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Témoignage
Renversement des tracteurs : « un tonneau de plus et je mourrais écrasé »

Victime d'un grave accident de tracteur, Jean* témoigne des circonstances qui ont conduit à ce qui aurait pu être un drame et comment après de longs mois de convalescence, il s'est remis de ses blessures.

accident de tracteur pompier
Photo d'illustration
© Mélodie Comte

Éleveur bovin, en Gaec avec son épouse, Jean* n'est pas un fou du volant. De nature prudente, il aura suffi d'une seconde d'inattention et d'une petite bosse dans un pré pour que son tracteur bascule. Malgré une longue convalescence, l'éleveur porte encore en lui les séquelles de cet accident qui aurait pu lui coûter la vie. Il témoigne aujourd'hui pour réveiller les consciences et surtout dire à ses collègues agriculteurs « n'oubliez jamais quel type d'outil vous avez entre les mains ».

La tonne à lisier se renverse et entraîne le tracteur

Ce jour-là, Jean a pris le volant de son tracteur pour épandre le lisier. Dans une parcelle en pente, l'agriculteur conscient des risques, est vigilant. 

Les tonnes à lisier c'est traître » dit-il. 

Alors que sa tonne de 11 500 litres est presque vide, il décide de descendre dans le fond de la parcelle pour vider le restant. Il conduit en travers de la pente avec prudence. « Les accidents avec les tonnes c'est fréquent. »

Le ballant du lisier dans la cuve et une légère bosse suffisent pourtant à faire de cette journée un enfer. La roue de la tonne à lisier se soulève accentuant le mouvement du liquide dans la cuve. L'engin se retrouve sur une seule roue ; l'intégralité du poids est projetée sur le timon. « Il y avait un anneau tournant sur la tonne qui faisait office de sécurité pour éviter dans des cas comme ça, que la tonne à lisier en se couchant n'entraîne le tracteur. » À ce moment-là, Jean est en train de tourner cassant l'axe entre le tracteur et la tonne. La sécurité ne peut opérer. L'accident est inévitable.

Tout a été très vite. J'ai juste eu le temps de me cramponner au volant autant que possible. Je n'avais rien d'autre à quoi m’accrocher. »

La tonne à lisier se couche sur le côté tandis que le tracteur, aidé par le poids de ses roues, fait un tonneau complet. « Ça été très rapide. Je n'ai même pas eu le temps d'avoir peur. » Quand tout s'arrête, Jean prend conscience qu'il a été éjecté. La violence du choc a arraché la porte du tracteur. Alors qu'il était assis dans son siège, il se retrouve sur le sol de la cabine, les jambes pendantes au-dessus du marchepied. « Le tracteur aurait fait un deuxième tonneau, je mourrais écrasé. »

À lire aussi : Les accidents de tracteurs plus meurtriers

L’éleveur s'extrait le plus rapidement possible de l'engin. « J'ai rampé dans l'herbe pour m'éloigner. J'avais peur que le tracteur se retourne encore. » Il parvient à alerter les secours à l'aide de son téléphone. Les pompiers arrivent rapidement. La peur passée, la douleur des os brisés prend rapidement la place. Face à l'ampleur de ses blessures, il est transporté en hélicoptère jusqu'au CHU de Clermont-Ferrand. Les médecins décèlent deux vertèbres fracturées ainsi que plusieurs côtes et de multiples contusions sans gravité aux jambes.

Des séquelles à vie pour l'agriculteur

Jean restera trois jours à l'hôpital mais sa convalescence durera plus de trois mois. « Nous avons fait appel au Service de Remplacement. Mais durant cette période, il a fallu prioriser les tâches. On n’a pas refait les clôtures, ni l'entretien des parcelles ou encore l'élagage des haies. C'était une gestion d'urgence. »

Le travail reprend tant bien que mal mais Jean continue de souffrir. Pendant deux ans, il ne peut s'asseoir sans ressentir des douleurs dans le dos. La position devient inconfortable voire intenable. « Tout dépend du type de chaise mais de manière générale, je ne peux pas rester assis très longtemps. »

Toujours éleveur, il poursuit son travail mais a augmenté le nombre d'heures de son salarié pour déléguer davantage. « J'évite de trop forcer sur mon dos sinon je le paye le soir. » Ses tracteurs sont désormais tous équipés de cabines suspendues et de sièges pneumatiques pour limiter les secousses et les vibrations lors de la conduite.

Jean a appris à vivre avec les douleurs de son corps mais aussi celles de l'esprit. 

 Les premiers temps quand je montais dans une voiture, j'avais l'impression de courir un rallye. Tout allait très vite. J’avais la sensation qu’on allait verser à chaque virage. Remonter dans un tracteur m'a pris plus de temps. J'ai toujours une pointe d'appréhension dans les parcelles en pente quel que soit le matériel que j'ai derrière. Quant à la tonne à lisier… Je ne peux plus la regarder. » 

L'éleveur a racheté un équipement plus petit pour passer dans les parcelles en pente. Sa tonne de 11 500 litres, responsable de l'accident, a été réparée tout comme son tracteur. « Le matériel s'en sort mieux que moi ! »

Lors de son accident, Jean n'avait pas de ceinture de sécurité. « Je ne me souviens même s'il y en avait une dans le tracteur. Maintenant, je la mets. Si je l'avais eu ce jour-là, j'aurais sûrement été moins blessé. »

*le prénom a été changé

 

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