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« Remettre de la gestion au cœur des entreprises »

CERFRANCE Puy-de-Dôme Avenir vient d’éditer son cahier des références économiques portant sur la dernière campagne.

En céréales, la gestion d’une épargne de précaution sera nécessaire pour assurer la pérennité des entreprises.
En céréales, la gestion d’une épargne de précaution sera nécessaire pour assurer la pérennité des entreprises.
© Odyssée végétale

Quel est l’état de santé des exploitations agricoles du Puy de Dôme ? Ont-elles capacités à résister aux aléas de conjoncture ? Autant d’interrogations qui ont conduit l’Atelier de veille économique de CERFRANCE Avenir(1) à élaborer un référentiel économique(2) à destination des adhérents et des prescripteurs. « La finalité étant d’apporter un éclairage objectif sur la situation des exploitations du Puy-de-Dôme et de la région» explique Nathalie Velay, animatrice de l’Atelier.

Mardi dernier, en duo avec Bastien Bernard, conseiller de gestion à CERFRANCE Puy-de-Dôme Avenir, ils ont dressé le bilan 2013 de chaque production. Si globalement il y a égalité entre les entreprises résistantes et les entreprises fragiles, on note toutefois dans le Puy-de-Dôme de fortes disparités selon les productions.

 

Bovin lait, un avant-goût de la hausse des prix

Si 60% des exploitations laitières du Puy de Dôme se sont bien comportées en 2013, 40% sont à la peine avec en point de mire des difficultés de trésorerie récurrentes depuis 2009. Certes, l’augmentation du prix du lait commence à se faire sentir sur cet exercice- avec une progression de 20€/ 1000 litres-, les charges opérationnelles se stabilisent à 220€/ 1000 litres, mais les frais de structure continuent de progresser pour atteindre 180€/1000 litres en 2013. « Les exploitations les plus résistantes sont celles qui maîtrisent le mieux leur coût de production» commente le conseiller.

En lait bio, les producteurs du Puy-de-Dôme affichent une bon-ne santé économique et financière dopée par une grande autonomie vis-à-vis des intrants et une bonne maîtrise technique. Ceci étant, la filière reste fragile. « L’un de ses enjeux est de trouver un équilibre entre l’offre et la demande dans un contexte local où le nombre de conversions a été fortement ralenti depuis 2012 » expliquent les conseillers. Du côté des producteurs transformateurs, l’enjeu se situe sur la main d’œuvre. «La disparition du système d’exploitation familiale va progressivement laisser place à une relation employeur-salarié. Ce qui remettra en cause le nécessaire équilibre entre main-d’œuvre et volume de production ».

Bovin viande, une situation qui se dégrade

L’état de santé de la production allaitante dans le Puy-de-Dôme se dégrade en 2013. En 2012, la moitié des élevages allaitants avait une bonne assise économique et financière. Un an après, le nombre d’exploitations résistantes passe en dessous de la barre des 50%. « Le phénomène de capitalisation, l’augmentation des frais de structure, des charges opérationnelles et de l’endettement contribuent à cette dégradation qui n’a pu être jugulée par des prix corrects» explique Nathalie Velay. Le système mono production participe également à la fragilité des exploitations allaitantes. L’étude montre d’ailleurs qu’en élevage mixte bovin lait et viande les résultats sont beaucoup plus stables. « On peut s’interroger sur la spécialisation des exploitations à outrance. Si elle a été moteur à une époque, elle montre aujourd’hui ses limites dans un contexte qui bouge en permanence »

 

Porcs, l’inquiétude

« La situation est préoccupante». En effet, 52% des entreprises spécialisées en porcs naisseurs-engraisseurs sont en grande difficulté financière et 7 exploita- tions sur 10 ont un bilan dégradé. Une situation générée par la lourdeur des investissements, la hausse des coûts alimentaires et des prix non rémunérateurs. «Des efforts techniques importants ont été réalisés ces dernières années par les producteurs… sans résultats réels puisque le nerf de la guerre reste le rapport entre le prix au kilo et le prix de l’aliment. Les marges de manœuvres sont donc faibles » reconnaît Nathalie Velay.

Ovins, année mitigée

En ovin viande, 2013 restera une année en demi-teinte avec d’un côté des prix moyens records sur les agneaux, de l’autre une baisse significative des exploitations résistantes aux aléas.

Trois explications à cela : une diminution de la productivité numérique, une hausse des frais de structure et une modernisation des ateliers entrainant une progression des annuités.

 

Céréales, un contexte fragile

Trésorerie nette positive dans 86% des entreprises, bon niveau de résistance aux aléas pour 78% d’entre elles : les exploitations céréalières de Limagne affichent « une santé de fer » grâce à une conjoncture favorable depuis trois ans. Mais cette situation reste fragile, suspendue à un marché mondial sensible pouvant inverser les tendances à tout moment.

Ainsi, la dernière campagne a-t-elle été marquée par une production mondiale record sur le blé et le maïs exerçant une forte pression sur les cours. Les prix payés aux producteurs ont donc chuté de 15% en blé et de 30 % en maïs. Une situation accentuée par ailleurs par la hausse des frais de structure, notamment des prélèvements obligatoires.

 

(1) CERFRANCE Avenir regroupe 5 associations de gestion et de comptabilité (Auvergne + Lozère) dont CERFRANCE Puy-de-Dôme Avenir.

(2) Sur la base de l’expertise de 11 500 comptabilités régionales.

Et demain ?

Quelle que soit la production, la capacité d’adaptation des exploitations repose sur « un retour aux fondamentaux » explique Bastien Bernard : connaitre son exploitation, avoir une stratégie d’entreprise, revenir aux bases de l’agronomie, de l’élevage et aller vers plus de technicité et professionnalisme. « Il faut sortir de sa bulle et savoir saisir les opportunités » poursuit-il. En céréales par exemple cela suppose une plus grande rigueur de gestion et de l’anticipation avec la mise en place d’une épargne de précaution. En viande les leviers résident dans la maîtrise des charges, le raisonnement des investissements, une écoute et une adaptation au marché. En lait, maîtrises technique et économique sont de mise. Quant à la filière ovine, sa réussite est de trouver des brebis qui répondent à la fois à un enjeu environnemental et économique. La grande inconnue porte sur l’évolution de la production porcine dans le Puy-de-Dôme dont l’amélioration annoncée pour 2014 a été stoppée nette par l’embargo russe. Quel avenir pour cette filière en Auvergne ?

C.R

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