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Une conjoncture laitière favorable dont ne tirent pas parti les producteurs français

Collecte laitière à la peine dans les principaux pays exportateurs et demande mondiale soutenue alimentent la croissance exponentielle des cours des produits laitiers.

Décapitalisation et inflation des coûts conduisent au repli de la production française.
Décapitalisation et inflation des coûts conduisent au repli de la production française.
© Réussir

+ 1 600 EUR en un an pour les cours de la poudre de lait écrémé,
+ 2 200 EUR/t pour ceux du beurre , soit une augmentation + 60 % en un an pour ces deux produits laitiers industriels : cette exceptionnelle fermeté des cours est à mettre en relation avec l'évolution peu dynamique de la production laitière dans les grands bassins exportateurs mondiaux depuis l'été 2021. Entre janvier 2021 et janvier 2022, la production mondiale a ainsi affiché un repli de 389 millions de litres (- 1,6 %) avec un repli notable en Océanie. La sécheresse intense de l'été dernier dans l'Hémisphère sud ayant généré une baisse de production respectivement de - 6,3 % et - 8,2 %. Aux États-Unis, la baisse de la collecte s'accentue (- 1,6 % en janvier) corrélée à une décapitalisation du cheptel laitier et à des épisodes climatiques là aussi secs. La collecte de l'Union européenne poursuit elle aussi son recul (- 0,4 % au premier trimestre 2022) mais dans de moindres proportions qu'au trimestre précédent et avec des situations contrastées selon les pays producteurs : Allemagne, France, Pays-Bas et Irlande - soit les quatre principaux pays producteurs - accusent une baisse allant de - 1,9 (France) à - 4,1 % (Irlande) tandis que la collecte progresse fortement en Pologne, Belgique, Hongrie et Autriche, limitant de fait la baisse globale de l'UE.

Commerce international au ralenti
Ce début d'année 2022 est par ailleurs marqué par des échanges mondiaux globalement atones qu'expliquent deux phénomènes : un repli des importations chinoises pour la plupart des produits (après avoir constitué d'importants stocks en 2021 et du fait de complications aux frontières suite à la reprise épidémique dans le pays) et des exportations américaines de poudre de lait en recul. La demande mondiale soutenue associée à une offre limitée conduit au maintien de cours des produits laitiers orientés à la hausse.
Même constat pour l'Union européenne : les exportations de produits laitiers des Vingt-sept sont globalement en baisse en 2021 en raison d'échanges avec le Royaume-Uni rendus compliqués par le Brexit et la crise sanitaire et d'exportations vers l'Algérie freinées par de nouvelles réglementations. À noter également un fléchissement des exportations de fromages en fin d'année et un bilan 2021 qui s'achève sur un repli de 1 % par rapport à l'année précédente.
Collecte française : la plus basse depuis 2015
La collecte tricolore est en repli en janvier (- 1, 9 %) pour le cinquième mois consécutif, la baisse enregistrée sur l'année 2021 est la plus forte depuis cinq ans et la crise laitière de 2015/2016. En cause : une réduction accélérée du cheptel conjuguée à une inflation du coût des intrants. La tendance est la même (- 2,2 %) en Auvergne-Rhône-Alpes. Comme sur les marchés mondiaux, la dynamique est haussière pour les cours de la poudre de lait écrémé (+ 200 EUR/t entre fin février et début mars et + 55 % sur sept mois), le beurre (+ 48 % depuis août 2021) et la poudre de lait entier.

Prix du lait : des records... sauf en France
Dans ce contexte, en janvier 2022, le prix du lait européen a atteint un nouveau record à 420 EUR/t soit + 20 % par rapport à 2021. Hausse qui dépasse les 20 % voire même les 30 % en
Allemagne (+ 24 %),  aux Pays-Bas (+ 31 %) et en Irlande (+ 39 %). En France, malgré des indicateurs de marché des plus favorables, l'augmentation est nettement contenue : + 4,3 % en janvier par rapport à décembre 2021 et + 15 % sur les douze derniers mois glissants. Le prix du lait conventionnel en France est largement (- 10 %) en-deçà de la moyenne UE : 376 EUR/1 000 l (393 EUR pour le lait toutes qualités confondues). Insuffisant pour paralyser l'explosion des charges en élevage : l'indice Ipampa a gagné 16 points en un an, ce qui correspond à une hausse de 40 EUR/1 000 l. Par conséquent, la marge laitière s'érode, atteignant le niveau le plus bas depuis cinq ans.
Lait AOP : loin de l'indicateur
Dans le Cantal, le prix moyen du lait s'est établi à 340,5 EUR/1 000 litres sur l'année 2021, en hausse de 26 EUR par rapport à 2020 (+ 8 %) avec des variations inter-entreprises qui peuvent atteindre près de 16 EUR les 1 000 l. S'agissant du lait AOP, la moyenne s'élève à 384,64 EUR/1 000 l (+ 14 EUR/1 000 l), soit un différentiel de + 44 EUR par rapport au lait conventionnel. Et des écarts plus importants entre l'entreprise la mieux-disante et celle la moins-disante : 23,15 EUR. Dans tous les cas, on est encore bien loin de l'indicateur AOP calculé à 415 EUR/1 000 l pour 2021, en hausse de 27 EUR par rapport à sa valeur de 2020. Cette progression de l'indicateur AOP est cependant majoritairement due (17 EUR) à la hausse de la valorisation des coproduits, phénomène qui s'accentue sur le début d'année 2022.
Quelles perspectives ?
Pas de redressement attendu de la collecte laitière dans l'Hexagone, au contraire. Les indicateurs de marché devraient parallèlement continuer de progresser au moins jusqu'en juin selon les experts avec une valorisation beurre/poudre qui devrait tendre vers les 600 EUR/t et un prix allemand qui devrait rester à un niveau élevé. Dans ce contexte, en France le prix moyen 2022 du lait est projeté a minima à 400 EUR/1 000 l.

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