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Tomas Dufrègne est le nouveau capitaine des Jeunes Agriculteurs de l'Allier

À 33 ans, Tomas Dufrègne est le nouveau président des Jeunes Agriculteurs de l’Allier. Un mandat qu’il envisage comme une nécessité pour s’extraire du quotidien, comprendre et partager les enjeux d’un secteur en pleine mutation avec un objectif : agir.

Tomas Dufrègne est le nouveau président des JA de l'Allier. Il est éleveur de vaches de races charolaise sur la commune de Saint-Menoux dans l'Allier.
Tomas Dufrègne est le nouveau président des JA de l'Allier. Il est éleveur de vaches de races charolaise sur la commune de Saint-Menoux dans l'Allier.
© Sophie Chatenet

Au milieu de ses charolaises, Tomas n'a pas besoin de s'y prendre à deux fois pour les conduire vers le nourrisseur. Avec cette pluie incessante depuis avril, difficile pour ces belles blanches de conserver leur robe immaculée. Bien avant de s'installer en agriculture, il y a quatre ans, sur le domaine de la Vallée, à Saint-Menoux, dans l'Allier, le jeune homme savait qu'il allait devoir composer avec le temps qu'il fait, avec le temps qui passe si vite que l'on voudrait que les journées s'étirent inlassablement, avec le temps qui dure toujours trop longtemps quand les requêtes administratives peinent à aboutir, et puis, avec l'idée qu'il faut du temps pour faire d'un grain, un épi de blé… Bref, et si au fond, la patience était la mère des qualités de tout bon agriculteur qui se respecte. En tout cas, Tomas Dufrègne, a su en faire preuve et il ne regrette pas. Passionné par l'agriculture dès son plus jeune âge, il n'a jamais perdu le lien, conscient qu'avant de sauter le pas, mieux valait nourrir son expérience : "Je fais partie de ceux qui considèrent qu'il ne faut pas s'installer trop jeune. Quand on est dans le cas d'une association ou d'une reprise d'exploitation familiale, l'envie peut être grande d'aller le plus vite possible. Quand on est comme moi dans un schéma d'installation hors cadre familial, il est indispensable de se doter de plus de bagages. Dans un cas comme dans l'autre, il ne faut pas se précipiter". Tomas Dufrègne, petit-fils de paysans et fils de l'ancien président du Conseil départemental et député de l'Allier, Jean-Paul Dufrègne a donc pris son temps.

« Défendre collectivement l'agriculture parce que personne ne le fera à notre place »

Ainsi, après un Bac STAV puis un BTS productions animales par alternance, Tomas travaille pendant deux ans dans une maternité collective porcine à Lapeyrouse, dans le Puy-de-Dôme puis durant quatre ans auprès de son ancien maître de stage à Villefranche d'Allier. Le 1er septembre 2020, il reprend l'exploitation agricole de Ludovic Julien, ancien maire de Saint-Menoux, après avoir un temps envisagé de s'associer avec lui. "Les choses de la vie ont fait que le projet ne s'est pas concrétisé de cette manière". Tomas décide donc de reprendre seul la structure, tout en réduisant un peu la voilure.

Les Jeunes agriculteurs, une formidable école pour cultiver l'entraide

 

Aujourd'hui, sur 217 hectares, il conduit une centaine de vêlages par an et cultive 35 hectares de céréales. Aidé par un apprenti, Il engraisse la totalité de sa production* sans recourir à des achats extérieurs d'alimentation. Son leitmotiv : ménager ses dépenses et garder la main sur ses marges en cultivant l'autonomie. Une stratégie payante où l'entraide et le collectif occupent une place centrale. "J'adhère à trois Cuma. C'est important de ne pas trop charger la barque au départ en termes de matériels. Nous sommes des chefs d'entreprise qui doivent avoir une réflexion sur leur coût de production, leurs marges", analyse le jeune agriculteur. S'il a trouvé dans le format de la Cuma une manière d'assouvir sa soif de collectif, c'est aussi au sein des Jeunes Agriculteurs qu'il l'a depuis quelques années pleinement expérimenté. De simple adhérent du canton de Bourbon l'Archambault, il accède au poste de secrétaire général en 2022 où il forme un binôme avec l'ancien président Cédric Fournier. Il a poussé la porte des JA, parce qu'il n'aime pas rester les deux pieds dans le même sabot, et sans trahir un secret de polichinelle, pour l'ambiance festive, la volonté de promouvoir le métier, le territoire, l'envie d'échanger avec des collègues sur les pratiques… Mais aussi, pour s'extraire d'un quotidien émaillé de lourdeurs administratives, d'une forme de solitude qui peut parfois donner le vertige et avec la certitude "qu'on peut changer les choses, en partant d'un principe simple : si on ne défend pas nos intérêts, personne ne le fera à notre place".

Des voisins plutôt que des hectares

Le nouveau chef de file des JA 03, qui compte 220 adhérents sur onze cantons (d'ailleurs le nombre d'adhésions est en progression) entend défendre l'installation, sujet de prédilection des JA, suivre de près les annonces du Gouvernement de l'hiver dernier, "qui à ce stade, restent toujours à concrétiser, nous avons donc bien l'intention de maintenir la pression", et garder le contact avec les politiques qui plus est alors qu'une nouvelle loi d'orientation agricole (PLOA) est sur la table. "L'enjeu autour de l'installation-transmission est énorme quand on sait que de nombreux cédants ont aujourd'hui 55 ans et plus. Beaucoup vont partir à la retraite. Malheureusement on sait qu'ils ne vont pas tous être remplacés, donc on aura des agrandissements". Des voisins plutôt que des hectares…Tomas partage évidemment cette ambition : "Nous devons trouver des solutions pour que des jeunes puissent s'installer dans le cadre de projet viable et vivable. Il y a des choses à expérimenter du côté du portage du foncier, de la mutualisation, l'installation sociétaire… Je pense qu'on est plus cohérent, qu'on va plus loin dans la réflexion quand nous sommes plusieurs à décider, plusieurs à réfléchir, plusieurs à porter des idées". Le collectif toujours.

 

*Jusqu'à présent, sa production était valorisée auprès de Sicaba. Avec l'arrêt de la coopérative, Tomas et un groupe d'éleveurs réfléchissent à remonter une structure.

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