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Santé
Un outil pour évaluer la santé au travail de l'agriculteur

Un nouveau dispositif "Amarok e-Santé Agri", tout droit sorti de l’Université de Montpellier, pour évaluer la santé des agriculteurs, à partir d'outils déployés dans le cadre d'une démarche préventive et surtout positive.

Après la santé des entrepreneurs, Olivier Torrès s'intéresse de près à la santé au travail des agriculteurs avec l'outil "Amarok e-Santé Agri".
Après la santé des entrepreneurs, Olivier Torrès s'intéresse de près à la santé au travail des agriculteurs avec l'outil "Amarok e-Santé Agri".
© © HLP

Le 20 février, Olivier Torrès, Professeur à l’Université de Montpellier, a présenté, à la presse nationale un tout nouveau dispositif qui permet de connaître avec précision l'état de santé au travail des agriculteurs et leur taux d'épuisement professionnel. Issu des recherches conduites par l’Observatoire Amarok, fondé par le professeur il y a 14 ans, "Amarok e-Santé Agri" est désormais sur les rails, prêt à être décliné sur l'ensemble du territoire français.
Le nom de ce professeur vous parle peut-être... C'est normal puisqu'il a été l'invité de Cerfrance Haute-Loire lors de son assemblée générale le 9 décembre dernier au Puy. Spécialisé dans la recherche sur la santé des entrepreneurs,
Olivier Torrès et son équipe de chercheurs au sein d'Amarok, viennent de mettre au point un système d’évaluation de la santé des agriculteurs à partir des évènements de vie positifs et négatifs auxquels ils se trouvent confrontés. Les agriculteurs sont passionnés par leur métier, très travailleurs et parfois en souffrance dans leur quotidien. Ce qui conduit souvent la société à faire des raccourcis sur la santé des agriculteurs. "Non la santé des agriculteurs ce n'est pas que le suicide et le bal des célibataires !" lance Olivier Torrès dont les recherches conduites en 2019 et 2021 révèlent que d'une manière générale, les agriculteurs sont en bonne santé au travail, qu’elle soit physique ou mentale. Une bonne santé globale qui cache toutefois des situations de souffrance pour certains d'entre eux, qu'il faut arriver à détecter.

Stressomètre et satisfactomètre de la vie agricole
Après avoir interrogé plusieurs centaines d’agriculteurs, Olivier Torrès et Mathieu Le Moal, doctorant sur la santé des dirigeants de PME, ont établi deux outils : le stressomètre et le satisfactomètre de la vie agricole. Des outils accessibles sur numérique et qui permettent, par un jeu de questions sur les événements positifs et négatifs vécus sur son exploitation agricole, d'aboutir à un score global matérialisé sous la forme d'une balance. Balance qui peut pencher du côté positif comme négatif. "En cas de bilan négatif, l'agriculteur (trice) est orienté(e) vers un dépistage du risque de burnout et, si et seulement si un seuil est dépassé, un système d’alerte s’enclenche et le met en contact avec un service d’écoute. Le dispositif est également doté d’un système de reporting qui permet à chaque partenaire d’avoir de l’information en temps réel sur la santé de la population dont il a la charge et sur les principaux stresseurs et satisfacteurs qui affectent ses ressortissants " explique le professeur.
Sur le même modèle que "Amarok e-Santé pour les entrepreneurs non-agricoles", déjà mis en oeuvre par plus de 35 Services de Prévention et de Santé au Travail, "Amarok e-santé agri" se veut utile pour l’agriculteur et pour l’agriculture. Amarok entend commercialiser ce dispositif auprès d'organismes professionnels (corps intermédiaires) comme les MSA ou les Chambres d'agriculture, qui seront chargés de mettre l'outil à disposition des agriculteurs de leur territoire (Amarok préconise la gratuité pour les agriculteurs). "Demain, si toutes les MSA de France se mettent à utiliser ce dispositif, on disposera des sources de stress des agriculteurs par département, par région ou par activité" indique Olivier Torrès. Et d'ajouter : "Ce dispositif a d'autre part une double vertu : en conciliant la santé de l’agriculteur sans détériorer l’attractivité d’un secteur dont l’image est dégradée auprès des jeunes générations et du grand public".
 

Les premiers résultats de "Amarok e-Santé Agri"
Mis en œuvre avec l’UNEP (Union Nationale des Entreprises du Paysage) en novembre 2022, au sein de la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire en décembre 2022, puis la MSA Languedoc en janvier 2023, le dispositif a livré ses premiers résultats le 15 février 2023.  Sur les 714 diagnostics réalisés par des agricultrices et agriculteurs*, 308 dépistages du risque de burnout ont été constatés, ce qui a suscité 53 déclenchements d’alerte (les mains tendues) et 28 prises en charge (les mains saisies). Notons qu'au sein de cette première expérimentation, 38,09% des agriculteurs ont une balance positive.
Les satisfacteurs les plus fréquents sont liés à la vie familiale, véritable pilier du bien-être agricole, et à la satisfaction des clients. En ce qui concerne les stresseurs, c’est la surcharge de travail qui arrive en tête. Mais l’incertitude et la conjoncture sont aussi des stresseurs fréquents qui attestent d’une moindre maîtrise de son destin dans le secteur agricole par rapport à d’autres activités d’entrepreneurs indépendants. On observera aussi la pression sociétale et le manque de reconnaissance. Parmi les 53 déclenchements d'alerte effectués, Laure Chanselme, psychologue au sein de l’Observatoire Amarok, a répertorié plusieurs problématiques en cause, au premier rang desquelles apparaissent :
- les TMS - Troubles musculo-squelettiques (le corps fatigue en raison des gestes répétitifs)
- la solitude,
- un mélange de problèmes personnels et professionnels (en lien avec le conjoint ou les parents sur l'exploitation),
- la surcharge administrative, en particulier en élevage (trop de contrôles des autorités, avec un non droit à l'erreur très mal vécu, et une difficulté à accomplir son métier de base à cause de la surcharge administrative).

* Population qui se répartit en 70,17% d’hommes et 29,83% de femmes. Répartition sectorielle : 33% viticulture, 27,3% paysages, 8,4% polyculture - poly-élevage, 5,74% horticulture - maraîchage, 5% bovins mixte, 4,2% ovins, 2,24% grandes cultures, 1,9% bovins lait, 1,4% fruits, 0,84% porcins - volailles, 9,8% autres.

 

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