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«Sans le syndicalisme, on n’y serait pas arrivé»

Grâce à la force du collectif et le soutien sans faille de la FRSEA AuRA, les producteurs de Coopal ont construit un contrat tripartite avec la Société laitière des Volcans d’Auvergne et Carrefour leur garantissant enfin un prix du lait au niveau.

Jacques Cornelissen, président de Coopal devant l’usine de Theix en 2017 lors d’une première bagarre syndicale.
Jacques Cornelissen, président de Coopal devant l’usine de Theix en 2017 lors d’une première bagarre syndicale.
© S.C.

Il y a dix-huit mois, la coopérative laitière Coopal, qui compte 420 producteurs en Auvergne, Creuse et Corrèze saisissait le médiateur pour dénoncer la politique au rabais pratiquée par la société laitière des volcans d’Auvergne (SLVA), à leur encontre. Un groupe de producteurs emmené par Jacques Cornelissen, producteur en Corrèze et président de Coopal ont en effet choisi de dénoncer les pratiques de SLVA, filiale de Terra Lacta, leur payant le lait à des tarifs bien inférieurs à ceux pratiqués par Terra Lacta.
«Au début, nous ne disions pas grand-chose, satisfaits d’être encore collectés malgré la faillite de l’URCVL, mais au bout d’un moment, nous ne pouvions pas décemment rester les producteurs de lait les plus mal payés de France», se souvient Raphaël Sarret, membre du bureau de Coopal et producteur de lait dans le sud de la Haute-Loire. Avec Jacques Cornelissen, et un bureau renouvelé, la question du prix a donc été très vite remise au centre des discussions. «L’une de nos forces a été d’avoir un collectif de cinq départements et de bénéficier d’un appui sans faille du syndicalisme», explique Jacques Cornelissen.
Un contrat tripartite avec Carrefour
D’emblée, en effet la section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, et la FNPL ont, non seulement suivi de près ce dossier, mais accompagné les représentants des producteurs dans tout le processus de négociation. «Avec leur soutien, nous sommes parvenus à la signature d’un contrat tripartite entre Coopal, SLVA et Carrefour». Le contrat qui porte sur 30 millions de litres de lait apporte de la transparence sur les prix et sur les volumes. «C’est fondamental, puisqu’avec ce contrat on devrait atteindre un prix rémunérateur pour les producteurs», estime Raphaël Sarret.
Un constat partagé par le président de Coopal : «le contrat tripartite avec Carrefour a obligé à la transparence et permis de disséquer le prix du lait. Avec SLVA, notre relation est plus saine et apaisée sur une base de prix du lait à 350 €/1 000 litres». Aujourd’hui, forts de leur collectif, les producteurs Coopal ouvrent donc une nouvelle page. Conscients du besoin de différenciation, ils s’engagent dès le 1er juin dans une démarche d’alimentation de leurs animaux exclusivement non OGM.

Il a dit…
«Le collectif a énormément joué…»

«C’est une victoire collective, en toute modestie…» a déclaré Éric Richard président de la section laitière de la FDSEA de Haute-Loire. À ce titre, avec Stéphane Joandel, président de la section régionale laitière FRSEA AURA entre autres, il s’est investi dès le début dans ce dossier, notamment lors du Congrès 2017 de la FNPL à Langres dans la Haute-Marne. «Lors d’une rencontre avec le responsable des achats de Carrefour France, nous avons compris que le retour aux producteurs n’était pas à la hauteur des termes du contrat, et noté le manque de transparence de ce contrat» explique-t-il. S’est donc engagé un bras de fer qui a duré presque 2 ans, sous la pression des producteurs qui attendaient depuis longtemps un prix du lait à hauteur des autres entreprises. «Le chemin a été semé d’embûches. On a eu souvent l’impression de faire un pas en avant suivi de deux pas en arrière…», souligne le syndicaliste qui reconnaît, que les négociations ont enfin abouti à «un juste rééquilibrage, un juste retour, pour les producteurs de Coopal». Soulignant les bonnes relations de travail entre le syndicalisme et le Conseil d’administration de Coopal, Éric Richard insiste : «le collectif a énormément joué dans cette bataille». Il fait néanmoins preuve de modestie, et invite à rester «vigilant».
Sur la situation actuelle de la filière laitière, Éric Richard revient sur les efforts des producteurs, qui dans cette période difficile ont accepté de diminuer leur production autant que possible. Et par ailleurs, il met en garde les entreprises qui «pourraient bien, par leur comportement, scier l’arbre sur lequel elles sont assises…», rappelant que «le coût de production du lait n’a pas changé, il est toujours de 384 €/1 000 l comme noté dans les EGA». Et d’ajouter, «si la France devaient dépendre de l’extérieur pour son alimentation comme cela a été le cas pour les masques de protection, ce serait l’émeute dans notre pays».
Suzanne Marion

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