Traité du Mercosur, un marché de dupes ?
Début septembre, la Commission européenne lançait la procédure de ratification du traité du Mercosur. Balayant d’un revers de main les difficultés de la production de viande en Europe, la commission tente le passage en force en modifiant les modalités de ratification.
Début septembre, la Commission européenne lançait la procédure de ratification du traité du Mercosur. Balayant d’un revers de main les difficultés de la production de viande en Europe, la commission tente le passage en force en modifiant les modalités de ratification.

Jean-Bernard Sallat*, quelle est la réaction des éleveurs bovins à l’annonce du début de la procédure de ratification du traité du Mercosur, traité contre lequel le monde agricole se bat depuis plusieurs années ?
JBS. Aujourd’hui, très clairement on a l’impression que la Commission Européenne est étanche aux problèmes de l’élevage mais aussi aux questions de sécurité sanitaire et environnementale. Pour avancer dans son processus, la commission a scindé l’accord en deux pour que la partie commerciale puisse être adoptée à la majorité qualifiée sans droit de véto. C’est un bras d’honneur qui est fait à la France et aux États membres et la cacophonie politique actuelle dans notre pays ne nous aide pas.
Que prévoit le traité concernant les importations de viande bovine ?
JBS. L’accord prévoit un volume de 99 000tec supplémentaires à droits de douane réduits (7,5 %) en provenance du Mercosur. Les 58 000 tec du contingent déjà existant seront quant à eux désormais exonérés de toute taxe. On pourrait se dire que ce n’est pas grand-chose face à la consommation annuelle de viande mais le diable se cache dans les détails. Le problème est que les importations concernent des morceaux nobles comme l’aloyau : le contingent additionnel correspondrait à 25 % de la production d’aloyaux européens. La filière bovine qui reprenait tout juste son souffle ces derniers mois, s’en trouverait totalement déstructurée.
Est-ce que l’on peut attendre quelque chose de la clause de sauvegarde mise en avant par la Commission comme une réponse aux préoccupations des éleveurs ? Quelles peuvent être les recours de la profession agricole ?
JBS. La clause de sauvegarde n’est que de la poudre aux yeux. C’est un document qui n’a pas été accepté par le Mercosur et qui n’a aucune valeur législative. La Commission Européenne décrète qu’il y a des règles à respecter mais celles-ci ne s’imposent pas et les pays du Mercosur ne sont pas tenus de les appliquer, on marche sur la tête ! Le 26 septembre, nous répondrons à l’appel à mobilisation de la FNSEA et des actions seront notamment menées dans les GMS pour relever les provenances des produits. Il nous faut parler aux élus et les mobiliser sur ce traité. Ils ont des comptes à rendre au monde agricole et celui-ci ne peut continuer à laver plus blanc que blanc alors qu’on autorise l’importation de produits qui ne respectent pas nos normes.
l'appel à mobilisation de la FNSEA du 26 septembre 2025
Propos recueillis par P. Dumont
* président de la fédération régionale bovine de Nouvelle-Aquitaine