Retenue d’eau à Naves : La FDSEA et les JA dénoncent une écologie à deux vitesses
Ce lundi 29 septembre, la FDSEA et les JA de la Corrèze se sont mobilisés à Naves pour dénoncer une situation jugée intolérable : le chantier de création d’une retenue collinaire en zone humide, porté par l’Agglomération de Tulle.
Ce lundi 29 septembre, la FDSEA et les JA de la Corrèze se sont mobilisés à Naves pour dénoncer une situation jugée intolérable : le chantier de création d’une retenue collinaire en zone humide, porté par l’Agglomération de Tulle.

Une administration à géométrie variable
Les responsables syndicaux ont pointé du doigt une écologie à deux vitesses.
« Jamais on n’aurait autorisé un agriculteur à faire cela », dénonce Emmanuel Lissajoux, président de la FDSEA.
Dès qu’un agriculteur veut nettoyer une rigole ou tailler une haie, l’OFB est là pour l’amender. Là, l’Agglo a eu plus de facilités que n’importe quel éleveur qui veut capter une source pour abreuver ses bêtes. On veut la même souplesse ! » poursuit-il.
Des pratiques qui interrogent
Les syndicats ont dressé la liste des incohérences : des travaux engagés à une vitesse « suspecte », à peine un jour après la signature de l’arrêté préfectoral ; l’arrachage de 300 mètres de haies en zone naturelle protégée, pourtant inventoriée dans un atlas de biodiversité cofinancé par… l’OFB ; un prélèvement prévu sur la Céronne, rivière classée ; et surtout, l’absence totale d’affichage sur le site, privant le public d’information.
La probité est en question. Trop de souplesse pour certains projets, trop de contraintes pour les nôtres », fustige Emmanuel Lissajoux. « Sans eau, pas d’agriculture. Mais nous, on croule sous les papiers et les justificatifs. »
Deux poids, deux mesures
La valeur des haies n’est pas la même ici que pour un agriculteur qui voudrait construire une porcherie. Nous voulons les mêmes droits pour tous », ajoute Pierre Beysserie, agriculteur FDSEA du secteur.
L’OFB passe son temps à courir le territoire pour détruire des étangs jugés non conformes. Et là, pas de problème ? Il faut lever ces contraintes, comme la loi Duplomb le demandait », insiste Michel Queille, vice-président de la FDSEA.
Les responsables syndicaux s’interrogent : l’écologie dépend-elle de l’entité qui porte le dossier ? L’OFB serait-elle devenue une « police de l’environnement militante » qui interprète les textes à sa convenan- ce ?
La défense de la collectivité
Face aux critiques, Michel Breuilh, président de Tulle Agglo, et Hervé Longy, maire de Naves, également présents, ont assuré que « tout a été fait dans les règles ».
Selon eux, toutes les autorisations ont été obtenues en avril (mairie, DDT, préfecture, police de l’eau). Les travaux ont été lancés en juin et rapidement menés à bien.
Oui, il y a eu arrachage de haies, mais nous allons en replanter beaucoup plus », a affirmé Michel Breuilh.
Le projet vise à installer de jeunes maraîchers destinés à approvisionner les cantines. Mais des doutes qui persistent Les syndicats restent sceptiques. « L’arrêté préfectoral date du 12 juin. Le lendemain, les travaux avaient déjà bien avancé. C’est matériellement impossible. Nous avons les photos », rappellent-ils.
Une exigence de justice et de cohérence
Pour la FDSEA et les JA, le message est clair : il ne s’agit pas de s’opposer au projet de Naves, mais de dénoncer l’inégalité de traitement. Les agriculteurs ne demandent pas de privilèges, mais simplement les mêmes droits et la même reconnaissance que les collectivités.
Deux poids, deux mesures, c’est intolérable. L’État et l’OFB doivent appliquer la même rigueur à tous. L’avenir de notre agriculture, de notre souveraineté alimentaire et de nos territoires en dépend », concluent les responsables syndicaux.