Aller au contenu principal

« Une embellie oui, mais fragile... »

Le président de la FNP, se dit « raisonnablement optimiste » quant à l’évolution des cours du porc ces dernières semaines, mais il appelle à ne pas s'endormir sur cette embellie.

Paul Auffray, président de la FNP, est éleveur à Plouvara près de Saint Brieuc. 45ha de cultures- 1600 places d’engraissement- une maternité collective à 3 associés (700 truies)- vente en coop.
Paul Auffray, président de la FNP, est éleveur à Plouvara près de Saint Brieuc. 45ha de cultures- 1600 places d’engraissement- une maternité collective à 3 associés (700 truies)- vente en coop.
© C.Rolle

Depuis quelques mois le cours du porc est remonté. Cette embellie sonne-t-elle la fin d’une longue période de crise ?

Cela fait près de 10 ans que la crise fait des ravages dans la production porcine. Crise financière au départ elle s’est ensuite transformée en crise économique engendrant des situations très compliquées dans les exploitations. Alors c’est vrai, les cours du porc remontent depuis mai/juin et c’est tant mieux ! Sur les 6 premiers mois de 2016, le prix moyen perçu par les éleveurs est de 1,38 €/kg en moyenne pour un coût de production de 1,41 €/kg. L’embellie estivale a donc permis de ramener les situations à peine à l’équilibre à l’instant t, mais c’est sans compter les années d’arriérés déficitaires. Ainsi, à fin 2015, les centres comptables chiffraient ce déficit en cumul à -15 cts/kg entre 2002 et 2014 et -7 cts/kg supplémentaires en 2015. C’est près de 100 000 € de pertes pour un éleveur moyen sur les 10-15 dernières années. C’est pourquoi, même si le thermomètre a baissé, les éleveurs sont encore malades et la convalescence va durer longtemps. Il faudra que la situation perdure un bon moment pour retrouver une vraie santé financière.

 

Quel est l’élément déclencheur de cette hausse ?

Le marché du porc est un marché très ouvert et donc extrêmement sensible aux variations ; quand il tousse il y a une répercussion immédiate sur les prix. L’embargo russe que nous subissons depuis deux ans et demi maintenant en est un triste exemple… A l’inverse l’ouverture d’un marché comme celui de la Chine au printemps dernier, a permis de relancer les cours et d’atteindre des niveaux de prix plus rémunérateurs pour les producteurs. C’est un soulagement pour les éleveurs français qui après 10 années de de crise commencent à se refaire une santé… Est-ce que cela va durer ? Je n’ai pas d’éléments objectifs pour répondre mais je suis raisonnablement optimiste quant à l’évolution du marché. Nous exportons 30% du porc français à travers des pièces grasses non consommées en France mais qui répondent à une demande de consommation extérieure ; on peut donc être optimiste !

 

Quelles sont aujourd’hui les préoccupations de la production porcine ?

La conjoncture des dernières semaines et un climat plus apaisé dans la filière ne suffisent pas à faire oublier les années de crise, ses répercussions et les difficultés que nous connaissons aujourd’hui. Nous sommes par exemple très préoccupés par la baisse de consommation des viandes en Europe occidentale et très inquiets de notre très grande dépendance aujourd’hui à l’export vers la Chine. C’est pourquoi nous restons particulièrement mobilisés au sein de la FNP pour faire avancer nos ambitions syndicales au service des producteurs français : compétitivité des structures et des filières, consolidation des marchés français et étrangers, réduction des charges sont nos axes prioritaires de travail. Au cœur de toutes ces actions, nous devons faire reconnaître que le porc français a un atout qualitatif que l’on ne valorise pas ! Il faut cesser de réduire l’intérêt du porc au seul prix bas et poursuivre le travail engagé depuis deux ans pour investir les relations commerciales. Il est temps d’arriver à des relations tripartites entre producteurs, industriels et éleveurs, car nous ne pouvons plus être exclus de la chaîne de valeurs.

Nous devons par ailleurs nous prémunir des prochains coups durs en mettant en place un fonds d’urgence au bénéfice des éleveurs de porcs, alimenté par la profession et la filière ; un fonds qui pourrait être activé très vite en cas de nouvelle crise et qui éviterait ainsi la disparition de 10 à 20% des éleveurs porcins comme nous l’avons connue ces dernières années.

Le renouvellement des générations est devenu un réel problème en production porcine. Nous avons vu des producteurs de 30/40 ans cesser l’activité ; un constat qui n’incite pas forcément à s’installer et à trouver de la main d’œuvre sur les exploitations. Nous réfléchissons donc au financement des exploitations, et au portage des capitaux si nous voulons pouvoir installer demain.

Enfin la présence de la peste porcine dans les pays de l’Est, y compris en Pologne, nous inquiète fortement. Sa progression pourrait en effet stopper net le développement de l’export. Nous ne cessons d’alerter l’administration française et les élus sur ce sujet, et demandons aux dirigeants d’arrêter l’importation de sangliers vivants en France pour les besoins de la chasse ; car c’est ce qui se passe aujourd’hui…

 

Que pensez-vous de la production régionale ?

L’ensemble des éleveurs français a souffert et particulièrement les zones à faible densité comme l’Auvergne. Nous connaissons une forte déprise porcine dans le sud de la France. Pourtant nous avons besoin de production locale. Il y a de la place pour de nouveaux éleveurs encore faut-il se démarquer de la production de masse… La création en son temps de la marque « Porc de Montagne » montre qu’il faut savoir inventer son propre modèle pour cultiver l’image de la région et en retirer une plus- value. Nous devons plutôt jouer la carte identité et territoire, via des démarches de qualité. Conserver des petites unités de transformation est aussi un atout ; cela contribue localement au maintien d’élevages, d’un tissu artisanal dense et indispensable pour la vie des territoires régionaux. À nous de trouver les bons équilibres.

Les plus lus

Une dame dans une pièce.
Hôpital d’Aurillac : “Je n’ai pas pour habitude d’abandonner”

Attaquée sur les réseaux sociaux puis lors du conseil municipal d’Aurillac, la directrice réagit.

Attaques de loup dans le Cantal : hécatombe en une semaine

A trois jours d'intervalle, les troupeaux ovins de Jérôme Planchot et Guillaume Roux ont été attaqués dans le secteur de Murat…

Vautours : quatre veaux réduits à l'os dans les Monts du Cantal

Quatre veaux retrouvés à l'état de squelette dans deux estives attenantes des Monts du Cantal. Sur l'un d'eux, une soixantaine…

Coureurs trailers en descente sur un chemin dans le brouillard.
Et si un Cantalien s’adjugeait l’UTPMA ?

Dans un ultra trail du Cantal (UTPMA) réputé pour sa technicité, sa variété et ses paysages, l’expérience du terrain pourrait…

Quel sera le futur de la Commanderie templière ?

La commanderie templière de Celles sort d’une longue léthargie grâce à la passion de Claude  et Bernadette Aguttes, ses…

les quatre personnes de la famile Soule
À tire d’aile, 20 ans de diversification pour le Gaec des Tuyas Dorés

Depuis 20 ans, le Gaec des Tuyas Dorés à Saint-Poncy élève et commercialise des volailles en plus de son atelier de vaches…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière