Hervé Gaymard sur le terrain
Sécheresse du temps, pas des propos
Hervé Gaymard sur le terrain
En parcourant l´est du département lundi après-midi, Hervé Gaymard a pu se rendre compte de l´actualité de l´agriculture cantalienne et premièrement de la sécheresse. A la Chapelle-Laurent, le ministre de l´Agriculture a proposé que le Cantal soit en 2004 département expérimental pour une simplification des aides à la construction des bâtiments d´élevage.

En visitant l´exploitation d´Alain et Dominique Genton, M. Gaymard était invité par les responsables de la FDSEA et des JA à découvrir sur le fond et moins sur la forme les réalités de l´agriculture cantalienne. Associé en EARL depuis 2002, le couple d´agriculteurs est installé en troupeau mixte sur 79 ha de SAU. Le terrain est ici très accidenté et aujourd´hui brûlé par la sécheresse. Dans la grange, comme a pu le constater le ministre, le foin manque et les quelques ballots présents proviennent d´achats extérieurs. "Nous avons récolté 75 ballots de foin contre 300 habituellement et 250 d´ensilage au lieu de 400, constate Dominique Genton. Nous n´aurons plus d´herbe jusqu´en octobre. Nous avons investi 2500 euros en graines fourragères qui ne donneront rien. Ceci aura des conséquences pour l´année prochaine". L´exploitation est certes modeste, mais Alain et Dominique Genton aiment ce qu´ils font. Leur principal souci est de construire un véritable bâtiment pour remplacer les tunnels en taules et les hangars en bois. "Il est difficile d´investir et de mettre aux normes avec des revenus de plus en plus bas, déplore l´exploitante de Cournil. Situation contradictoire : les contraintes et la complexité administrative les ont poussés à laisser échapper l´augmentation de la PHAE. L´urgence face a la sécheresseHervé Gaymard ne pouvait rester insensible, d´autant que Patrick Escure, Michel Lacoste et Antoine Croutes, respectivement sur la sécheresse et la Pac (voir par ailleurs) exposaient les attentes de la profession. "Les pertes de récoltes atteignent 80 % suivant les secteurs, a insisté le président de la FDSEA. Les éleveurs commencent donc à décapitaliser. Il nous faut répondre dans l´urgence !". La fédération des exploitants agricoles et les JA attendent des mesures sur la l´approvisionnement en fourrages, une aide au transport, l´interdiction du broyage de paille, l´utilisation des jachères, l´anticipation du versement de l´ICHN au 15 juillet, une année "blanche" pour le paiement des cotisations sociales et des annuités d´emprunts. M. Gaymard a répondu point par point, demandant à ce que "la solidarité nationale et professionnelle joue à plein". "Nous avons obtenu de Bruxelles la possibilité d´utiliser les jachères. Sur le broyage de paille, je souhaite aller vite avec des arrêtés préfectoraux d´interdiction. Nous faisons remonter l´information pour mettre en route le fonds de calamités agricoles. Sur l´avancement de versement des primes, je ne peux pas m´exprimer avant le vote des budgets".L´agriculture cantalienne au quotidienAprès l´actualité imposée par le ciel, les préoccupations quotidiennes des agriculteurs cantaliens ont repris le dessus dans le discours des représentants syndicaux. Antoine Croutes a brossé un portrait de l´agriculture départementale qui représente encore 20 % des actifs et 6 600 exploitations. "Malgré nos efforts pour obtenir de la valeur ajoutée par la démarcation de nos produits à travers des démarches de qualité, le revenu par actif est inférieur de 40% à la moyenne française", a-t-il fait remarquer.Et Michel Lacoste d´en appeler malgré tout au maintien des agriculteurs, notamment par l´installation de jeunes comme dans le Cantal et "par une véritable politique de la montagne". Les revendications pour "vivre au pays de son travail" sont nombreuses comme l´a énoncé Patrick Escure. Celui-ci n´a pas oublié de souligner la "spécificité montagne" dans les investissements, l´importance du maintien de l´Indemnité compensatrice de handicap naturel, l´organisation des filières, l´encadrement de la dénomination "montagne". Or, selon le président de la FDSEA, "nous avons aujourd´hui le sentiment d´assister à une dérive. Les priorités semblent se porter davantage vers une montagne, certes entretenues, mais par nécessairement habitée et encore moins productrice". Pour plus d´informations , consultez L´Union agricole et rurale du 9 juillet 2003.