Régionales : à qui va profiter le contexte particulier de ce scrutin ?
À quelques jours du premier tour, analyse des forces en présence sur l’échiquier cantalien pour ce scrutin singulier à bien des égards avec la fusion de l’Auvergne et de Rhône-Alpes.
C’est dans un contexte totalement inédit qu’auront lieu les 6 et 13 décembre les élections régionales. Inédit de par le positionnement de ce scrutin dans le calendrier, mais surtout inédit de par le périmètre de ces nouvelles collectivités issues de la fusion des 22 Régions pré-existantes. Inédit enfin par un environnement national post-traumatique et sécuritaire après les attentats du 13 novembre. Autant d’éléments qui interrogent sur la participation dimanche, au premier tour : assistera-t-on à un sursaut citoyen et patriotique comme une réponse aux fossoyeurs de la liberté chère aux héritiers de 1789 ? Ou l’indifférence voire l’incompréhension face aux enjeux, compétences et à la gouvernance de ces nouvelles super-Régions prendront-elles le dessus ? En 2010, le débat régional, alors encore contenu au périmètre auvergnat, n’avait pas passionné avec une chute de dix points de la participation par rapport au scrutin de 2004 (50,24 % en Auvergne, guère plus dans le Cantal avec 51,26 %).
Sursaut citoyen ?
Qui tirera le plus son épingle du jeu de cette nouvelle donne singulière ? La réponse dépend grandement de l’angle d’approche des électeurs : a priori, ces derniers devraient privilégier des considérations locales. Avec, pour le Cantal, des attentes fortes en matière de désenclavement, de soutien à l’économie mais aussi de prise en compte des spécificités de ce territoire excentré du grand Lyon. Dans cette hypothèse, les Cantaliens, dont on connaît l’attachement majoritaire à droite, pourraient être tentés de donner un sérieux avantage à l’omniprésent maire du Puy : un Laurent Wauquiez très offensif qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’il est la seule tête de liste régionale auvergnate. Et ce d’autant plus que le candidat Les Républicains, pas avare de déplacements dans le Cantal, s’est positionné en porte-étendard d’une ruralité et d’une agriculture qui se sentent plus que jamais oubliées. Sera-ce suffisant pour contrer l’ascension de la liste Front national emmenée par un candidat certes moins médiatisé (Christophe Boudot) mais qui pourrait profiter de l’inquiétude née de la barbarie djihadiste, de l’intensification des flux migratoires et d’une situation économique qui tarde à redonner des perspectives aux entreprises et salariés ? Sans compter une crise agricole qui n’en finit plus. La gestion gouvernementale des attentats, quasi unanimement saluée de l’échiquier politique, pourrait profiter à la liste d’union de gauche portée par Jean-Jacques Queyranne (PS), président sortant de la Région Rhône-Alpes, à condition que cet élan perdure... Quant à la prime aux sortants, difficile pour le Rhônalpin de la faire valoir dans le Cantal.
Une gauche constellée
Dans le Cantal, où la liste UMP emmenée en 2010 par Alain Marleix avait devancé de dix points celle de René Souchon au premier tour (41,93 % vs 31,99 %) , la liste Wauquiez, associée aux centristes, devrait être aidée par la division des forces de gauche. Ici, la liste Queyranne doit en effet composer sans le ralliement des radicaux du PRG, avec la concurrence des communistes qui font liste autonome, celle d’Europe écologie les Verts en trio avec le Parti de gauche et Nouvelle donne, et enfin, Lutte ouvrière. À droite, la liste Les Républicains-UDI n’a pas reçu le soutien du Modem mais ne devrait guère être affaiblie par l’UPR ni Debout la France, malgré une campagne menée tambours battants par l’inépuisable François Vermande. En revanche, elle devra compter avec la montée du Front national qui pourrait venir jouer les arbitres au second tour.
Le mode de scrutin n’est pas changé : il s’agit d’un scrutin proportionnel à deux tours avec prime majoritaire. Au premier tour, peuvent se maintenir les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages exprimés.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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