’est la déontologie passée au crible de la conscience.” Procureur, humaniste... et philosophe.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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