Témoignage
« Un apprenti n’est pas un salarié ! »
Didier Imbert, agriculteur à Clerlande, emploie des apprentis depuis deux ans et trouve, dans cette démarche pédagogique, une réponse au besoin de main-d’œuvre sur son exploitation.
Didier Imbert, agriculteur à Clerlande, emploie des apprentis depuis deux ans et trouve, dans cette démarche pédagogique, une réponse au besoin de main-d’œuvre sur son exploitation.
Comment êtes-vous venu à employer des apprentis ?
" Notre Gaec (je suis associé avec mon fils) compte environ 170 hectares, tout en grandes cultures. J’ai 60 ans, des responsabilités agricoles et je suis maire de mon village. Ça fait beaucoup d’occupations ! J’utilisais beaucoup le Service de Remplacement dans lequel j’étais adhérent d’un groupement d’employeurs. Nous étions plusieurs agriculteurs à employer un salarié qui a trouvé une opportunité ailleurs. Je commençais à réfléchir à comment pallier au manque de main d’œuvre sur l’exploitation quand un jeune m’a contacté parce qu’il recherchait un maître d’apprentissage. Nous nous sommes renseignés sur les obligations légales, le coût… Et entre les aides du Conseil Régional et la démarche, nous avons décidé de prendre notre premier apprenti. Cette année, nous accueillons le deuxième et nous avons décidé de le garder s’il poursuit ses études vers un Certificat de Spécialisation en machinisme. Dans deux ans, je serai à la retraite. Si tout continue de bien se passer avec ce jeune, et s’il en a envie, il pourra devenir salarié sur l’exploitation. "
Quelles sont les qualités à avoir pour devenir maître d’apprentissage ?
" Il faut de la souplesse. Dès le départ, nous nous sommes entendus sur les horaires avec les jeunes. Il y a des périodes où la charge de travail est plus importante et d’autres beaucoup moins. Il doit accepter parfois de rester plus longtemps et nous de lui faire rattraper ses heures supplémentaires. Nous avons également dû nous adapter parce qu’ils avaient moins de 16 ans. Nous devions prendre en compte le cadre légale dans nos tâches quotidiennes. Surtout je crois qu’il faut être pédagogue. Il faut accepter que des bêtises vont être faites, que nous devons expliquer les choses plus en détail… Un apprenti n’est pas un salarié ! "
Recommandez-vous aux agriculteurs de devenir maître d’apprentissage ?
" S’ils sont prêts à faire preuve de patience et de pédagogie, oui. Le cadre qui entoure l’apprentissage et notamment concernant les moins de 16 ans, effraie beaucoup de gens. En réalité, il n’est pas si compliqué. En plus, encore une fois, cela permet de répondre au besoin de main-d’œuvre de l’exploitation. Pour nous, cette voie a permis de faire connaissance avec les jeunes et surtout avec celui que nous embaucherons peut-être à l’avenir. Il ne venait pas du milieu agricole. Nous lui avons tout appris. Dans notre cas, nous sommes fiers d’avoir contribué à la réussite scolaire de ces jeunes en leur apportant des connaissances et de l’expérience. C’est gratifiant et encourageant de voir des jeunes gens investis. "