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Eau
Stocker l'eau en période d'abondance pour la réutiliser lorsqu'elle se fait rare

Pour bénéficier d'une eau qui manque cruellement en période végétative, les agriculteurs font appel à des ouvrages de stockage d'eau. En Haute-Loire, il s'agit essentiellement de retenues collinaires.

Une retenue collinaire a pour but de stocker les eaux de pluies l'hiver afin d’en disposer l'été pour l'irrigation des cultures.
Une retenue collinaire a pour but de stocker les eaux de pluies l'hiver afin d’en disposer l'été pour l'irrigation des cultures.
© © Ch. d'agriculture 43

Notre planète est concernée par une transformation climatique rapide qui impacte nos ressources en eau et met de plus en plus en difficulté notre agriculture qui fait les frais d'intenses épisodes de sécheresse estivale et d'épisodes de gel tardif au printemps. Dans nos contrées montagneuses du centre de la France, l'eau devient un bien rare précisément au moment où les cultures agricoles en ont le plus besoin, c'est à dire en période de croissance jusqu'à leur récolte. Aussi pour pallier ce manque d'eau à ces périodes stratégiques, la profession agricole entend pouvoir compter sur des moyens de stockage de l'eau.
Plusieurs types d’ouvrages permettent le stockage de l'eau : des retenues collinaires alimentées par ruissellement et des réserves d’eau (communément nommées “bassines”) alimentées par le pompage de nappes phréatiques ou de cours d’eau. En Haute-Loire, la profession agricole a opté pour l'installation de retenues collinaires.

Stocker l'hiver afin d’en disposer l'été
"Le stockage des eaux consiste à déplacer les prélèvements pendant les périodes d’abondance en eau, de stocker cette eau dans une réserve et de la réutiliser en période de besoin des cultures, correspondant souvent également à une période de rareté de la ressource. Une retenue collinaire a pour but de stocker les eaux de pluies l'hiver afin d’en disposer l'été pour l'irrigation des cultures et, à cet effet, les eaux sont recueillies dans une cuvette artificiellement aménagée au sol. L'ouvrage doit s'adapter à la topographie du terrain et consiste le plus souvent en la construction d'une digue pour ainsi créer une petite cuvette d'eau" explique émilien Delaigue, conseiller bâtiment d'élevage-Irrigation à la Chambre d'agriculture de Haute-Loire.
La retenue collinaire peut être alimentée par les eaux de ruissellement, non catégoriées "cours d'eau" par la Police de l'eau et hors zone humide, mais également par des sources. "Le stockage permet ainsi de réduire la pression sur le milieu en période d’étiage et d'éviter d’atteindre les seuils d’alerte ou de crise, de garantir un certain volume disponible quelles que soient les conditions et ainsi sécuriser l’approvisionnement en eau pour certaines cultures et créer de la ressource dans certains cas" explique le conseiller. D'autre part, les retenues collinaires étant assujetties à un calendrier de prélèvement réglementaire, elles n'ont pas d'impact sur leur environnement. "En période d'étiage, la retenue est déconnectée du réseau hydrographique et n'a donc aucun impact sur les ruissellements et l'alimentation des cours d'eau. Ces ouvrages, élaborés à partir de matériaux naturels (un atout pour le bilan carbone !) vont rapidement s'enrichir en biodiversité en créant un milieu favorable à la faune-flore. Ces stockages d'eau constituent aussi des aires de repos pour les oiseaux migrateurs et des points d’abreuvement pour la faune sauvage" ajoute-t-il. Les retenues collinaires permettent de sécuriser la production fourragère de nos exploitations en polyculture-élevage et sont indispensables dans des productions telles que les petits fruits rouges ou le maraîchage.
En Haute-Loire, les retenues collinaires correspondent à de petits ouvrages dont les volumes sont compris entre 2000 m3 et 30 000 m3 selon les besoins.
Beaucoup plus volumineuses (jusqu'à 300 000 m3), les bassines et méga-bassines sont quant à elles alimentées par les nappes phréatiques au moyen d'une pompe. Soumises à la réglementation en vigueur, ce type d'ouvrage est à l'heure actuelle montré du doigt pour leur impact sur le milieu.

Faisabilité des projets
Ces dernières années, peu de projets de retenues collinaires ont vu le jour en Haute-Loire en raison de la faisabilité des projets sur les plans juridique, économique et technique. "Pour évaluer la faisabilité technique des projets, des études topographique, hydraulique / hydrologique et géotechnique sont nécessaires ; la faisabilité technique induit l'intervention d'un maître d’œuvre qui doit, selon les cas, disposer d'un agrément. Signalons également que ces projets sont aidés financièrement par la Région" précise émilien Delaigue.
En termes de procédure, "un protocole départemental a été signé incluant les services de l'État dès les premières visites de terrain. La chambre d'agriculture est la porte d'entrée pour tout projet. Le dépôt de dossier est à effectuer auprès de la Police d'eau qui s'assurera de la bonne conformité du projet avec la législation en vigueur ".
 

 

Il a dit
Jean-François Pastourel, en charge «eau-irrigation» à la FDSEA 43
Quelle est votre position en matière de stockage de l'eau ?

Jean-François Pastourel : Vu la conjoncture et l'évolution du climat, on va être obligés de stocker de l'eau. Or, il n'y a que 2 solutions pour le faire et la première ce sont les lacs collinaires. Ce type d'ouvrages est soumis à une règlementation stricte ; toute l'eau n'est pas ponctionnée et si les débits des ruisseaux sont insuffisants, alors on ne prélève pas ! La deuxième solution est celle qui fâche, ce sont les bassines. Je ne suis pas favorable à ce type d'ouvrages car pomper l'eau directement dans une nappe phréatique ne peut qu'aggraver une situation de pénurie d'eau... En revanche, je trouve qu'il serait intéressant de créer ce type de stockages de manière à pouvoir les remplir uniquement en cas d'innondations.
Quels sont les freins à la réalisation d'ouvrages de stockage d'eau ?
J-F Pastourel : Il faut déjà avoir le droit de créer de tels ouvrages et après s'ajoute le coût élevé de ces derniers (malgré les aides), auquel il faut ajouter le coût de leur fonctionnement. A mon avis, il va falloir créer de plus grandes retenues d'eau agricoles en vue de proposer leur utilisation aux pompiers en cas d'incendie car ce risque est bien là chez nous, et nous devons nous mettre rapidement autour d'une table avec les organismes concernés pour en parler et étudier les possibilités d'aider financèrement les agriculteurs. C'est une piste de travail que je compte proposer au sein de la future
section "irrigation" de la FDSEA.
Que souhaitez-vous ajouter ?
J-F Pastourel : Les agriculteurs qui utilisent une partie de l'eau des rivières sont montrés du doigt. Or, lorsque la crue détruit leurs parcelles, c'est eux qui passent des mois à tout réparer ! Ça serait injuste qu'il n'ait droit qu'aux inconvénients !
êtes-vous inquiet de la disponibilité en eau du réseau hydrographique actuel ?
J-F Pastourel : Pour le moment, la situation est critique. Mais on ne connaît pas
l'avenir. De grosses précipitations peuvent survenir plus tard...

 

 

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