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CRAA  AuRA
« Un mur alimentaire derrière le mur énergétique » : le spectre des rayons vides

Les élus de la Chambre régionale d’agriculture, réunis en session dans le Rhône, estiment que les entreprises agricoles et agroalimentaires doivent bénéficier d’un bouclier tarifaire plus ambitieux sous peine d’arrêt de production.

En élevage laitier, l’impact de la hausse de l’électricité est très significatif.
En élevage laitier, l’impact de la hausse de l’électricité est très significatif.
© SC

L’étude de la commission économique de la Chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes est sans appel. Avec des prix de contrats d’électricité multipliés par trois, cinq voire par six selon les heures d’hiver ou d’été, l’atterrissage va être très compliqué pour le secteur alimentaire dans son ensemble sans aide substantielle. Un panel d’exploitations types, relevant du réseau d’élevage Inosys, a été isolé afin de déterminer les conséquences sur l’EBE, le revenu disponible et le prix de revient des fortes hausses de l’électricité. A chaque fois, la situation évolue sensiblement selon la puissance électrique apparente du compteur, le fameux : kilovoltampère (kVA), le Gouvernement ayant décidé de calibrer son soutien en fonction d’un seuil de consommation supérieur ou égal à 36 kVA (voir par ailleurs). Pour une ferme laitière consommant plus de 36 kVA, sans aide le prix de revient progresserait de 20 à 80 euros les 1000 litres, tandis que cette augmentation serait limitée à + 6 à 25 euros les 1 000 litres avec le dispositif d’amortissement. Pour les exploitations consommant moins de 36 kVA, l’augmentation du prix de revient pourrait être de l’ordre de 10 à 45 euros sans les aides, et de +0,7 à 1 euro avec les aides. En bovins viande, les six cas types du réseau Inosys consomment toutes moins de 36 kVA. Mais là-aussi les conséquences sont loin d’être anodines : sans aide, le prix de l’électricité progresse de 75 à 1400 %, et le revenu disponible pourrait être amputé de -4 à 65%, tandis qu’avec les aides, l’augmentation du prix de l’électricité est « contenu » à 15% et le revenu disponible en retrait de -0,4 à 0,7%. Du côté des grandes cultures, l’inquiétude grandit aussi. « Des stations d’irrigation risquent d’être mises à l’arrêt car trop onéreuses à faire fonctionner », a témoigné Jocelyn Dubost, agriculteur dans l’Isère et président des Jeunes Agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Vote d’une motion

«Sachant que ces simulations n’intègrent que l’augmentation du poste électricité, cela va sans dire que les exploitations sont aujourd’hui confrontées à des hausses de charges multiples : alimentaires, GNR, engrais, matériels, services… », a précisé Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale d’agriculture. Autre élément d’importance : ces simulations ont été faites sur des exploitations très performantes et optimales dans leur structuration… D’où l’intérêt, selon les élus, d’alerter les pouvoirs publics sur l’urgence à agir, au risque d’être confrontés à des arrêts de production voire des cessations d’activités, à l’aval comme à l’amont des filières. « Avec des hausses du prix de l’électricité de 100 000 à 600 000 euros, le delta de 500 000 euros est impossible à amortir. Le choix fait en France d’aider plutôt les citoyens, et très peu les entreprises est un choix mortifère », a estimé Yannick Fialip, président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire. « Certains pays comme l’Allemagne, ont bien pris la mesure de l’enjeu en allouant 200 milliards d’euros contre 12 milliards en France », a déploré, Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère. Dans une motion, les professionnels agricoles d’Auvergne-Rhone-Alpes réclament ainsi la « mise en place d’un bouclier tarifaire généralisé pour l’agriculture et l’agroalimentaire dans le cadre d’une politique ambitieuse de soutien tarifaire au-delà des 36 Kva en complément du bouclier tarifaire en place ; Insistent sur l’indispensable éligibilité de toutes les structures aux différentes dispositions sans critère lié au nombre de salariés ou statut juridique. Par exemple, les organisations collectives telles que les ASA (Association Syndicales Autorisées) assurant la gestion de l’irrigation sont particulièrement concernées et doivent avoir accès à ces dispositifs ; et enfin exigent que les prix agricoles soient déterminés en fonction d’indicateurs nationaux de coûts de production qui intègrent de facto les différentes hausses (énergies, aliments, services...) ». Du côté de la Région, le Conseil régional proposera le 16 décembre prochain lors de sa session budgétaire une délibération globale portée par la direction économie, une aide en faveur de l’autonomie énergétique, des entreprises, des artisans, qui comportera un volet agricole.

 

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