«Rien ne vient tout seul !»
David Chauve, Président FNSEA 63
La mobilisation a pris fin mercredi 13 juin. Quel bilan en tirez-vous ?
La mobilisation a été forte et constante sur notre région, où le réseau syndical a tenu jusqu’à 5 points de blocage. Nous pouvons être fiers de notre action qui a ainsi contribué à l’appui des négociations nationales. Je remercie d’ailleurs l’ensemble des agriculteurs qui se sont organisés pour participer car rien ne vient tout seul. Il ne faut pas toujours compter sur la mobilisation de son voisin. Chacun a son rôle à jouer !
Ce mouvement national a permis quelques avancées. Qu’en retenez-vous ?
Au vu du fonctionnement du gouvernement et de ses relations avec les corps intermédiaires en général, et avec la FNSEA et JA en particulier, obtenir une négociation et des engagements est déjà une victoire. C'est une réalité, il faut en avoir conscience. Concernant les avancées obtenues, nous ne nous faisions pas d’illusion : la bataille du prix et de sa construction dure sans interruption depuis 2015. Il s'agissait donc de maintenir la pression suite aux débats parlementaires de ces dernières semaines où les avancées sont fragiles car contre l'avis du gouvernement.
La première avancée tient à la prise de conscience de nos concitoyens du double discours du gouvernement qui prône la qualité des produits français et autorise dans le même temps l’importation de produits interdits. La reprise médiatique a permis de sensibiliser un large public. Notre message est bien passé : notre combat ne concerne pas que l’agriculture. Il concerne tout un chacun.
Les communiqués parlent de cette mobilisation comme d’une étape. Des suites sont-elles prévues ?
Ces trois jours d’action étaient une étape importante pour allier le consommateur sur l’enjeu des importations qui arrivent directement dans son assiette, et surtout pour rétablir un rapport de force avec le gouvernement dans le cadre de l'examen du projet de loi alimentation au Sénat cette semaine. Le gouvernement a pris des engagements, nous entendons désormais qu’il les tienne. Nous attendons aussi qu’il aille plus loin dans la défense de l'agriculture française partout vantée comme la plus propre du monde. Ce n’est pas en ouvrant nos frontières aux quatre vents sans conditions que nous y parviendrons !
Désormais, l'objectif est clair cet automne, faire inscrire dans la loi avec rigueur et précision le cadre concernant la construction des prix, l'encadrement des importations distorsives, les sur-transpositions de normes afin d'établir une feuille de route lisible et vitale pour l'avenir de la profession.
Nous devons rester très vigilants durant ces travaux et surtout très réactifs vis à vis de ce gouvernement bien plus préoccupé par sa communication que par de réelles ambitions pour son agriculture.
Des engagements écrits ont été pris, nous serons donc en droit de demander des comptes demain. Notre combat est légitime, la bataille continue !