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TRANSMISSION
Trois frères retraités, deux cousins installés !

Les trois frères du Gaec Prunet ont fait valoir leurs droits à la retraite en même temps, mais l’activité se poursuit et même se développe, grâce à deux de leurs enfants, Kévin et Benjamin. 

trois fromagers présentent de la tome et de la fourme de cantal
Les deux cousins, Kévin et Benjamin Prunet, ont pris la suite de leurs papas et oncle respectifs. Ici aux côtés de Claude, père de Kévin. 
© Renaud Saint-André

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas si fréquent. Et depuis toujours. À Pailherols, trois frères se sont associés pour assurer la succession de leur papa en 1986 : Jean-Louis, Paul et Claude Prunet.

Kévin le fils de Claude les a rejoint en 2015 ; puis Benjamin, fils de Paul en 2023, année où les trois frères ont fait valoir leurs droits à la retraite, en même temps - “par simplification administrative” - laissant les deux jeunes cousins aux commandes.  Non seulement Kévin et Benjamin ont repris l’activité du troupeau mixte, la transformation fromagère avec du matériel neuf, mais ils ont en plus ajouté une cave d’affinage et un point de vente chaleureux à l’ambiance chalet, au cœur du village. Un projet, inauguré le 1er mai, qui a permis de sauver une grange ancienne, située juste en face le local d’accueil touristique des Flocons verts et qui n’aura pas coûté plus cher qu’une construction. Un couloir vitré permet d’ailleurs aux visiteurs d’observer chaque étape de fabrication(1). Un investissement de 240 000 € qui a bénéficié de 140 000 € d’aides départementales et régionales. Mais le jeu en vaut la chandelle. Chaque jour, même hors vacances scolaires, le magasin voit des  visiteurs à toute heure.   

“Déjà avant les vacances scolaires, on passait une fourme de salers par semaine et 7 à 8 kg de tome fraîche par jour”, confirme Benjamin Prunet, en charge de la production-vente.

Benjamin Prunet, plus particulièrement en charge de la production laitière du Gaec précise : “L’affinage maison, autrefois confié à Cassagne-Pons, apporte une vraie plus value.” C’est environ une fourme sur deux ; une moitié reste affinée et commercialisée par un tiers, par les établissements Charrade. “L’objectif à termes est bien de vendre en direct 100 % de la production”, confie Benjamin, soit actuellement 13 tonnes de salers AOP et 1 à 2 tonnes de cantal

Vive la transformation

Quant à Kévin, pourtant à l’origine plus attiré par le troupeau allaitant, il finit par changer son fusil d’épaule : “Voir le fruit de notre travail et la satisfaction qu’il apporte, c’est très encourageant et valorisant.” Apte à remplacer Benjamin, lui aussi a appris à emprésurer, décailler, presser, broyer, mouler... suivant les conseils de leur oncle Jean-Louis. C’est lui qui, jusqu’à présent, fabriquait depuis 1998... dans des conditions bien moins confortables. De fait, la volonté de développer la partie fromagère l’emporte, au point de continuer à diminuer le cheptel allaitant et d’augmenter le laitier. L’exploitation tient aussi à tendre vers l’autonomie fourragère. “Anticiper les années difficiles”, comme le souligne Kévin. Et d’une pierre deux coups, en faisant un peu de cultures (voir en encadré), les deux agriculteurs se prémunissent d’éventuelles sécheresses et le travail du sol éloigne les rats.   

“On le voit sur la commune, les jeunes agriculteurs qui s’installent retrouvent le bon sens qu’avaient les anciens qui cultivaient tous une parcelle de céréales ; les jeunes en allaitant font de la repousse, de l’engraissement ; en lait, ils transforment”, observe Claude Prunet, par ailleurs maire du village de Pailherols. Certes, pour faciliter les installations et permettre de relever de nouveaux défis, les cédants ont fait quelques concessions budgétaires. Et continuent occasionnellement de donner un coup de main. Mais la fierté de ces aînés est évidente. 

“Que de chemin parcouru depuis nos premières traites au pot, puis au transfert et jusqu’à la salle de traite. Si on avait sû, on aurait fait encore plus vite. Mais on leur a tout de même transmis un outil en état de fonctionnement, qu’on a su faire évoluer avec bâtiments, cheptel, matériel... et on est vraiment heureux de voir que ça continue ; ils vont encore plus loin, prennent des initiatives qui leur réussissent”, témoignent-ils.  “Mais rien n’est jamais acquis, et la clé du succès, ce sera le travail et la bonne entente entre eux, comme nous l’avions entre nous”, glisse Claude qui a toujours été complice avec ses deux frères associés. Kévin et Benjamin s’engagent à saisir cette chance de continuer à développer ce qui leur a été transmis, dans ce même esprit. 

Témoin de "l'amour du pays"

Léo Pagès a été témoin de cette passation et des évolutions qui ont suivi. Après un bac pro, la certification “bovins lait” d’un BTS Acse en alternance passé à Rodez a conduit le jeune apprenti au Gaec Prunet. De quoi décupler son envie de travailler en transformation fromagère fermière de montagne et la mise en exergue du lien entre produit et territoire. Sa prochaine étape, ce sera la Savoie. Alors qu’il donnait pleinement satisfaction, ce ne sera donc pas lui qui sera recruté pour prêter main forte à la nouvelle génération des cousins Prunet. 

Car en réussissant le pari d’affiner eux-mêmes les fromages et en dynamisant la vente directe,  les jeunes Pailherolais considèrent qu’il devient urgent pour eux d’embaucher. Un fromager dès à présent, peut-être encore davantage de main d’œuvre d’ici peu. De quoi continuer à créer de l’emploi dans un petit village d’une centaine d’âmes, qui compte encore bien des exploitations agricoles, un restaurant gastronomique, un bar-tabac-brasserie, de nombreux hébergements touristiques gérés par une association active toute l’année(2)... Un cercle vertueux, dans lequel ce Gaec prend toute sa part. Dans la famille Prunet, on ne cache pas que, ce qui les anime, c’est “l’amour du pays” et le “contact humain”. 

(1) Sur demande, il est aussi possible d’assister à la traite dans un bâtiment voisin.  

(2) Les Flocons verts se réjouissent de la mise en place par le Grand site Puy-Mary d’une navette qui desservira cet été Vic-sur-Cère / Pailherols, deux fois par jour.   


Les chiffres du Gaec

Aujourd’hui, le Gaec Prunet de Pailherols compte deux associés à la tête d’un troupeau mixte de 70 à 80 salers (production de broutards purs et croisés de 400 à 450 kg) et d’une cinquantaine de montbéliardes qui produisent 150 000 l. de lait dont 130 000 l. transformés à la ferme. Sur les 230 ha de SAU, 7,5 ha sont consacrés à du maïs (pour les allaitantes et dans une moindre mesure aux laitières) et 7 ha de céréales, essentiellement pour le troupeau laitier l’hiver. 

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