Radon, un hôte radioactif à la maison
Du fait de sa géologie, le Cantal est particulièrement exposé au risque de concentration du radon dans les habitations, un gaz radioactif cancérigène.
Incolore, inodore et invisible, c’est un danger sournois qui s’immisce dans les habitations des Cantaliens et de 30 autres départements français(1), exposés eux aussi au risque du radon, un gaz radioactif présent naturellement dans les sols et l’atmosphère. Issu de la désintégration du radium et du thorium présents dans les roches granitiques et volcaniques, le radon est la principale composante de radioactivité naturelle de l’environnement et la deuxième source d’exposition aux rayonnements ionisants après les expositions médicales. Mais contrairement à des gaz toxiques comme le monoxyde de carbone, la dangerosité du radon ne s’exerce que sur la durée, après une exposition à des rayonnements ionisants alpha pendant des dizaines d’années. L’Auvergne, du fait de son sous-sol granitique, est particulièrement exposée. “À l’air libre, le radon ne représente aucun danger, le risque vient de son accumulation dans les bâtiments où il peut atteindre des concentrations problématiques qui peuvent aussi être renforcées par d’autres facteurs comme les caractéristiques de la construction et les conditions d’aération du logement”, explique Marie Lacassagne, de la délégation cantalienne de l’ARS(2) Auvergne- Rhône-Alpes.
Obligation d’information des bailleurs ou vendeurs
L’exposition régulière, pendant de nombreuses années, à des concentrations élevées peut en effet entraîner des cancers du poumon, après les mutations génétiques induites par l’irradiation des bronches par les descendants solides du radon fixés aux poussières atmosphériques et inhalés. Ainsi, résider pendant 30 ans dans une habitation où la concentration moyenne annuelle en radon dans l’air inhalé se situe entre 400 et 1 000 Bq/m3 exposerait au même risque que celui encouru par les mineurs et fumeurs passifs. Pour une concentration entre 1 000 et 5 000 Bq/m3, le risque équivaut à celui d’un fumeur de plusieurs cigarettes quotidiennes. “On estime que 5 à 12 % des décès annuels par cancer du poumon en France sont liés au radon”, précise Marie Lacassagne. Et le risque est démultiplié pour un fumeur résidant dans une habitation exposée. Dans le Cantal, la moyenne de concentration dans les habitations atteint 160 Bq/m3 contre 90 en France. Si ce chiffre peut paraître faible au regard des précédentes concentrations évoquées, l’ARS met en garde : “L’OMS (Organisation mondiale de la santé) préconise moins de 100 Bq/m3 et s’agissant d’un risque cancérigène, il n’y a pas d’effet seuil. Plus on est bas, mieux c’est.” Une concentration moyenne qui masque des expositions très disparates avec par endroits des mesures à 1 800 Bq/m3 Cette concentration vaut au Cantal et aux 30 autres départements concernés une réglementation spécifique pour certains établissements recevant du public : écoles, établissements médico-sociaux, prison... sont ainsi tenus, au-delà d’une concentration de plus de 400 Bq/m3, de réaliser des actions. Pour les particuliers, la loi prévoit qu’au 1er juillet 2017 au plus tard, l’état des risques naturels, miniers et technologiques que doit fournir le bailleur ou vendeur d’un bien immobilier intègre une information sur le risque d’exposition au radon. Pas de panique, le vendeur ne sera pas tenu de réaliser des mesures mais devra informer du niveau d’aléa radon de la commune (1, 2 ou 3), sur la base des données de l’IRNS, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Étanchéifier, ventiler et aérer
Face à ce risque, nul besoin de déménager : deux leviers sont à combiner. “Empêcher le radon d’entrer en étanchéifiant au mieux le sol, en colmatant les fissures ou micro-fissures”, préconise Marie Lacassagne, qui recommande les vides sanitaires ventilés, les dalles bétons en lieu et place des caves en terres battues. Parallèlement, il convient de ventiler au maximum et en permanence son habitation (VMC ou autre) et d’aérer régulièrement (ouvrir les fenêtres deux fois par jour pendant 10 mn même en hiver). Des recommandations que l’ARS délivre depuis 2012 dans le cadre de campagnes de sensibilisation qu’elle conduit en lien avec le CPIE de Haute-Auvergne chaque année sur un territoire différent du Cantal (lire ci-dessous). “On essaie de sensibiliser les particuliers à ce risque qui reste encore trop méconnu du grand public”, regrette Marie Lacassagne, qui projette également des actions en direction des artisans via la FFB 15 et des futurs professionnels, à savoir les apprentis du CFA de Massiac.
(1) Départements d’Auvergne, mais aussi la Loire, le Rhône, la Saône-et-Loire, l’Ardèche, les Savoie, la Corse, la pointe bretonne, le Jura, les Hautes-Pyrénées ou encore l’Ariège. (2) Agence régionale de santé.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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