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Tourisme rural : anticiper de quoi demain sera fait

Maître de conférences à VetAgro Sup, Luc Mazuel a décodé les mutations sociétales et technologiques en cours qui pourraient changer la donne du tourisme rural.

Difficile de prendre en compte les exigences multiples et souvent contradictoires des clients.
Difficile de prendre en compte les exigences multiples et souvent contradictoires des clients.
© P.O.

Fin de l'ère du tout pétrole, changement climatique, raréfaction des aides européennes à l'agriculture,... : en quoi des propriétaires de gîtes dans le Cantal seraient-ils impactés par ces tendances lourdes du contexte géo-politique ? À plus d'un titre, a assuré mardi Luc Mazuel, maître de conférences à Vetagro Sup et délégué général de Source, qui intervenait devant l'assemblée générale des Gîtes de France Cantal. D'abord parce que 85 % des touristes qui viennent séjourner dans le Cantal utilisent aujourd'hui leur voiture... Quid demain quand les énergies fossiles ne seront plus qu'un lointain souvenir et la voiture électrique peut être pas encore démocratisée ? Ensuite parce que le réchauffement du climat pourrait bien sérieusement grever l'attrait d'un Cantal vert prisé pour sa fraîcheur au moment des épisodes caniculaires et obliger à modifier les équipements des meublés. Chargé de délivrer une vision prospective à l'horizon 2030 du tourisme rural en France, Luc Mazuel a incité chacun des acteurs du tourisme, et en particulier les hébergeurs, à être conscient de ces mouvements de fond mais aussi de toutes "les petites mutations" en cours.

 

 

Penser "chinois"

Être pro-actif : tel est le credo de cet expert qui a également alerté sur la déprise en marche des activités et services en milieu rural. "En tant qu'entrepreneurs, vous devez tirer des sonnettes d'alarme par rapport à la ruralité", a-t-il lancé. "La clientèle de demain ? Oui ce seront bien les Chinois et il va falloir apprendre ce que le Chinois veut et attend". De même, a poursuivi le maître de conférences, penser le réaménagement de son gîte en fonction du vieillissement inéluctable des touristes va s'avérer indispensable pour rester dans la course. Une clientèle qui plus est en attente de "rassurance" (ou de la parfaite quiétude), à la recherche de "naturalité" sans être pour autant déconnectée du wifi, d'une certaine autonomie et de services personnalisés malgré une quête de communautarisme... Bref autant d'exigences souvent contradictoires auxquelles les hébergeurs vont devoir s'adapter à défaut de les anticiper pleinement. Tout comme ils vont devoir prendre en compte des évolutions technologiques notamment dans les modes de réservation. "Le portable qui sonne pour me dire que je passe à côté d'un gîte qui propose actuellement une offre promotionnelle, ce n'est pas pour 2030 mais pour demain", a illustré Luc Mazuel. Et en forçant le trait, ce dernier est même allé jusqu'à envisager des scénarios bien plus sombres en s'interrogeant sur une possible érosion du nomadisme dans la campagne française, avec une clientèle relativement aisée qui, demain, pourrait davantage encore privilégier l'exotisme ayant déjà dans son "home sweet home" un haut de degré de confort et d'équipements porteurs de sensations. De quoi déconcerter les propriétaires cantaliens plus en attente de réponses que de nouveaux défis de taille à relever. "Mais vous avez déjà souvent les outils" pour faire face à ces (r)évolutions, a rassuré le délégué général de Source évoquant les forts acquis du réseau Gîtes de France : une très bonne image, une qualité reconnue, une longueur d'avance en matière de plate-forme de réservation même si de grands réseaux privés commencent à s'intéresser à l'espace rural... Et pour continuer à faire la différence, Luc Mazuel prône l'amélioration de la lisibilité et de l'accessibilité de la gamme de produits diversifiés proposés, une réflexion sur de nouveaux axes de formation (s'imprégner de l'esprit chinois ...), de nouvelles formes d'emplois et de nouveaux rapports publics-privés (en incitant par exemple banques et entreprises à investir dans le réseau pour pallier des aides publiques en baisse). Une feuille de route exigeante pour faire en sorte que demain ne soit pas un futur subi.

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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