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Rhinopneumonie équine : un appel à la vigilance national

Nom couramment donné à l’infection par les herpès virus équins de type 1 et/ou 4, la rhinopneumonie équine très fréquente sur les équidés en France. On rencontre trois formes cliniques : respiratoire, la plus fréquente, abortive et nerveuse.

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© GDS 41

Suite à la confirmation de 2 cas dans l’Eure-et-Loire et l’Essonne le 16/11/2024, un appel à la vigilance national a été lancé sur la rhinopneumonie équine.

Une maladie provoquée par des herpès virus

Les herpès virus sont responsables de nombreuses maladies dans le monde animal : IBR chez les bovins, Aujeszky chez les porcins… Ils sont spécifiques d’une espèce et ont la particularité, après infection, de persister dans l’organisme dans un état inactif (dormant ou latent). Ils peuvent se réactiver à la faveur d’une baisse d’immunité ou d’un stress, et provoquer à nouveau la maladie. Les agents responsables de la rhinopneumonie sont l’herpès virus équin de type 1 (HVE‑1) et de type 4 (HVE‑4).

Une forme respiratoire la plus fréquente, …

La forme respiratoire, appelée rhinopneumonie, est la forme clinique la plus fréquente. Elle est principalement due à HVE‑4, mais HVE‑1 peut aussi en être la cause. La maladie ressemble à une grippe, mais avec des signes cliniques souvent plus modérés. On peut observer des signes généraux (hyperthermie, abattement, perte d’appétit) et des signes respiratoires (toux sèche, jetage séreux qui peut devenir muco-purulent, notamment en cas de surinfection bactérienne). Les signes respiratoires apparaissent 2 à 10 jours après l’infection (durée d’incubation) et la phase clinique dure généralement entre 1 à 2 semaines. Chez un cheval vacciné, cette dernière est plus courte, voire inexistante. Le cheval est contagieux (excrétion de virus) pendant la phase clinique et jusqu’à 21 jours après. Cette infection virale est rarement mortelle mais elle peut se compliquer d’une surinfection bactérienne.

… une forme abortive …

Cette forme est essentiellement due à HVE-1, moins fréquemment à HVE-4. C’est la première cause d’avortement infectieux chez les équidés. L’avortement intervient sans signe prémonitoire (pas d’écoulements vulvaires, pas de montée laiteuse), le plus souvent en fin de gestation (9-11e mois), mais peut survenir dès le 4e mois. Le fœtus et le placenta sont expulsés sans difficulté, la jument n’est pas malade. Dans certains cas, le poulain naît à terme et vivant, mais présente des difficultés respiratoires et meurt, le plus souvent dans les 3 jours. L’avortement peut avoir lieu dans les 9 jours à 4 mois suivant la contamination. Dans un effectif non vacciné, on peut observer jusqu’à 80-90 % d’avortements.

… et une forme nerveuse

Cette forme, plus rare, est due à HVE‑1. Le virus est responsable d’une inflammation du cerveau et de la moelle épinière, on parle de myélo-encéphalite. On peut observer une hyperthermie, associée à des troubles nerveux variés et plus ou moins graves : troubles légers de la locomotion, ataxie, parésie voire paralysie des membres, incontinence urinaire. L’apparition des signes nerveux peut être soudaine, sans signes respiratoires antérieurs visibles, et arrive souvent dans la deuxième semaine après l’infection. Le plus souvent, un seul équidé est atteint dans une écurie, mais dans certains cas plusieurs animaux peuvent être atteints. La récupération est variable, le cheval peut s’en remettre totalement ou conserver des séquelles plus ou moins importantes. Les formes neurologiques graves nécessitent parfois l’euthanasie du cheval atteint.

