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Sécuriser ses cultures et ses troupeaux avec l’irrigation

Didier, Pascaline et Axel ont investi dans deux retenues collinaires pour irriguer leurs cultures en sécurisant les rendements et ainsi soutenir leurs troupeaux de chèvres et de bovins. Un projet technique et exigeant, mais essentiel pour l’avenir de l’exploitation.

Installé sur la commune de Noth, au nord du département de la Creuse, le Gaec Penot Audonnet, composé de Didier, Pascaline et Axel, s’étend aujourd’hui sur 205 hectares.

Une exploitation familiale en pleine évolution, marquée par l’arrivée d’Axel, 21 ans, jeune installé depuis deux ans, qui incarne la nouvelle génération et accompagne les choix stratégiques du Gaec pour sécuriser l’avenir.

Un système diversifié

Le Gaec mise sur un système agricole très diversifié : avec 140 vêlages, un troupeau de 250 chèvres laitières et une solide assise en cultures céréalières.

Parmi elles, le maïs grain occupe une place essentielle. Chez les caprins, les besoins énergétiques sont élevés et constants ; difficile donc d’imaginer une ration sans maïs. « C’est une culture exigeante et technique mais elle nous est indispensable », résume Didier. Un choix stratégique, devenu l’un des piliers de l’équilibre alimentaire du troupeau.

Un tournant décisif : l’irrigation

Les différents épisodes climatiques très marqués ont été un des éléments déclencheur. Pour sécuriser leurs rendements et stabiliser l’alimentation du troupeau, le Gaec a investi dans l’irrigation. Un projet ambitieux, débuté en 2019 et achevé en 2022, dans une époque où les démarches administratives étaient moins contraignantes.

Deux retenues collinaires

Les deux retenues collinaires ont été pensées pour s’adapter au paysage. Alimentées naturellement, elles n’empiètent sur aucun cours d’eau et n’ont nécessité aucun forage. « Le terrain s’y prêtait parfaitement, c’est ce qui a rendu le projet plus facile », explique Didier. La première offre une capacité utile de 20 000 m³ et la seconde de 25 000 m³, ce qui constitue deux réservoirs précieux pour l’exploitation.

Organisation de l’irrigation

Avec leurs deux retenues, les associés disposent d’un potentiel d’irrigation de 80 hectares, même si, dans les faits, seulement 45 hectares sont irrigués chaque année, à raison d’environ 1 000 m³/ha. Les efforts se concentrent sur les cultures stratégiques : maïs et soja, essentiels pour sécuriser l’alimentation des troupeaux.

Le nombre d’arrosage varie selon les années, généralement 4 à 5 passages sont nécessaire, parfois davantage. Certaines petites parcelles, en revanche, restent de côté. « La mise en place y prend trop de temps. Je préfère me concentrer sur des parcelles de tailles importantes car les petites parcelles sont difficiles à exploiter en irrigation » confie Axel.

Matériel et contraintes du quotidien

Côté matériel, le Gaec compose avec un seul enrouleur autonome. Les deux autres, plus anciens et plus simples, nécessitent une surveillance permanente. Car irriguer 30 hectares mobilise près de dix jours de travail pour une seule personne.

Le réseau, entièrement installé par le Gaec, est sous pression permanente. Mais comme souvent en irrigation, « dès qu’on met un tuyau, il y a toujours un problème », résume Axel avec le sourire. La portée du jet atteint 100 mètres, avec un croisement confortable à 70 mètres. La programmation a été longue mais aujourd’hui la majorité des parcelles est programmée, ce qui permet d’éviter les obstacles et d’irriguer les parcelles avec précision.

À l’avenir, Axel prévoit de connecter l’enrouleur à son téléphone. Il pourra ainsi recevoir des notifications en cas de problème, un atout particulièrement précieux pour surveiller l’irrigation la nuit.

Investissements et choix techniques

Le projet a représenté un investissement total de 180 000 €. À ceux-ci s’ajoute les frais de mécanisation. Didier ayant consacré près de 1 000 heures de travail avec sa pelleteuse pour la création des réserves et des différents aménagements.

Chaque réserve dispose de sa propre pompe, calibrée pour rester en tarif bleu (tarif EDF préférentiel). Des pompes plus puissantes auraient fait basculer l’exploitation sur un tarif plus coûteux. L’option d’une motorisation thermique des pompes a également été étudiée, mais les frais de maintenance très coûteux ont rapidement convaincu les associés de rester sur des pompes électriques.

Perspectives : optimiser avant d’agrandir

La priorité est désormais de finir d’enterrer les canalisations, car le passage en aérien demande un temps de mise en place conséquence et génère des aléas quotidiens. Le Gaec Penot Audonnet réfléchit à des améliorations dans leur organisation de chantier et s’intéresse aussi aux nouvelles technologies qui pourraient leur permettre d’optimiser leurs installations.

Malgré une charge de travail importante et une technicité élevée, l’irrigation s’impose comme l’un des leviers indispensables pour la pérennité et l’autonomie alimentaire des troupeaux.

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