FDSEA/JA
Un «arbitrage politique» qui laisse le lait sur le feu
Après l’accord sur le prix du lait obtenu à l’arraché par le «gouvernement» le 3 juin, les producteurs insatisfaits restent très inquiets quant à l’application par les entreprises. Le tour de la question avec Gilbert Guignand, président de la FDSEA, et Jean-Julien Deygas, président des JA.
La FDSEA et les JA ont appelé leurs adhérents à «boycotter» les urnes à l’occasion des élections européennes de dimanche 7 mai.
Gilbert Guignand président de la FDSEA et Jean-Julien Deygas président des JA43, n’ont plus confiance dans les Politiques et les Pouvoirs Publics. Ils ne se sentent pas soutenus, pire ils pensent que l’agriculture n’est plus soutenue.
Voilà pourquoi aujourd’hui, las de parler dans le désert, ils ont lancé une action qui a touché les Politiques au centre même de leurs préoccupations du moment, à savoir les élections. En appelant à voter blanc ou à mettre dans l’urne des bulletins de contestation avec le message du syndicalisme majoritaire, les responsables professionnels départementaux ont visé directement les pouvoirs publics. Ils avaient décidé cette action dès mardi 2 juin alors que l’interprofession laitière n’avait pas trouvé d’accord ; ils ont maintenu leur mot d’ordre car l’accord enfin obtenu n’est pas satisfaisant.
Contexte départemental tendu
Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Gilbert Guignand explique que c’est bien le contexte départemental avec la grave crise laitière et la situation de Via Lacta qui les a conduits à cette action.
En effet les deux présidents sont revenus sur la crise laitière qui courre depuis l’automne dernier. Ils ont rappelé les actions syndicales menées devant les laiteries, auprès des parlementaires et dans les grandes surfaces. Celles-ci, qui se sont déroulées dans de nombreux départements, ont conduit l’interprofession à se réunir pour obtenir un accord de prix pour les 3 premiers mois de 2009. Et comme il n’y avait plus d’accord en avril, les entreprises ont fait ce qu’elles ont voulu : à savoir une baisse drastique de 30 % appliquée sans discussion aucune… Devant cette situation inacceptable, les producteurs sont à nouveau montés au créneau pour ramener les coopératives et industriels du secteur laitier à la table des négociations. L’État a nommé deux médiateurs et après d’interminables réunions avec interruptions de séances, au soir du mercredi 3 juin, vers 23 heures, un accord était enfin trouvé.
On annonce alors un prix moyen annuel pour 2009 à 280 €/1000 litres alors que les producteurs demandaient 290 €, après avoir accepter une concession importante partant de 305 €. Les responsables départementaux expliquent néanmoins que ces 280 € sont un maximum, puisque l’accord prévoit des prix moyens de 272 voire 262 € suivant la part de lait destinée au marché des produits industriels pour chaque entreprise.
Un arbitrage politique
Alors cet accord, que Jean Julien Deygas appelle plutôt «arbitrage politique d’avant les élections européennes», ne satisfait pas la profession.
La FDSEA et les JA expliquent : « 280 €/1000 l c’est 55 € de moins qu’en 2008, c’est vendre à un prix inférieur à nos coûts de production. Les 2400 (environ) exploitations laitières de Haute-Loire vont toutes avoir des problèmes de trésorerie, avec des difficultés supérieures pour des jeunes installés ou de récents investisseurs ». Par ailleurs Gilbert Guignand et Jean Julien Deygas sont très inquiets quant à l’application de cet accord par les entreprises. Pour la paie de mai, qui devrait être fixée ces prochains jours, les professionnels n’accepteront pas un prix en dessous du prix de mai 2008 moins 55 cts, équation qui colle à l’accord. En deçà de ce prix, les deux syndicalistes n’exclut pas de repartir dans des actions de contestation.
Outre le problème du prix du lait, les responsables professionnels sont également très soucieux du devenir de l’entreprise Via Lacta. Ils avaient cette semaine une rencontre avec René Souchon le président du Conseil régional pour lui demander un soutien dans ce dossier. Ce dernier ne leur a rien proposé ou presque, si ce n’est un projet de SCOP dont Jean Julien Deygas discute la «pertinence au vu des moyens qu’il propose en face…».
Alors ces deux dossiers pèsent du même côté de la balance et mettent donc les producteurs dans un climat très tendu. Bien sûr ils se préoccupent du prix du lait, mais ils veulent également que leur lait soit collecté… Et c’est là que la responsabilité de chacun est engagée.
Dans ce difficile imbroglio, avec pour ligne de mire le maintien d’une filière laitière forte en Haute-Loire pour maintenir un maximum d’exploitations, les responsables syndicaux se sont adressés avec force aux pouvoirs publics et aux élus,