Une contamination directe au contact d’un équidé…

Les herpès viroses sont parmi les maladies les plus contagieuses chez les équidés. Les animaux s’infectent principalement de manière directe par inhalation d’aérosols contenant du virus, lors d’un contact avec un individu excréteur de virus (animal présentant ou non des symptômes). Les principales sources de contamination sont les sécrétions respiratoires (jetage, toux) des chevaux atteints de forme respiratoire mais également par contact avec un avorton ou les sécrétions utérines d’une jument ayant avorté… L’infection peut aussi être réactivée chez un cheval porteur latent suite à un stress (fatigue intense, transport, changement d’environnement…) et/ou une baisse d’immunité. Celui-ci présentera ou non des signes cliniques, mais excrétera à nouveau du virus et pourra contaminer d’autres équidés.

… mais également indirecte

Une contamination est également possible de manière indirecte, par l’intermédiaire des personnes (mains, vêtements…) ou de matériel souillé (licol), les herpès virus pouvant résister pendant quelques jours dans l’environnement. Cependant, les virus sont sensibles aux désinfectants usuels ayant une activité virucide.

Un diagnostic par recherche directe du virus et un traitement symptomatique

La recherche systématique du virus par une analyse est conseillée lors d’une suspicion clinique. Une analyse PCR est réalisée pour établir un diagnostic de certitude, sur un écouvillon nasopharyngé pour la forme respiratoire ou sur les tissus (foie, poumon de l’avorton ou placenta) pour la forme abortive. Comme pour la plupart des pathologies virales, il n’existe pas de traitement spécifique. Un traitement symptomatique est préconisé pour atténuer les signes cliniques, en particulier pour lutter contre l’hyperthermie.

La vaccination comme base de la prévention La vaccination reste un des piliers de la prévention contre les herpès viroses. De manière générale, elle doit être raisonnée en « prophylaxie collective » et pas uniquement en « prophylaxie individuelle ». Elle est d’ailleurs obligatoire dans certains contextes : chevaux de course, de compétition nationale ou reproducteurs de haute valeur. Les vaccins actuels n’empêchent pas de façon certaine les infections mais permettent de diminuer la sévérité et la durée des signes cliniques, notamment pour la forme respiratoire et dans une moindre mesure pour la forme abortive. Leur efficacité contre la forme nerveuse n'a pas été démontrée.

La vaccination permet aussi de diminuer l’excrétion du virus par le cheval malade, donc de limiter sa contagiosité et, de fait, la transmission à d’autres équidés. Ainsi, lors d’introduction du virus dans un élevage, le pourcentage de malades est plus faible dans un effectif correctement vacciné (soit quand plus de 80 % des équidés sont vaccinés). Il est donc important de vacciner non seulement les équidés sensibles (juments gestantes, jeunes chevaux) et à risque (chevaux se déplaçant fréquemment) mais aussi tous les équidés d’une même structure.

La mise en œuvre de mesures de biosécurité pour protéger les élevages

La concentration d’équidés de provenances multiples, de statuts sanitaire et vaccinal différents, lors de manifestations équestres par exemple, représente un facteur de risque important. Un isolement de tout nouvel arrivant ou tout équidé revenant d’un rassemblement est conseillé. Quand c’est possible, on gérera les équidés par lots ; par exemple, afin de protéger les juments gestantes mais aussi les jeunes chevaux, plus sensibles, il est important de les séparer des chevaux à risque important de contamination (ceux qui participent à des manifestations équestres et/ou qui se déplacent fréquemment). Au quotidien, on mettra en place un circuit de soins ou marche en avant en commençant par les équidés les plus sensibles aux maladies (juments gestantes, jeunes chevaux) et en terminant par les équidés les plus à risque (animaux introduits, retour de concours). En cas de suspicion, on isole l’équidé malade, on suit la température corporelle, on met en place des pédiluves et on utilise du matériel spécifique ou à usage unique. Ces mesures de prévention doivent être appliquées pendant 21 jours après les derniers signes cliniques observés. Pour plus de renseignements, rapprochez-vous de votre vétérinaire ou de GDS Creuse.

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