Quand les harkis replantaient la forêt lozérienne
Dans les années soixante, des harkis rapatriés d'Algérie ont participé à la replantation d'une partie des forêts de Lozère. Une histoire méconnue qui a ressurgi il y a dix ans à la faveur d'une exposition à Pourcharesses et dont subsistent peu de traces.
1962 : au lendemain de la signature des accords d'Evian accordant l'indépendance, les harkis, combattants civils partisans de l'Algérie française, sont nombreux à fuir leur pays d'origine. Rapatriés en catastrophe avec leurs familles dans les ports de la façade méditerranéenne, ils sont, dans un premier temps, envoyés dans des camps. Des « centres de transit » comme Saint-Maurice-l'Ardoise, en Ardèche, ou celui du Larzac qui verra passer près de 8 000 harkis durant l'été 1962. Face à une situation intenable, l'État décide de les transférer dans de multiples camps plus petits, dans des cités d'accueil au nord de Marseille et en zones rurales. Dans les communes les plus reculées du Massif central comme des Alpes sont créés des camps de forestage.
Une manière d'isoler ces nouveaux venus du reste de la population française et de les affecter à des travaux forestiers, encadrés par des officiers du ministère des rapatriés. Pour leur labeur, les harkis reçoivent chaque jour 15 anciens francs et sont couverts par la Sécurité sociale.
En Lozère, de 1963 à 1967, sept hameaux forestiers seront créés, habités chacun par 25 familles. Mende, La Loubière (Chadenet), Cultures (Chanac), Cassagnas, Meyrueis, Saint-Étienne-du-Valdonnez ainsi qu'un double camp à Villefort-Pourcharesses.