Un parcours semé d’embuches mais sans faute pour Martine
Femme, seule et sans formation agricole : Martine cumulait les handicaps pour s’installer. Aujourd’hui elle est chef d’exploitation à St Pierre Colamine dans le Puy de Dôme, et ça tourne !
C’est avec une pointe de fierté que Martine Mazeyrat raconte son parcours d’agricultrice. Son caractère bien trempé, sa détermination et sa ténacité ont eu raison des difficultés qu’elle a dû traverser pour être reconnue aujourd’hui comme chef d’exploitation sur la commune de Saint Pierre Colamine dans le Puy de Dôme.
« Beaucoup auraient craqué ! »
Tout commence en 1998, année de son installation. Martine sort de 10 ans de statut de salariée dans le milieu hospitalier. L’appel de la campagne, le retour aux sources et une passion pour les animaux l’incitent à revenir sur l’exploitation familiale. Elle reprend l’élevage laitier et la fabrication de fromages Saint Nectaire en Gaec avec sa mère et son frère. « Je n’avais pas de formation agricole. C’est donc mon père qui m’a tout appris sur la conduite de l’élevage, la génétique et sur la vente des animaux. Je m’occupais du cheptel tandis que mon frère s’occupait du matériel et des parcelles ». L’installation de la jeune femme (hors DJA) permet de rénover l’outil de l’exploitation : modernisation du matériel de transformation fromagère et construction d’une stabulation avec logettes paillées pour les vaches laitières.
En 2007, son frère quitte le Gaec. Martine se retrouve alors seule à la tête de l’exploitation. « Que fallait-il faire ? Poursuivre ou vendre ? J’avais peur de ne pas y arriver et en même temps, je n’imaginais pas laisser l’exploitation familiale entre d’autres mains ». Alors Martine s’accroche. Durant quatre mois elle assume seule l’ensemble des travaux, y compris l’astreinte de la traite extérieure de mai à septembre. Puis l’horizon s’éclaircit à l’arrivée d’un salarié agricole qui, malheureusement, part s’installer au bout d’un an. Martine doit alors retrouver quelqu’un de compétent, fiable et en qui elle a confiance, « mais ce n’est pas facile ! » reconnaît-elle. Après plusieurs expériences malheureuses, elle embauche début 2009 un nouveau salarié à plein temps via les services du Groupement d’employeurs du Puy de Dôme, Agri-Emploi. Puis récemment, en mars dernier, un salarié à mi temps.
« J’ai fait le plus dur ! »
Douze ans après son installation, Martine est à la tête d’un troupeau de 130 vaches laitières et génisses montbéliardes sur une SAU de 105 ha (prairies naturelles). Elle réalise un quota vente directe fromage Saint Nectaire de 270 000 litres et 60 000 litres en laiterie. « J’ai fait le plus dur ! Les premières années ont été difficiles avec des périodes de doutes, mais j’ai tenu le coup ! C’était une sorte de challenge pour moi et je suis satisfaite aujourd’hui de l’avoir réussi ». Une réussite qui s’inscrit dans la logique de son tempérament et dans sa capacité d’adaptation dans le travail. Battante, rigoureuse et passionnée, Martine consacre une grande partie de son temps au suivi de son cheptel qu’elle a « façonné » et qu’elle n’a pas envie de voir « détérioré ».
Pour cela, elle s’entoure des conseils d’une coopérative d’insémination artificielle et des services du contrôle laitier. « Les animaux, c’est mon domaine. Je connais chaque bête et détecte d’un coup d’œil un problème sanitaire, une maladie ». En revanche, le machinisme et l’entretien des prairies ne sont pas « sa tasse de thé ». Martine préfère les déléguer aux salariés.
Ses 12 années de persévérance ont été récemment couronnées par une médaille de bronze au concours national des fromages des terroirs organisé au Salon de l’Agriculture 2010.
Mais le clou de son parcours est sans aucun doute d’être arrivé à concilier sa vie de famille avec sa petite fille de six ans et demi et son activité professionnelle. Une belle réussite !