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Viande bovine
Remettre de la productivité dans la production bovine

La journée bovine du 26 janvier à Chaspuzac a apporté de nombreux éclairages sur les perspectives d’avenir de cette production.

Philippe Lamat président de la section bovine de la FDSEA et Guy Hermouet vice-président de la FNB.
Philippe Lamat président de la section bovine de la FDSEA et Guy Hermouet vice-président de la FNB.
© HLP
Organisée par la section bovine de la FDSEA et le groupe viande des Jeunes Agriculteurs, la journée bovine a dressé un panorama complet sur la production bovine, l’environnement dans lequel elle évolue et ses perspectives d’avenir. Pour alimenter cette journée de réflexion, trois intervenants ont été invités : Caroline Monniot de l’Institut de l’Elevage, Thierry Bouleau du Sidam et Guy Hermouet de la FNB.
La journée s’est ouverte sur la grande question que toutes les productions se posent à ce jour : la réforme de la PAC post 2013 sera-t-elle favorable ? C’est Thierry Bouleau qui était en charge de fournir des éléments de réponse précis à cette interrogation. Ce dernier a présenté l’ensemble des propositions de la commission européenne qui semblent pour l’instant relativement favorables à nos zones de montagne. Le budget consacré à la PAC devrait être stable (avec les deux piliers confondus), les objectifs de la PAC vont être redéfinis, les références historiques abandonnées et les aides couplées (dont la PMTVA) peuvent être maintenues par chaque Etat membre. Mais, ces propositions ne contiennent pas que des bonnes nouvelles. Les producteurs de viande devront s’habituer à oeuvrer sur des marchés toujours plus fluctuants (avec des règles d’intervention qui restent inchangées) ; d’autre part, les outils de gestion des risques proposés (assurance, fonds de mutualisation, fonds de stabilisation du revenu) manqueraient d’efficacité pour l’élevage des ruminants.
L’intervention de Caroline Monniot de l’Institut de l’Elevage a mis en évidence les perspectives d’évolutions de l’élevage bovin allaitant français à l’horizon 2015 et 2035.

Vers une pénurie de main d’oeuvre
Premier élément préoccupant pour la profession, les éleveurs allaitants vont être plongés dans une impasse démographique. La chute du niveau d’installations dans les années 1990 va entraîner un fort déficit de jeunes chef d’exploitations ainsi qu’un vieillissement rapide de la pyramide des âges. La production de viande bovine s’oriente donc vers une pénurie de main d’oeuvre, si bien que pour maintenir le cheptel existant, il faudrait augmenter le nombre de vaches par exploitations. En Auvergne, la situation démographique des éleveurs allaitants étant un peu meilleure qu’ailleurs, les difficultés devraient être moindres pour maintenir le cheptel.

Relancer la production
«Il faudra tout de même faire un effort de productivité» a lancé Philippe Lamat, président de la section bovine FDSEA, en direction des éleveurs présents ce jour-là. Pour Anthony Fayolle, responsable du groupe viande JA, « on ne pourra pas maintenir des revenus en gardant des systèmes comme ceux que nous avons connus depuis 10 ans. On pourrait accroître nos cheptels de 10 vaches allaitantes et cela permettrait de conforter notre revenu».
A propos de productivité, le vice- président de la FNB, Guy Hermouet a signalé que le congrès national de la FNB se tiendra prochainement sur le thème de «la relance de l’élevage», «une relance qui se fera uniquement s’il y a une rentabilité dans nos exploitations».
«Depuis 2006, nous sommes plongés dans un pessimisme devenu inquiétant. Il faut remettre de la dynamique dans l’élevage et cela passe par les prix. On doit donc trouver de nouveaux marchés. D’autre part, si l’on veut maintenir la production bovine, nos filières doivent comprendre qu’il faut préserver le revenu des exploitants» ajoute Guy Hermouet.

Pas question de produire moins cher
Ce dernier a mis le doigt sur un sujet sensible, celui du décalage entre le prix à la production et le prix à la consommation : «Depuis 2000, les prix à la consommation  ont augmenté de 40% pendant que nos prix à la production sont restés stables. Il faudra bien qu’il y ait un partage  plus équitable de la valeur ajoutée !».
Et en matière de prix, pour la FNB, pas question de produire moins cher. «Nos races font envie à tous les pays. Nos races et nos territoires sont une richesse, il faut les valoriser. Et l’on ne sait pas produire moins cher, les entreprises devront payer le prix !».
L’autre point d’inquiétude concerne la situation économique des exploitations allaitantes qui les place en situation difficile.
Pour Caroline Monniot : «Une nouvelle politique socio-culturelle ambitieuse est à inventer pour maintenir le cheptel allaitant français en levant les freins bloquant la croissance des exploitations allaitantes».
Cette journée bovine a fait jour sur la santé des marchés de la viande bovine à l’échelle mondiale, européenne et nationale. D’après Caroline Monniot, le marché mondial serait porteur avec une production mondiale en baisse en 2011 et une demande mondiale en progression.
La décapitalisation constatée en 2011 dans de nombreux départements français (bien moindre en Haute-Loire) a fait dire à Caroline Monniot que «l’on devrait manquer de viande en 2012, les prix devraient donc être à la hausse».
Les marchés à l’exportation fonctionnent plutôt bien pour la France. Guy Hermouet a signalé la volonté des producteurs et de la  Fédération Française des Commerçants en Bestiaux de trouver d’autres marchés à l’export notamment via le GEF (Groupement Export Français). «Il faut saisir les opportunités, du moment qu’elles apportent une valorisation» a souligné Guy Hermouet.

Des perspectives non négligeables sur le marché export

 

Le marché turc s’ouvre à la viande. L’Europe et en particulier la France s’est très vite positionnée sur ce marché.
D’autres pays comme ceux du Maghreb mais aussi, la libye, l’Egypte, le Liban sont autant de pays demandeurs en produits de qualité ; la France se situe de surcroît à leur porte.
Le GEF, qui a vu le jour en 2011 a travaillé sur le Kazakhstan et sur Singapour (qui joue le rôle de plateforme de départ vers d’autres pays.
«L’espagne et le Portugal sont demandeurs et les marchés grec et italiens n’ont pas faibli» souligne Guy Hermouet.

Vigilance sanitaire
«Un panel de débouchés s’ouvre à nous. Il y a des perspectives non négligeables sur le marché export.
Toutefois pour maintenir nos parts de marché, on doit veiller à conserver notre état sanitaire en restant vigilant sur l’évolution de maladies telles que la FCO et la tuberculose» a-t-il ajouté.
Quant au risque d’arrêt des exportations de bovins vers la turquie en lien avec le vote de la loi sur les génocides, Guy Hermouet se veut rassurant : «Il y aura encore des envois d’animaux la semaine prochaine, on peut donc être optimiste pour la suite».

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